Ce que le général Ali Mamlouk, conseiller pour la sécurité du président Assad a lancé aux émissaires de Donald Trump dans son bureau à Damas le 13 octobre, comme quoi une mise en liberté de quelques 500 agents des services secrets US, retenus en Syrie, demandait au préalable que les Américains lâchent le pétrole de l’est de l’Euphrate et qu’ils se retirent d’al-Tanf, quitte à laisser l’État syrien s’occuper d’Israël et de ses raids contre le territoire syrien a été à vrai dire, un avertissement. Ce n’était ni une échelle courte tendue aux Américains ni une "porte verte" que ferait miroiter Assad à l’adresse de l’occupant : à preuve, une dizaine de jours après les révélations apportées par le journal syrien d’al Watan à ce sujet, on assiste non seulement à une nette montée en puissance des attaques armées contre les convois militaires des Yankee, mais encore à des opérations commandos à l’intérieur des bases de campement américains, opérations suivies de « liquidations ciblées ».
Jeudi une vidéo publiée par les FDS mettait en scène des « assaillants armés » ayant pénétré une base américaine non loin d’Al Waleed, ce point de passage obligé de tout convoi de contrebande de pétrole syrien. Les FDS ont évidemment parlé de la neutralisation de l’attaque, mais vu l’action croissante des tribus anti-américaines de la rive est qui agissent en parfaitement synergie avec l’armée syrienne et ses alliés de la Résistance, la prétention des FDS demande à être vérifiée.
Vendredi 30 octobre, une nouvelle attaque anti-US a eu lieu, là encore visant les forces US et leurs mercenaires des FDS. Imitant la rhétorique médiatique des USA quand leurs forces sont visées et qu’ils n’osent pas le reconnaître , SANA a affirmé que « des individus armés à l’identité inconnue » avaient ouvert le feu sur un poste de contrôle des éléments US/FDS, érigé dans la ville de Markada, à Hassaké et tué l’un des « gardiens ». Presque simultanément, des sources locales basées à Hassaké, faisaient état de explosion d’une bombe au passage d’un convoi militaire US/FDS dans le sud de Hassaké . Évidemment dans toutes ces informations, les FDS sont interdites de citer ne serait-ce que de façon allusive, les pertes américaines, mais au train où vont les événements, ce genre de cachotterie ne saurait perdurer. Ce samedi toujours, à Hajjin, ville tristement célébre pour avoir été bombardé au phosphore blanc par les Américains entre 2018-2019 et située entre Deir ez Zor et Abou Kamal, haut lieu de la Résistance, une bombe a explosé au passage des Américains.
Mais ces deux derniers jours, les choses n’en sont pas restées à des actes anti-US isolés : vendredi, les sources locales ont fait état pour la première fois du ciblage direct des réseaux US/Israël/Turquie de contrebande du pétrole syrien, réseaux dont Pompeo a eu le culot de reconnaître l’existence fin août lors d’une audition devant le sénat. Il a même lancé le nom de la société d’écran US Crescent Energy Service, société qui a un contrat avec la CIA et qui est enregistrée au paradis fiscal du Delaware en Louisiane.
Selon SANA, « des hommes armés à l’ identité inconnue » ont décapité ce réseau en éliminant le « principale responsable de la contrebande de brut provenant des champs pétrolifères de la province de Deir ez-Zor, dans l'est de la Syrie ».
« Le milicien, répondant au nom de Khalid Khalif al-Hammadi, mais mieux connu sous le nom de guerre Abu al-Walid, a été abattu dans la cité d'al-Sabha le jeudi, 29 octobre dans après-midi. Ses deux frères ont été également grièvement blessés par balle. Hammadi (qui pourrait n’avoir d’arabe et de syrien qu’un nom d’emprunt, NDLR) était responsable de la Deir ez-Zor Fuel Authority au sein du soi-disant Conseil civil de Deir ez-Zor. Signe d’un changement radical de la situation, le développement a eu lieu quelques jours seulement après que l’armée américaine a envoyé des dizaines de camions-citernes pour faire passer du pétrole brut de la province de Hassaké au nord-est de la Syrie vers l’ouest de l’Irak,un convoi de 37 pétroliers qui a transité la ville syrienne d’al-Yaarubiyah où l’Amérique dit avoir érigé une nouvelle base.
La tension bat désormais plein entre l’armée syrienne et la Résistance d’une part et les pilleurs US de l’autre, qui après avoir longtemps trafiqué le pétrole risquent d’en payer le prix fort. Au fait, cette histoire du pétrole qui sert d’écran à la volonté US de couper la prolongation géographique entre l’Irak et la Syrie va de pair avec la situation instable des Américains à al-Tanf autour de qui l’étau ne cesse de se resserrer. Il y a peu, la Résistance est-syrienne promettait dans une vidéo une attaque au missile d’en envergure contre la base d’al-Tanf. Qu’Assad parle de cette base aux Américains, c’est encore un avertissement plus qu’un préalable à un quelconque deal. Dans un rapport particulièrement alarmant, Seth Frantzman, experts sioniste dresse un tableau parfaitement apocalyptique d’une campagne de guerre dans la guerre US/Israël en Syrie qui a fini en queue de poisson.
Il dit : « Alors que des milliers de frappes israéliennes contre la Syrie n’a fait qu’ancrer davantage les alliés iraniens et du Hezbollah de Damas en Syrie… Assad demande la restitution d’al-Tanf et le retrait des troupes américaines. Or Cette base stratégique près de la frontière jordanienne et irakienne est une empreinte d’influence américaine dont Assad et ses alliés projettent de supprimer quel qu’il en soit le prix…La fenêtre se fermera-t-elle sur l’espace aérien syrien ouvert aux frappes aériennes d’Israël? Certes, la Syrie a un long chemin à parcourir à cet égard, mais il a « l’axe de la Résistance » à ses côtés, axe qui agit désormais et en dépit d’Israël et des États-Unis en toute liberté entre Abou Kamal, T-4 et Damas. Ce triangle choc qui va jusqu’au Golan, à la base T-4 en passant par Abou Kamal, est au centre de nos préoccupations. La levée de la loi César et le retrait d’al-Tanf qu’a évoqués Assad aux émissaires de Trump renvoient à un double échec. Si la campagne entre les guerres a été conçue pour dissuader ou supprimer le retranchement du Hezbollah, comme l’ont dit plusieurs ministres israéliens, cela ne s’est pas produit. Quant au pétrole, la guerilla qui gagne du terrain sur l’est de l’Euphrate prouve que le maintien de nos forces et sites est quasi impossible ».