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Irak : les voix s’élèvent contre l’infiltration saoudienne

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane. (Archives)

L’attention accordée par des Saoudiens au désert d’al-Samawa situé dans la province d’al-Muthanna en Irak est étrange parce que le royaume lui-même possède de vastes étendues désertiques. L'insistance de la partie saoudienne pour y investir soulève beaucoup d’interrogations. En effet, c'est dans ce contexte que les cheikhs de Karbala ont dénoncé samedi la « tentative de colonisation » des terres irakiennes par l'Arabie saoudite qui prétend y ériger des projets d’investissement économique. Par ailleurs, le producteur de pétrole qu’est l’Irak ne cesse de doubler l’Arabie saoudite.

Une délégation officielle saoudienne a entamé dimanche une visite diplomatique en Irak, dirigée par le ministre saoudien de l'Environnement, de l'Eau et de l'Agriculture, Abdulrahman al-Fadhli, selon l'agence de presse saoudienne (SPA).

La délégation comprend le ministre de l'Industrie et des Ressources minérales, Bandar ben Ibrahim al-Khorayef, le gouverneur de l'autorité monétaire saoudienne, Ahmed ben Abdulkarim al-Kholifey, et le gouverneur de l'autorité générale du commerce extérieur Abdulrahman ben Ahmed al-Harbi.

La visite intervient juste avant le 4e Conseil annuel de coordination saoudo-irakien et une prochaine réunion entre le prince héritier Mohammed ben Salmane et le Premier ministre Mustafa al-Kazami.

Citée par une source bien informée, le site d'information irakien Baghdad Today a rapporté qu’une délégation ministérielle saoudienne était arrivée le dimanche 8 novembre à Bagdad pour prendre part aux réunions du Comité de coordination saoudo-irakien.

La visite de la délégation saoudienne à Bagdad intervient alors que divers milieux irakiens ont exprimé au cours des deux dernières semaines leurs inquiétudes quant aux informations selon lesquelles le royaume saoudien cherche à s'emparer de millions d'hectares de déserts dans des provinces d'al-Anbar, Najaf, Muthanna et Bassora.

Des voix se sont élevées contre les répercussions économiques, politiques, sécuritaires et religieuses du plan d’investissement saoudien dans ces quatre gouvernorats irakiens. Le 14 octobre dernier, un comité de coordination conjoint a révélé que l'Arabie saoudite était impatiente de porter les investissements en Irak à 10 milliards de rials (2,6 milliards de dollars), appelant à l'importance d'accélérer la formation du conseil d'entreprise conjoint et de faciliter le travail des entreprises saoudiennes et du secteur privé, à un moment où l'Irak mettait en avant un portefeuille d'investissement de 6 mille projets d'une valeur de 100 milliards de dollars. Un argent désintéressé? 

 

« L'arrivée de la délégation a coincidé avec la mort de 11 effectifs des forces armées dans une attaque de Daech », a constaté un analyste. En effet, onze personnes, dont des membres des forces armées, ont été tuées dimanche soir, lors d'une attaque du groupe terroriste Daech contre une tour de guet érigée à l'entrée ouest de Bagdad, selon les informations de sources sécuritaires. L'attaque avait commencé par « des tirs de grenades sur la tour de contrôle des forces tribales par des éléments de Daech » et ce, dans la pure tradition des daechistes. Les observateurs ont aussi relevé que cette attaque coincidait aussi avec une autre évolution : Pour éviter des infiltrations, les Hachd al-Chaabi ont mis en place un fossé et un talus stratégique entre le poste frontière saoudien Arar et la ville irakienne d’al-Nukhayb. Dimanche, les Hachd al-Chaabi ont annoncé dans un communiqué avoir commencé à établir un talus stratégique à la frontière irako-saoudienne, afin de renforcer la sécurité et combler toute lacune sécuritaire de l’ouest de l’Irak.  

 Nukhayb est située sur un croisement routier important dans la région. Certaines routes descendent au sud vers l'Arabie saoudite, une route s'oriente au nord-ouest pour aboutir sur la route qui fait le lien entre Ramadi et la Jordanie, et une route s'oriente vers le nord-est en direction de Karbala. Nukhayb est la dernière ville irakienne avant d'arriver en Arabie saoudite pour les pèlerins qui vont effectuer leur pèlerinage à La Mecque. Ce projet est l'une des actions stratégiques menées par la 26e brigade des Hachd al-Chaabi, qui vise à couper la communication entre ces groupes terroristes au désert occidental et à mettre fin à la possibilité de leur communication avec le désert du centre et du sud, et c'est l'une des barrières de sécurité la plus importante mise en place en Irak.

C'est un signe, Riyad aura du mal à convaincre les Irakiens que ses investissements vont profiter aux Irakiens et non pas aux terroristes daechistes qu'il finance depuis des années contre l'Irak.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV