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Le Caesar Syria Civilian Protection Act ou la loi César, promulguée par le président américain Donald Trump en décembre 2019, est entré en vigueur mercredi 17 juin. Le document stipule la sanction de presque toutes les activités économiques et commerciales syriennes, ainsi que des représentants du gouvernement.
À Moscou, le ministre iranien des Affaires étrangères s’est implicitement moqué de la loi César que l’administration US a fait entrer en vigueur le 17 juin, croyant de la sorte étouffer l’État syrien économiquement et jeter les Syriens dans la rue et à obtenir le renversement du « régime » qui lui paraît désormais militairement inoxydable.
Le fait que la loi César est unilatérale rend d’ailleurs plus faciles les procédés destinés à la contourner infiniment. Et sur ce point les Iraniens ont passé maîtres. Fin mai, l’Iran a envoyé cinq navires-citernes livrer leur essence au Venezuela, inaugurant ainsi un axe maritime anti-sanction US qui relie le golfe Persique aux Caraïbes. Les États-Unis n’ont pas été à même de l’en empêcher ; comment voulez-vous qu’ils puissent le faire en Méditerranée, à deux pas du golfe Persique ? Selon des sources, la manière dont l’Iran compte briser la loi César ne se réduirait pas à l’envoi de quelques navires-citernes à Baniyas ou à Lattaquié. Avec 40 ans d’expérience en la matière, Téhéran saurait défier les USA.
Au fait, cette loi ne ferait que pousser la Syrie davantage dans les bras de l’axe de la Résistance et approfondir les relations entre Damas et Téhéran. Certes, le Liban, pays du Hezbollah, en pâtirait, mais, là encore, l’impact sur la politique US n’est pas à mésestimer. Hassan Nasrallah plaide désormais en faveur d’un rapprochement avec l’Iran, la Chine et la Russie, et la loi César ne fait que renforcer son argument. Un diplomate iranien cité par des sources libanaises le disait : « l’Iran est de loin le seul pays au monde sur qui les sanctions US ont perdu tout effet ». Du militaire, à l’agroalimentaire, les sanctions US visent le pays, ce qui veut dire que la Loi César fait de l’Iran et de ses alliés de la Résistance l’une des rares parties au monde avec qui la Syrie pourrait commercer.
C’est paradoxal, mais c’est comme cela, les États-Unis viennent de supprimer de leur propre chef leurs alliés arabes du vaste marché de la reconstruction en Syrie. Après la défaite militaire américaine en Syrie, c’est la plus grosse balle « économique » que Washington tire dans leurs propres pieds et dans ceux de leurs alliés arabes. Quant à la Syrie, la loi César lui apprendra à s’appuyer économiquement sur ses propres capacités, ce qui coupera le peu de lien qui existe entre l’État syrien et l’Occident.
Ayssar Midani, analyste franco-syrienne des questions internationales et Elie Hatem, juriste international s’expriment sur le sujet.