Depuis qu'Israël attend anxieusement, de jour comme de nuit, la riposte du Hezbollah à la mort de son combattant Ali Kamel Mohsen, et que cette riposte ne vient pas, quitte à faire tomber à l'eau un à un les stratagèmes israéliens (guerre dans la guerre, escalade de courte... ), et ce, sur fond des excuses, des mea culpa envoyés par Israël à la Résistance et tout ceci pour empêcher que celle-ci lâche prise et renonce à sa riposte, la presse dominante n'a cessé de se creuser la cervelle pour deviner quand et comment le Hezbollah répondra. Par bride d'information, elle croit comprendre que la prochaine riposte sera bien "différente" et qu'elle surprendra. Est-ce vrai?
Le quotidien britannique Daily Telegraph se met ainsi à spéculer en affirmant que le Hezbollah aurait formé "des milliers d’activistes libanais et issus d’autre nationalité" pour créer une "méga cyberarmée" à travers tout le Moyen-Orient, et que sa riposte anti-Israël pourrait se manifester de ce côté-là. Le journal écrit :
"Depuis 2012, le Hezbollah a recruté des effectifs au Liban pour leur enseigner comment manipuler les données numériques, des photographies, gérer un grand nombre de comptes sur les réseaux sociaux, créer des vidéos, contourner la censure de Facebook et d'autres réseaux sociaux et répandre des informations calibrées en ligne. Les recrues appartiennent à tous les pays du Moyen-Orient et y figurent même des Saoudiens."
Le journal croit savoir que les "formateurs du Hezbollah" serait "politiciens, analystes et spécialistes des réseaux sociaux". "Ces effectifs contribuent à créer de vastes cyber-réseaux qui s'étendraient dans toute la région, encerclant ainsi Israël. C'est un réseau en nette croissance puisque les volontaires continuent de s'y adhérer. Il va sans dire que l'Iran y est pour quelque chose, vu la cadence avec laquelle les capacités du Hezbollah dans le domaine de la guerre cybernétique croissent", rapporte-t-il.
En effet, ajoute le texte, un des aspects de "la guerre à huis clos" entre Israël et le Hezbollah est la guerre cybernétique et technologique dont les effets sont similaires à ceux d’une guerre directe et militaire, guerre que les deux parties ont qualifiée pour le moment de très peu probable.
Si Israël a révélé certains aspects de cette confrontation secrète avec le Hezbollah afin de mettre en garde contre la cyber-attaque et ses conséquences, le Hezbollah, lui, continue à afficher un silence complet, épaississant le mystère sur ses moyens et capacités défensifs et offensifs. C'est inquiétant puisque l'Iran lui aussi est en cyberguerre contre Israël et que comme l'histoire des missiles, les Israéliens pourraient aussi se retrouver dans un cyber-siège. Plus de 150 000 missiles se trouvent plantés tout autour d'Israël et une cyberarmée du Hezbollah qui se connecte à travers le Moyen-Orient et qui est soutenu par l'Iran, aura le même effet. Une confrontation électronique serait, estiment d’ailleurs les hauts officiers de l’armée israélienne, plus grave qu’une guerre classique.
Et d'ajouter: "Le pire c'est que l'armée israélienne a régulièrement le sentiment qu'il y a des fuites aussi bien sur ses capacités que sur ces limites. Et de plus en plus, ces cyberattaques le prennent de court. L’armée s’efforce de mettre à exécution une stratégie d’endiguement, tout en préservant sa suprématie. Mais elle y parvient de moins en moins. C'est une féroce rivalité avec le Hezbollah et l'Iran dans le domaine de la technologie et de l’influence régionale et il n'est plus du tout facile de préserver la suprématie israélienne."
Certes, l’un des plus importants défis d’une armée ennemie est la protection des renseignements. Le Hezbollah bénéficie de capacités de renseignements sophistiquées qu’il renforce de plus en plus grâce aux soutiens technologiques de l’Iran. Parmi ces capacités figure celle de l’écoute téléphonique qui a poussé l’armée israélienne à imposer des restrictions pour le port de téléphone dans les centres militaires surtout dans les endroits et régions classés "névralgiques". Des instructions ont été mêmes données sur la nécessité de laisser les portables en dehors des bureaux et des salles de réunion.
L’inquiétude de l’armée israélienne quant à l’installation des appareils d’écoute dans les voitures des officiers de haut rang israéliens l’a contraint à recourir à une société technologique. Une source militaire a affirmé au journal qu’il s’agissait d’une mesure préventive qui ne semble suffisante. Le Hezbollah s'est infiltré au cœur de l'appareil militaire et du renseignement et donc, sa future riposte pourrait ne pas se réduire à la Galilée.
Une opération commando à laquelle l'armée israélienne a tenté de faire croire le 27 juillet reflète à vrai dire la crainte d'avoir à subir une offensive cyber générale impliquant à la fois le Hezbollah et ses effectifs dans tout le Moyen-Orient, plus les Iraniens. Plusieurs incidents poussent en ce sens : la vaste cyberattaque contre le secteur d'eau et d'électricité israélien, celle qui a visé récemment les métros en Israël. Un cyber-siège est aussi terrifiant qu'un siège balistique. Le Hezbollah pirate depuis 2012 les ordinateurs en Israël, mais il est désormais beaucoup plus que cela.