Le chamboulement de la vie politique à Washington et partant, les tentatives successives de coup d'Etat inter-clanique et ce sur fond d'une guerre des sécessions qui s'étend de jour en jour, ne devrait guère empêcher l'observateur averti de se souvenir que tout ceci a un certain rapport avec l'émergence d'une alliance que BBC qualifie de duo Dragon-Lion. Ce pacte stratégique Chine-Iran dont la perspective aurait poussé les États-Unis à sacrifier le pion Trump, à y placer un Biden qui ne cesse de faire miroiter la perspective d'un retour US au PGAC et ce, dans l'objectif de bousiller la puissance balistique iranienne, a des manifestations qui ne trompent pas. Début octobre les médias allemands ont annoncé la tenue d'un exercice nucléaire secret sur le sol allemand qui se serait déroulé à la base aérienne de Northwich, dans l'État allemand de Rhénanie du Nord-Westphalie.
À cet exercice que prenait part l'armée de l'air allemande, des chasseurs pouvaient être équipés de bombes atomiques en situation de guerre. Le magazine Stern est allé même jusqu'à qualifier la manœuvre de reprise de la guerre froide. Selon des renseignements russes et chinois, la perspective d'un recours des USA aux "petites bombes atomiques" en cas de guerre n'est plus à écarter, des formes classiques de confrontation coûtant beaucoup trop chère à une Amérique finissante. Mardi 17 octobre, la Chine a affirmé s'être préparée à riposter en cas d'attaque nucléaire sur son sol et elle a exposé sous les yeux du monde un réseau de silos à missiles particulièrement semblable à ceux déjà vus en Iran.
« Ces défenses - qui comprenaient un vaste réseau de tunnels pour transporter et protéger les missiles - signifient que la sécurité de la Chine est garantie même dans le pire des scénarios », a déclaré Wang Xiangsui, qui travaille maintenant comme professeur à Pékin. « Lancer des frappes nucléaires contre la Chine a toujours été une option militaire pour les États-Unis. Mais pour cette option, ils sont confrontés à des incertitudes croissantes en raison de notre ajustement et des changements au cours des 20 dernières années », a déclaré Wang lors d'une réunion à huis clos le mois dernier.
Wang a déclaré que certaines évaluations américaines affirmaient qu'une "seule ogive nucléaire chinoise" serait capable de survivre à une première frappe américaine et d'atteindre le sol américain lors d'une contre-attaque. Or la Chine a pris une série de mesures au fil des ans pour établir une capacité de « seconde frappe » crédible pour répondre à une attaque nucléaire américaine.
Cité par Tasnim News de 5 juillet, le commandant en chef de la marine du CGRI, l'amiral Tanghsiri avait annoncé que les militaires iraniens avaient installé un réseau de silos à missiles antiaériens le long de la côte des golfes Persique et d’Oman, réseaux allant jusqu'aux profondeurs de la mer : « Nos ennemis savent que l’armée et le Corps des gardiens de la Révolution islamique disposent de villes souterraines de missiles situées tout au long de la côte du golfe Persique et d’Oman. Mais ils n’ont pas d’informations détaillées. 428 unités de marine fortes de plus de 23 000 hommes sont déployés le long de la frontière maritime méridionale de 2 200 km. Ce sont des forces qui sont présentes partout dans le golfe Persique et au-delà comme une «cauchemar» pour les ennemis », avait indiqué le commandant.
Et bien les réseaux de silos à missiles sous-terrains et sous-marins dont la Chine vient de dévoiler l'existence renvoient à cette même logique.
« Ces réseaux ont tracé une ligne de fond pour la confrontation sino-américaine - qu'il est peu probable que la confrontation devienne une invasion massive, ce qui est une base importante [de calcul pour les deux parties] », estiment les médias spécialisés chinois en allusion à ces réseaux balistiques qui tout comme les silos à missiles iraniens participent au renforcement des capacités A2/AD chinois.
La Chine s'est engagée à ne pas utiliser d'armes nucléaires comme première option lors d’une attaque et on pense qu'elle détient de 200 ou 300 ogives nucléaires. Selon les médias chinois, l'armée chinoise a terminé le creusement d'un gigantesque tunnel de 5 000 kilomètres de long destiné à abriter ses missiles nucléaires. Il est à préciser que sa profondeur peut atteindre 1 000 mètres. Il se situerait dans les zones montagneuses du nord du pays. Le parallélisme se fait naturellement avec l'Iran et ses tactiques militaires de dissuasion.
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Le South China Morning Post a rapporté la semaine dernière que Wang Xiangsui avait déclaré qu'un missile balistique à moyenne portée DF-26B (IRBM) et un missile balistique à moyenne portée DF-21D (MRBM) avait heurté le navire cible alors qu'il naviguait près de la chaîne de l'île Paracel pendant l'exercice d'août.
« Nous avons lancé les DF-21 et DF-26, et les missiles ont touché un navire naviguant au sud des îles Paracel », s’est félicité Wang lors d'un rassemblement à huis clos dans la province chinoise du Zhejiang en octobre, selon le South China Morning Post. Peu de temps après, un attaché militaire américain à Genève [Suisse] s'est plaint et a déclaré que cela entraînerait de graves conséquences si les missiles frappaient un porte-avions américain.« Ils voient cela comme une démonstration de force. Mais nous faisons cela à cause de leur provocation », a-t-il indiqué.
On ne sait toujours pas exactement combien de missiles l'armée chinoise a tiré pendant l'exercice du 26 août. Le gouvernement américain avait estimé leur nombre à quatre. Le DF-26B et le DF-21D sont tous deux considérés comme ayant des véhicules de rentrée de manœuvre capables au moins de frapper de gros navires, tels que des porte-avions ou de grands navires d'assaut amphibies. Le DF-21D a une portée maximale de plus de 932 miles (1 500 kilomètres), selon le Pentagone, tandis que les missiles de la série DF-26 peuvent frapper des cibles jusqu'à 2 500 miles.
Guam serait une cible importante pour les forces chinoises lors de tout conflit à grande échelle. Située à 3 400 km environ au sud-est de Pyongyang, l'île de Guam compte 163 000 habitants et abrite une base militaire américaine avec un escadron de sous-marins, une base aérienne et un groupe de garde-côtes.
Ce sont des évolutions qui n'échappent évidemment pas à l'Iran dont les forces rognent les freins pour en découdre avec les USA et leur présence militaire dans le Moyen-Orient. De plus en plus d'experts parviennent à voir à travers cet entrecroisement de la stratégie militaire et des tactiques entre l'Iran et la Chine, la réalisation avant l'heure du volet militaire de l'accord Dragon-Lion.