De retour d'une tournée au Moyen-Orient à la mi-juillet, le commandant en chef du CentCom, le général McKenzie avait prétendu que Bagdad était résolu à restreindre les activités anti-américaines de la Résistance, leurs frappes consécutives sur les positions de l’armée US entre autres. Il voulait dire par là que la loi du Parlement, votée en janvier et qui réclame le retrait des troupes US à titre de danger pour la sécurité nationale irakienne, resterait lettre morte puisque les USA le souhaitent ainsi.
Mais le haut gradé US s'est bien trompé, comme il se trompe, s'il croit que le PM Kazemi, qui partira cette semaine aux USA et qui sera accueilli à la Maison-Blanche, finirait par jouer la partition américaine, quitte à se mettre sur le dos des millions d'Irakiens. Dans la nuit de lundi à mardi, et pour la première fois que les troupes US se trouvent en Irak, une base militaire américaine située au point de passage de Jerishan à la frontière irako-koweïtienne a été frappée. Il s'agit d'un poste militaire où est surveillé le transit des convois militaires US à destination de l'Irak et qui passent par le port de Bassora.
Le site d’information Saberine News a rapporté dans un communiqué que « Ashab al-Kahf » (Compagnons de la grotte), l'un des groupes de la Résistance, a revendiqué la responsabilité de l'attaque dont le bilan n'est pas connu. C'est un tournant majeur, puisque c'est la première fois qu'une cible américaine située sur la frontière avec le Koweït a été visée. Selon la chaîne de télévision Al-Mayadeen, plusieurs roquettes ont été tirées en direction des bases appartenant aux forces américaines dans la zone frontalière entre l'Irak et le Koweït.
Le membre de la commission de la sécurité et de la défense du parlement irakien, Badr al-Zayadi, avait précédemment déclaré que le passage de Jerishan à la frontière entre Bassorah et Koweït était utilisé pour le transfert du matériel militaire de l'armée US depuis le Koweït vers l'Irak. Ce ciblage est infiniment significatif dans la mesure où c'est la voie d'approvisionnement de l'US Army qui a été visée au grand dam des forces américaines mais aussi des terroristes qui suppléent d'al Anbar à Diayala en passant par Kirkuk des opérations de déstabilisation US.
Mais les Américains n'en étaient pas à leur première surprise : ce mardi vers midi, une seconde opération de la Résistance irakienne a eu lieu, là encore visant un convoi logistique des troupes US alors qu'il se dirigeait vers la base aérienne d'al-Taji au nord de Bagdad. Cette seconde frappe aux roquettes qui a provoqué un incendie et brûlé des conteneurs de l'armée US a eu lieu sur l'autoroute stratégique de Nasseriya, qui fait elle aussi partie des principales artères de transfert de troupes et de logistique US entre la Syrie et l'Irak. Décidément à l'approche de ce que les USA pensent être « leurs pourparlers stratégiques avec Bagdad », les avertissements se multiplient. Cette seconde attaque, un autre groupe de la Résistance Saraya al-Thura al-Ashrin l'a revendiquée. Histoire de rappeler que la Résistance ne se réduit pas en Irak à Kataëb Hezbollah contre qui les USA ont organisé une attaque en juin.
En juillet dernier, Ashab al-Kahf a fait exploser plusieurs blindés militaires appartenant à l’armée US dans la province de Salaheddine située au cœur de l’Irak. Cette attaque foudroyante s’est produite au moment où un convoi logistique des forces US circulait dans la province proche de la capitale, Bagdad. Ces sorties anti-américaines tendent à se multiplier.