C'est curieux : depuis le 17 juin, date de l'entrée en vigueur précipitée de la loi dite César, ce personnage entièrement fictif que le conglomérat CIA/MI6/ Mossad a tiré du néant et dont le nom renvoie très subversivement à un empereur romain et à ses conflits avec le monde musulman, celle-ci ne rencontre guère le succès souhaité. Il y a d'abord l'Iran, suivi de la Russie et de la Chine qui affichant un rictus de moquerie, a affirmé noir sur blanc qu'il s'en moquait royalement, continuant le plus tranquillement du monde à envoyer ses navires décharger du carburant et des denrées alimentaires en Syrie.
Mais les choses n'en sont pas restées là : après les alliés de la Syrie vint le tour des Kurdes dont les USA n'ont cessé de se jouer depuis 2011 et qui, appuyant sur leur "autonomie" paradoxalement offerte par les Américains, ont demandé à ce qu'ils soient dispensés de la "César". Ce fut d'ailleurs l'aveu le plus cuisant de l'échec des plans visant le démembrement de la Syrie, puisque même les FDS ne se sentent ni mentalement ni physiquement séparés de l'État syrien. Ce couac dans le camp US s'est suivi d'autres : mardi, le Premier ministre jordanien, Omar al-Razzaz, dont le pays commerce avec la Syrie à la faveur de la réouverture du point de passage de Nassib sur les frontières jordaniennes avec Deraa, a rejeté la Loi César et a affirmé lors d’un entretien accordé à la chaîne jordanienne al-Mamlaka que les nouvelles sanctions américaines n’ont aucune influence sur les relations entre Amman et Damas. « Nos échanges commerciaux avec la Syrie et les matières principales qui sont échangés sont exempts de cette loi ainsi que d’autres lois », a précisé Razzaz.
Tous ces lâchages renvoient d'emblée aux propos particulièrement incendiaires tenus par le ministre syrien des Affaires étrangères qui comme toujours d'un ton calme et apaisé, a assassiné le mardi 23 juin à la fois la Loi César et ses rédacteurs : « J’ai suivi ce que Mike Pompeo et James Jeffrey avaient dit sur cette loi et sur le fait qu’elle verse dans l’intérêt du peuple syrien. Ils sont des menteurs parce celui qui prétend être soucieux du peuple syrien ne conspire pas contre ses conditions de vie. Je ne veux pas atténuer les effets de cette loi et la campagne féroce qui l’a accompagnée, mais je veux dire que nous nous sommes habitués en Syrie à faire face aux sanctions unilatérales qui nous sont imposées depuis 1978 sous plusieurs appellations, jusqu’à ladite Loi César. »
Mouallem a ensuite énuméré ce méga casse du siècle que les USA font sous le nez des Syriens et qu'ils ont l'outrecuidance d'appeler "assistance au peuple en danger de Syrie" : « Est-ce que la présence des forces américaines autour des champs de pétrole verse dans l’intérêt du peuple syrien? Est-ce que c’est de l’intérêt du peuple syrien lorsque leurs avions ont mis le feu dans les moissons du blé dans la région de Jazira ? Est-ce que leur menace adressée aux pays amis qui souhaitent contribuer à la reconstruction de la Syrie (Iran, Russie, Chine, NDLR) verse aussi dans l’intérêt du peuple syrien ou même dans la question du retour des Syriens déplacés à leur patrie? En plus de leur soutien permanent apporté aux groupes terroristes et qui apparaît clairement quand leurs avions transportent les chefs du réseau terroriste "Daech" vers des zones sûres en Irak et quand ils soutiennent également la Turquie dans son agression contre la souveraineté nationale syrienne et le réseau terroriste du Front Nosra ».
Mais Mouallem n'a pas évoqué que la liste des crimes commis à l'encontre des Syriens en 10 ans de guerre mondiale auxquels il fait face. Le ministre syrien A.E. a un plan pour rendre caduque la Loi César. Il est vrai que M. Mouallem n'en a pas révélé le contenu lors de sa conférence de presse, il n'en reste moins qu'il devrait s'agir de mesures bien radicales. Selon Rai Al-Youm qui dit en avoir eu le vent, "il existe de nombreuses armes qui peuvent être utilisées et de manière efficace et efficiente" : « Le plus important d'entre elles serait par exemple l'arme d'immigration que la Syrie aurait tout bonnement brandie contre l'Europe. Si l'Occident se met à affamer les Syriens, comme le disent éhontément James Jeffrey et Mike Pompeo, ils se retrouveront devant deux options : la première est la résistance armée du peuple syrien contre l'État d'occupation israélien qui, dit Rai al Youm pourrait inclure les opérations martyres visant les forces sionistes au Golan occupé. Et puis il y a la mer qui saurait conduire des milliers de Syriens "affamés" vers l'Europe. « Si la Turquie a utilisé l'arme d'immigration de manière efficace pour faire pression sur l'Europe et "apprivoiser" ses attitudes envers elle, et a reçu 6 milliards d'euros d'aide compensatoires en échange de l'arrêt du flux de migrants vers l'Europe, alors pourquoi la Syrie et le Liban ne feraient-elles pas de même? Après tout, il y a des millions de Syriens et 200 000 réfugiés palestiniens au Liban et ils n'ont besoin que de bateaux pour se rendre en Europe », dit le site, citant des sources bien informées.