Si la Turquie emploie ses F-16 dans le Haut- Karabakh, l’Arménie n’aura d’autre choix que de recourir à tout son arsenal, y compris aux missiles Iskander dont est doté son armée depuis 2016, d’après les déclarations de l’ambassadeur arménien en Russie. Cette menace devrait être prise particulièrement au sérieux par le camp d'en face, à savoir la Turquie, puisque ce n'est plus seulement la voix d'Erevan, mais aussi celle de Moscou et de ses alliés.
Après avoir tenté d'enliser la Russie (et partant la Syrie et la Résistance, NDLR) à Idlib, puis en Libye, la Turquie otanienne, partie par la quelle la guerre au Levant a commencé, se tourne vers le Caucase, l'objectif dicté par les officines US étant très clairement d'embraser les frontières de la Russie, de la Chine et pourquoi pas de l'Iran.
Le Lundi 29 septembre, le commandant en chef des garde-frontières iraniens, le général Ghassem Rezaei, a très clairement mis en garde Erevan et Bakou contre toute atteinte visant le territoire iranien, façon de faire comprendre au scénariste US que son jeu est bien décanté : défaits au Moyen-Orient et craintifs à l'idée d'en être chassé bientôt par l'Iran, la Chine et la Russie, Washington aimerait bien voir le Sultan refaire le coup "syrien" et "libyen" au Caucase, région avec qui l'Iran, la Russie et la Chine partagent des frontières.
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Les déclarations de cette autorité arménienne sur le recours au missile Iskandar si Ankara utilise des avions F-16 dans le Haut- Karabakh interviennent alors que les médias rapportaient la poursuite du conflit entre l'Arménie et la République d'Azerbaïdjan. La reprise des affrontements frontaliers dans la zone contestée du Haut-Karabakh a commencé dimanche matin, après l'appel étrange des ambassades US à Erevan et à Bakou lesquelles ont demandé demandé aux ressortissants américains de ne pas se rendre dans la zone contestée. Signe que le scénario est bien prémédité.
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Les Républiques d'Azerbaïdjan et d'Arménie, deux républiques indépendantes de l'Union soviétique, sont impliquées dans un conflit militaire depuis 1992 à la suite de l'occupation arménienne du Haut-Karabakh et de la déclaration d'autonomie et les efforts déployés pour résoudre le conflit du Haut-Karabakh par le biais du Groupe de Minsk de l'OSCE sont restés jusque-là stériles, le groupe de Minsk ayant attisé plutôt les tensions.
Des observateurs politiques font relever deux coïncidences : le début de ce conflit se superpose à l'échec de la tentative US de faire une percée dans l'arrière-cour de la Russie, en Biélorusse. Mais il y a une autre coïncidence encore plus étrange, la tenue juste avant de ce conflit d'un vaste exercice baptisée Caucase 2020 qui a l'air d'une "alliance militaire à naître".
L’exercice militaire « Caucase 2020 » se déroule aux frontières sud de la Russie avec la participation de 6 pays: la Chine, la Russie, l'Iran, le Pakistan, la Biélorussie et l'Arménie ; sur terre, dans l’air et en mer. Il s'agit d'un exercice qui est important à plusieurs égards : Des participants s'opposent d'une manière ou d'une autre aux politiques américaines, quitte à défier les USA et leurs alliés occidentaux. Puis la plupart des pays participant à cet exercice sont des puissances militaires de l'Est ;
Sur la participation de l'Iran avec des puissances telles que la Chine et la Russie à un exercice militaire au niveau stratégique, le message est clair : ainsi que l'a laissé paraître l'engagement iranien aux côtés de la Chine, et ce, dans le cadre de leur accord stratégique, l'Iran s'éloigne définitivement du bloc occidental puisque ceci est une garantie du maintien de sa souveraineté et de son indépendance ; Certains analystes sont d’avis que cet exercice témoigne d’une alliance militaro-sécuritaire non-déclarée entre l'Iran d'une part et la Chine, la Russie, le Pakistan et l'Arménie d'autre part, ce qui peut être totalement vrai.
La date à laquelle se déroule cet exercice militaire suscite également des interrogations : A l'approche de la présidentielle américaine où un aventurisme militaire de Trump n'est pas à écarter, et où ce dernier cherche à redorer son blason auprès de l’opinion publique dans une concurrence avec les démocrates, une guerre que ce soit contre l'Iran ou contre la Russie ou n'importe quel autre membre de cette coalition, ne laissera pas indifférents les autres. Bref, l'exercice "Caucase 2020" envoie le message suivant : les puissances du bloc de l’Est et leurs alliés se sont unies face aux menaces militaires américaines contre chacune d’entre elles ; La participation de l'Iran et du Pakistan en tant que deux pays militaires puissants du monde musulman, qui ces dernières années se sont rapprochés du bloc de l'Est et qui partagent le même point de vue sur de nombreux défis sur la scène internationale, est très importante et stratégique, d’autant plus que malgré des liens étroits avec l'Arabie saoudite, Islamabad ne s'est pas rangé du côté des Arabes du golfe Persique dans la guerre contre le Yémen et n'a pas établi de relations avec Israël.
Il s’est plutôt rangé du côté de l'Iran et il possède des armes nucléaires sans oublier que c’est est un allié stratégique de la Chine. The last but not the least, l’Azerbaïdjan et la Géorgie qui ces dernières années se sont éloignés du bloc de l'Est pour se rapprocher de l'Occident, n'ont pas participé à cet exercice. L'Iran et la Russie sont profondément préoccupés par l'influence de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) dans le Caucase et ils la considèrent comme une menace pour leurs sécurités nationales. La Géorgie et l'Azerbaïdjan, membres de l'OTAN, entretiennent des relations étroites avec les États membres de l'alliance militaire, la Géorgie, étant membre observateur de l'OTAN et l'Azerbaïdjan entretenant des relations étroites avec les États membres de cette même alliance militaire. Tout ceci pour dire que les flammes de la guerre au Caucase brûleront les doigts de ceux qui l'ont allumé .