TV

Le supposé "deal USA/Russie contre Assad" risque de n'être qu'un écran de fumée...

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le président russe, Vladimir Poutine et le PM israélien, Benyamin Netanyahu. (Archives)

Le vendredi 12 juin, à peine quelques heures après le contact téléphonique du vice-ministre russe des Affaires étrangères, chargé de la Syrie, Sergueï Verchinin avec son homologue américain, James Jeffery, lequel a laissé entendre que son pays était prêt à composer sous certaines conditions avec Assad, les agences d'information ont fait état du départ vers l'Irak d'un premier convoi terrestre chargé du pétrole volé syrien. 50 camions citernes, bourrés du pétrole que les forces spéciales US/OTAN pompent à partir des puits de pétrole de Hassaké et de Deir ez-Zor ont ainsi quitté le territoire syrien via le point de passage d'al-Walid pour débarquer en Irak, alors que le spectre de la "loi César" plane sur le pays et qu'à en croire, plus d'un analyste atlantiste, cette fois c'est la bonne : ce que l'Occident entier n'a pu réussir à avoir par le bais des armes en Syrie, il l'aura via la famine.

Mais qu'est ce qu'ils ont bien pu échanger Verchinin et Jeffery à l'occasion de leur conversation téléphonique? Les agences disent que Idlib, Est de l'Euphrate et Sud syrien figuraient au menu des discussions, soit trois derniers carrés de ce qui pourrait être qualifié désormais de "vestige US" au Levant : car à bien regarder de près, cette loi César annonce la fin d'une époque, celle d'une Amérique qui osait encore faire des conquêtes territoriales par la force de ses armes : à Idlib, l'allié turc de Washington vient de rater sa toute première démonstration de force post-victoire libyennes où ses mercenaires ont été littéralement pulvérisé sous les bombes des MiG 29S de l'armée de l'aire syrienne, se repliant dans deux des principales localités de Hama et reculant vers le centre d'Idlib comme des rats apeurés. Sur l'Est de l'Euphrate, les forces américaines semblent avoir nettement perdu d'aplomb en dépit de ces centaines de convois militaires qu'ils y ont acheminé, pris d'une part entre les attaques sporadiques jamais médiatisées et qui visent à Hassaké et à Deir ez-Zor leurs convois, leurs positions près des sites pétroliers d'al-Omar, Connoco et des manifs tribales anti-US amplifiantes de l'autre. Quant au Sud syrien, Soueïda, Deraa et autres localités où les médias mainstream parlent d'imminentes émeutes de la faim propres à faire renverser "enfin" Assad, on y entend surtout ces derniers temps des cris "Mort à l’Amérique", "Mort à la loi César". 

Dans le ciel, les Américains non plus ne se trouvent pas en pole position : leurs P-8 et autres appareil sont continuellement harcelés par la Russie qui en s’approchant d’eux à une distance critique, les fait fuir en bonne et due forme. Poutine en est même à souhaiter qu’Assad approuve l’agrandissement de l’aéroport de Hmeimim et de sa base navale de Tartous, ainsi que la création d’autres bases statiques au nord de la Syrie. Pourquoi faire? La Russie a statué que le Moyen-Orient fait partie de ses intérêts stratégiques pour affronter les forces US basées au Moyen-Orient et en Europe et qu'elle ne pourra survivre au Levant que si elle établit une relation stratégique avec Assad, l’Iran et ses alliés. D'où sans doute ses nouveaux MiG-29S dont elle a doté Assad, ou ces vols militaires iraniens qui déposent à Hmeimim.

Alors un coup de fil de Verchinin à Jeffery, pourquoi? Certains affirment qu'au lieu d'y voir une "entente USA/Russie sur le dos d'Assad", le réalisme veut qu'on le prend plutôt comme un ultime avertissement. Et comment? "Moscou s'apprête à investir dans la reconstruction d’une partie des projets d’infrastructure syriens, principalement dans le domaine de l’énergie, ne serait-ce que pour élargir sa capacité de combat contre les USA et l’OTAN, au moment où ces derniers semblent pousser de plus en plus loin leurs pions en Méditerranée orientale et ce, par Ankara interposée", dit Rai al-Youm qui ajoute : "Vendredi presque simultanément à l'appel Verchinin-Jeffery, Poutine appelait le roi Abdellah de Jordanie, un appel qui ne va pas sans rapport avec le duo Israël/Turquie en parfaite osmose désormais en Syrie, les frappes israéliennes contre le territoire syrien complétant désormais l'action turque".

Citant des sources jordaniennes, on croit savoir que la Russie s'apprête à mettre à profit ses liens avec une "frange de l'armée de l’entité sioniste" pour "mettre sous pression Netanyahu et bloquer le projet d'annexion de la Cisjordanie, de s'imposer dans le dossier dans le stricte objectif de freiner Israël. Après tout les ambitions gazières turques et israéliennes visent le marché gazier russe en Europe. La situation précaire politique qui prévaut aux USA aidant, l'objectif de Moscou consisterait par ricochet, à accélérer les projets gaziers russes sur la côte syrienne, quitte à stopper l'entreprise gazière US/Turquie/Israël en Méditerranée. Il s'agirait d'un projet conjoint auquel ni l'Iran, principal fournisseur de l'énergie à la Syrie, ni le Liban, ayant la Russie comme partenaire dans ses projets gaziers offshores, ne seraient étrangers. En Jordanie, on commence à prendre conscience de l'importance de l'enjeu et à tenter de s'approcher de la Russie. Un coup de force russe en Israël avec des répercussions positives en Syrie et en Palestine, n'est plus à écarter". 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV