Il est vrai que l'Iran est pionnier: premier pays à frapper une base US, premier pays à établir un corridor maritime anti sanctions US...et premier à faire couler un porte-avions?
En juillet 2020, quand le CGRI a lancé le vaste exercice Grand-Prophète 14, avec en toile de fond l'inauguration de plusieurs concepts de guerre asymétrique particulièrement innovent dont et surtout le "champ à missiles", soit ces cartouches propres à être enterrées n'importe où et à agir en mini base de missiles sans qu'elles soient localisables par l'armée de l'air ennemi, Forbes tout comme The National Interest ont choisi de se fixer uniquement sur cette fameuse réplique made in Iran de l'USS Nimitz, ramenée de Bandar Abbas sur les lieux de l'exercice, à l'effet de servir de cibles aux missiles de croisière iraniens tirés à partir de drones et d'hélicoptères de combat du CGRI.
Ces deux magazines particulièrement sensibles aux évolutions des capacités militaires iraniennes ont fait alors semblant de ne pas avoir compris ce que signifiait le succès des drones iraniens à cibler à coup de bombes intelligentes la passerelle de commandement d'un USS Nimitz, ni non plus l'encerclement de cette même réplique par des centaines de vedettes rapides iraniens, une fois impactés par les drones. Or cette feintise risque de ne plus pouvoir durer. Le 23 septembre, l'Iran a inauguré une méga base navale à l'est du détroit d'Homuz d'une superficie de 31 hectares dans la province stratégique de Hormozgan, base destinée à surveiller dans ses moindres détails le trafic de la flotte de guerre US et Cie dans le golfe Persique et en mer d'Oman. Cette base, le CGRL l'a dédiée visiblement à l'exploration des concepts de combat naval asymétrique le plus inouï qui soit :
« Les tentatives des États-Unis visant à former une nouvelle coalition contre la République islamique d’Iran ne datent pas d’aujourd’hui et n’a rien de nouveau. Toute tentative de ce type recevra une réponse "décisive" de la part de l'Iran aussi bien dans la région qu'ailleurs. La réponse à toute tentative américaine d'intercepter nos navires dans les eaux internationales, c'est ici, dans le golfe Persique que nous la donnerons. En ce sens, ce serait peut-être plus commode d'avoir sous nos mains des navires US », a averti le commandant en chef adjoint du CGRI, le général de brigade Ali Fadavi en allusion à l'arrivée le 18 septembre du porte-avions USS Nimitz et de son escorte dans le golfe Persique.
Et le général ne croit pas si bien dire : A Sirirk, les analystes militaires ont assisté mercredi à la livraison de 188 drones et hélicoptères à la force navale du CGRI mais aussi à l'apparition du concept d'attaques simultanées aéronavales ou en d'autres termes, d'attaques des nuées de drones et de vedettes rapides de façon simultanée. Et comment? Les images mettent en scène des drones de type Ababil-2 embarqués à bord des vedettes rapides de troisième, soit une combinaison particulièrement économique en termes de coût et efficaces en termes de capacités d'attaque puisque mariant les nuées de drones et de vedettes rapides!
Introduit dans les années 2000, l'Ababil-2, plus performant que sa version précédente, a été conçu pour lancer des opérations de reconnaissance. Ce drone peut être utilisé aussi bien pour tester les systèmes radar que comme une pseudo-cible avec pour mission de leurrer les unités de défense aérienne de l’ennemi. C'est un drone particulièrement maniable puisque capable d'être lancé depuis même de petites camionnettes! Son montage rapide et sa flexibilité font de lui une excellente arme en milieu marin et au sol, surtout qu'il est recyclable.
Or, lors de la cérémonie de la remise de drones à la marine du CGRI le 22 septembre, Ababil-2 était embarqué à bord des vedettes rapides, elles aussi pas trop coûteuses, signe que dans une scène de guerre, des nuées de centaines de vedettes rapides dotés d'autant de drones, s'en prendront à des cibles maritimes. Dans ce schéma, l'usage de ces drones pourrait même faire partie d’une doctrine anti-accès et anti-déni (A2/AD). Tandis qu'une partie de drones dans une nuée détectera des données, une autre partie lancera des opérations kamikazes. Une troisième partie saura, elle, submerger les radars des bâtiments ennemis, façon de baliser le chemin pour l'étape suivante. Une fois ce premier assaut accompli, la nouvelle génération de vedettes rapides qui sont plus grands que les modèles précédents, s'activera. Ce sont des bateaux acaptes de lancer des missiles de croisère antinavires, eux beaucoup plus précis et performants, ayant une puissance destructrice plus élevée. Bref, Forbes et The National Interest se régaleront d'un USS Nimitz faisant face à un Pearl Harbor à l'iranienne. Sauf que cette fois il ne s'agit plus d'une réplique mais d'un vrai porte -avions.