La flotte-espion que l’US Air Force a envoyée surveiller les exercices militaires d'envergure du CGRI dans le golfe Persique, Grand Prophète-14, comptait trop de "composantes", bien plus que ce dont l’US Navy dispose dans la région à travers ses multiples bases au Qatar, à Bahreïn et aux Émirats arabes unis. Mais pourquoi cette frénésie inhabituelle? Pour cause de trop d'inattendus que contenait cet exercice. L’utilisation de nouveaux missiles et systèmes de défense lors des exercices du « Grand Prophète-14 » dans la zone générale du sud de l’Iran a poussé l’armée américaine à envoyer ses drones-espions les plus avancés dans le golfe Persique pour une surveillance en ligne.
Les Américains croient avoir été capables de cacher leur jeu, le Renseignement militaire a parfaitement saisi leur manège : au moins quatre modèles de supers avions espions US, P-3, P-8, RC-135V Rivet Joint et E-8C, ont été repérés au cours de 2 jours de manœuvres militaires soit tout ce que compte de meilleur la flotte espion US. C'est dire à quel point la grande manœuvre du CGRI qui s'est vue pour la première fois l'apparition de l'élément "spatial" avec en toile de fond un commandement unifié aérien et naval effrayait les Américains. Cette crainte a même poussé des milliers de GI's et marines au Qatar et aux Émirats à se mettre à l'abri par crainte d'avoir à revivre une "Aïn al-Asad bis".
Mais qu'y a-t-il eu de si effrayant? Les experts mettent en relief un élément jusqu'ici peu exploité dans des manœuvres militaires iraniennes, "interopérabilité" des différentes composantes en présence.
En avril 2020, la flotte de guerre US composée de l'USS Lewis Puller accompagnée de destroyers et d’hélicoptères d'Apache ont annoncé des exercices destinés à contrer des "nuées de vedettes rapides iraniennes" en cas de face-à- face militaire. L'exercice a tourné court quand 11 vedettes rapides iraniennes, harassées par des provocations US se sont infiltrées en cours de l’exercice et ont prouvé au capitaine du "navire expéditionnaire" l'impossibilité de l’interopérabilité mer-air face à des unités navales asymétriques par excellence que sont des essaims de vedettes rapides iraniennes.
Or lors des exercices du « Grand Prophète-14 », les forces navales et aérospatiales du CGRI ont opéré en parfaite synergie pour mener des opérations conjointes en activant à la fois des unités de missiles, de drones, et de radar ainsi que des unités flottantes et aériennes. Comment? Pour la première fois depuis sa mise en orbite le satellite militaire Nour-1 a transmis des données, imagées entre autres rendant possible cette parfaite interopérabilité. Une première illustration réussie des capacités interopératives de Nour-1 a eu lieu au mois de mai quant les cinq navires-citernes iraniens se dirigeaient vers le Venezuela et qui menacés par la IVe flotte US aux Caraïbes, ils opéraient en interconnexion avec le commandement du CGRI dans le golfe Persique.
Le satellite Nour-1 a assuré au demeurant une interopérabilité parfaitement sécurisée entre les trois Forces aérospatiale, navale et aérienne; impliquées dans l'exercice, loin de tout risque d'attaque électronique ou piratage, la communication par voie satellite étant largement plus sécurisée que celle que fournissent des ondes radio, des radars entre autre.
Mais la partie de loin la plus spectaculaire de l'exercice aura été la frappe contre l'USS Nimitz reconstruit a l'effet de reproduire les conditions d'un face-a-face réel US Navy/CGRI. Le cœur de commandement du navire -passerelle de commandement, a ainsi été prise pour cible de missiles de haute précision larguée à partir d'une nuée impliquant deux types de drones Shahed-181 et Shahed-191. Belle démonstration de force drone-satellites.
Mais les drones n'ont pas été les seuls éléments aériens à bénéficier de l'appui du premier satellite militaire mis en orbite basse, Nour 1 : Les bombes à guidage satellite et de haute précision « Yassin », lancées à partir des Su-22 améliorés du CGRI ont aussi pris part aux opérations. Il s'agit de bombe à guidage satellite aux ailerons déployables dont la portée a été améliorée passant de 60 à 100 km. Mais ce n'est pas tout :
Ces bombes dotées d'une ogive de 225 kg sont capables de détruire avec précision les cibles avec le moins de munitions possible. Et Yassin a fait un tabac quand suivant les données transmises par satellite Nour-1 il a littéralement pulvérisé sa cible. Le premier satellite militaire iranien s'avère ainsi bien plus qu'une "webcam tremblante"...
Dévoilé il y a à peine un an, la bombe Yassin a fait de l'Iran un des membres du club restreint des pays capables à fabriquer et à développer des systèmes de guidage satellitaire pour les bombes air-sol, avancée qui demande un travail d’expertise ayant différentes dimensions techniques et de conception. Les Américains étaient le premier membre du club. Ils avaient la série des bombes JDAM (Joint Direct Attack Munition), utilisées largement par les alliés occidentaux des États-Unis qui n’étaient pas eux-mêmes en mesure de fabriquer ces bombes à guidage satellitaire. Les systèmes de guidage satellitaire sont souvent installés sur les bombes de type Mark 80 et ils s’appuient sur les système de positionnement GPS. Et c'est le cas de Yassin qui a agi avec succès. Reste à savoir si Nour-1 a été pour quelque chose, des informations ayant fait état des efforts censés réduire la dépendance des bombes iraniennes au GPS.
La bombe Yassin a été tirée, pour la première fois, il y a deux ans, au cours d’un exercice militaire de la Force aérienne de l’armée, par les avions de combat F-7. Cette fois ce sont les Su-22 qui l'ont tiré. Toutes les caractéristiques de la cible sont déterminées et transférées au système de guidage de la bombe via le satellite. Et ceci a constitué un autre niveau d'interopérabilité. Personne ne sait encore comment le CGRI a pu accéder à la technologie des bombes à guidage satellitaire ni la part que joue désormais Nour-1 dans sa promotion. Parce que le processus a été accompli discrètement. D'où sans doute la meilleure flotte espion qu'ai l'Amérique et qu'elle a mobilisée au cours de l'exercice. Une chose est sûre : Grand Prophète-14 a prouvé encore une fois que l'embargo anti-Iran ne peut en rien changer la donne.