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Axe USA/Israël menacé au Levant : quand la Russie change de jeu

Visite du général Hatami à Moscou

Parmi les visites qu'a reçue dimanche le ministre russe de la Défense, le général Sergue Choïgou, à Moscou, celle du ministre iranien de la Défense, le général de brigade Amir Hatami, a été autrement significative: il y a bien sûre le dossier ultra médiatisé de l'achat des S-400 russe par l'Iran ou encore celle du renouvellement de la flotte de combat aérienne du pays qui ma fois et en dépit des sanctions drastiques US a de quoi faire peur aux ennemis de l'Iran. Mais au-delà de cet aspect purement militaire, l'Iran et la Russie voient leurs liens désormais d'un point de vue stratégique. C'est ainsi que le general Hatami a affirmé souhaiter une Russie forte pour  que le multilatéralisme ait un avenir, la Russie mais aussi la Chien ayant prouvé à quel point elles sont sérieuses dans leur soutien politique à l'Iran face à une Amérique que l'alliance Iran-Chine-Russie a réussi à isoler. 

Faisant référence à l'accord stratégique entre Téhéran et Moscou, le général Hatami a ainsi indiqué dimanche  que « cet accord a développé les coopérations mutuelles et favorisé l'achat d'équipements par l'Iran » sans oublier d'inclure ces futurs achats dans le contexte d'une entrée en jeu "golfien" d'Israël par Emirats interposés. 

Le général a qualifié d'«erreur stratégique » la normalisation des dirigeants des Émirats arabes unis avec le régime israélien et dit : «Les dirigeants des Émirats arabes unis ont commis des erreurs et la dernière en date permet au régime sioniste de pénétrer dans la région sensible du golfe Persique ». Sur ce point, la Russie ne peut qu'être d'accord avec l'Iran et ce, en dépit de ses liens avec le régime sioniste.

Pourquoi? Alors que Moscou s'impose désormais comme une puissance alternative à une Amérique aux abois au Moyen Orient, l'émergence du facteur "sioniste" ne fait que d'y tendre la situation, d'autant plus que l'accord Emirats-Israël est à vrai dire une tentative destinée à éviter une montée en puissance de la Russie non seulement dans le golfe Persique ou dans le détroit d'Hormuz mais encore en mer Rouge ou encore à Bab el-Mandeb. C'est l'Amérique qui compte agir à travers le duo Emirats-Israël comme il en a fait de même en Syrie. 

Dans un article publié sur le site web du think tank américain, Atlantic Council, le Dr Mark N. Katz, professeur de gouvernement et de politique à la Schar School of Policy and Government de l'université George Mason, revient sur le sujet  : "le gouvernement russe ne montrait aucun intérêt à coopérer avec les États-Unis pour rétablir les sanctions internationales contre l'Iran au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, et il résisterait à Washington pour faire obstacle au snapback comme il en a fait autant face à la résolution US visant une prolongation de l'embargo sur la vente d'armes à l'Iran".

L’auteur de l’article évoque trois principales raisons sur l’opposition de Moscou à un retour des sanctions contre l'Iran, raisons qui l'ont d'ailleurs motivé à dire non au maintien du blocus de l'Iran:

1- Le président américain Donald Trump a annoncé à la mi-novembre qu’il s’était opposé à renouveler le nouveau traité de réduction des armes stratégiques (New START), qui doit expirer en février 2021, ce qui a privé les USA d'un atout, préparant le terrain à de longues négociations russo-iraniennes alors même que la Russie affirme son droit de vendre des armes à l'Iran. Moscou a clairement indiqué il y a des mois qu’une fois que l'embargo des Nations unies sur les armes à Téhéran expirera en octobre, la Russie avait l'intention de reprendre la vente d'armes à l'Iran. Il n'est donc pas surprenant que Moscou ait réagi négativement à l'appel du secrétaire d'État américain Mike Pompeo demandant au Conseil de sécurité de l'ONU de prolonger l'embargo sur les armes et qu'il en fera probablement autant face à la perspective d'un recours au snapback.

2- L'Agence américaine de renseignement pour la défense a déclaré que les systèmes d'armes que la Russie pourrait vendre à l'Iran comprennent des avions de combat Su-30, des avions d'entraînement Yak-130 et des chars de combat principaux T-90. Téhéran serait également intéressé par l'achat de systèmes de défense aérienne S-400. Il s'agit de contrats sonnant et trébuchant mais au-delà ce sont des armements qui génèrent dans leur foulée des systèmes de défense " intégrés", "synergique" et coordonnés, soit ce qu'il faut pour des alliances militaires. En décembre 2019 la Russie a d'ailleurs participé dans un exercice naval conjoint avec l'Iran et la Chine et ce genre de contrat ne pourrait que faciliter cette perspective. 

3- Et puis en Syrie, la Russie a à plus d'une reprise dû avaler des couleuvres face à Israël et dans une certaine mesure, face à l'Arabie saoudite. Le Kremlin peut considérer la vente d'armes à l'Iran comme un moyen de punir Tel-Aviv pour l'avoir défié sans cesse au Levant. Idem pour Riyad et sa bataille pétrolière contre les Russes qui pourrait être vengée par un renforcement du potentiel militaire iranien". 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV