La visite du ministre irakien des Affaires étrangères à Moscou pour s'entretenir avec de hauts responsables russes et la volonté de Moscou de renforcer la coopération économique et militaire avec l'Irak pourraient être considérées comme des mesures intelligentes de la part du Kremlin pour s'attribuer plus de parts des marchés économique, énergétique et d'armement de l’Irak... au détriment de l'Amérique..
Les deux plus grandes compagnies pétrolières russes, Lukoil et Gazprom, ont entamé des relations énergétiques avec l’Irak en 2012 avec la signature de contrats pétroliers avec le gouvernement autonome kurde en Irak.
En dépit de l'opposition flagrante de Bagdad à certains contrats pétroliers des entreprises russes avec Erbil en 2017, la compagnie Russia Oil a signé un contrat de 3,5 milliards de dollars avec la région du Kurdistan irakien pour développer les exportations de pétrole de la région vers la Turquie.
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Sur le plan militaire, Moscou et Bagdad ont signé en 2015 un gros contrat de 4 milliards et 200 millions de dollars pour la vente des 40 hélicoptères de combat avancés russes « MI 35 » et « MI 28 » appelés « Night Hunter » et cela en plein combat de l’Irak avec Daech, mais les Irakiens n'ont pu en recevoir que quatre.
Pendant ce temps, les États-Unis empêchent l’Irak d’acheter de systèmes de défense avancés et de radars à la Russie, y compris les S300 et S400, politique qui a suscité des protestations de membres du Parlement irakien.
Les experts de l’Irak estiment que l'accès de Bagdad aux systèmes de défense anti-missile russes restreint la liberté d'action américaine dans le ciel irakien, et rapproche le pays des Russes militairement parlant, ce qui évidemment n'irait pas arranger les troupes US déjà largement sous pression par la Résistance. Or cependant, la visite du ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein en Russie ouvre une brèche.
Or la Russie a choisi bien son moment : une Amérique divisée et en transition ne saurait reprocher aux Russes de vouloir livrer des S-400 à l'Irak ni de chercher à élargir sa présence dans le secteur de l'énergie. Certains disent mêmes que le moment a été choisi en concertation avec la Résistance irakienne avec qui Moscou entretient des relations de plus en plus profondes. Ces liens continuent à réconforter la place de la Russie sur la scène irakienne surtout que le comité quadripartie anti terroriste composé de la Russie, de l'Iran de l'Irak et de la Syrie n'a été aussi actif qu'aujourd'hui et ce, en faveur d'une Amérique qui fait bien profile bas.
Dans le secteur économique, la Russie tente de renforcer sa présence sur le marché irakien, en particulier dans les secteurs de l' Énergie et du Commerce, et d'en gagner une plus grande part. L’élargissement de la coopération énergétique et commerciale est d'ailleurs l’un des principaux axes à suivre lors des négociations des deux parties, d’autant plus que les ministres irakiens du Pétrole et du Commerce accompagnent le ministre des Affaires étrangères d’Irak dans ce voyage Signe des temps, L'Irak et la Russie ont également la signature des 14 mémorandums d'accord sur la coopération économique et leur mise en œuvre à leur ordre du jour, ce qui montre la détermination des deux pays à renforcer davantage leurs relations économiques et commerciales. Cela s'appelle entrer en Irak par la grande porte!