Les tensions entre les États-Unis et l'Allemagne au sujet des dépenses militaires et d'autres problèmes de sécurité s'intensifient. Un haut responsable américain a déclaré, le vendredi 5 juin, que le président américain Donald Trump avait ordonné à l'armée américaine de retirer 9 500 soldats d'Allemagne. Certes, la rhétorique médiatique dominante ne cesse de souligner les "craintes de Berlin" à l'idée d'être abandonné par l'Amérique face à la Russie voire la Chine et ne pas avoir désormais à dépenser son argent à entretenir des troupes US lesquelles troupes continuent, plus de 70 ans après la fin de la seconde Guerre mondiale à l'empêcher d'avoir une armée digne de ce nom.
Et pourtant il y a des signes qui ne se trompent pas : il y a d'abord la démission de Grenelle, ce méga lobby pro-Israël qui a poussé l'Allemagne à commettre l'une des plus grandes erreurs de sa politique étrangère à savoir le blacklistage du Hezbollah. Vinrent ensuite les propos des officiels allemands reconnaissant que la Chine est la "future superpuissance" ou que l'Allemagne irait "sanctionner" les Etats-Unis s'ils prennent des mesures contre Nord Stream II. Même le pro Israël Heiko Mass a osé, mercredi 10 juin en plein verbiage anti-Iran du nouveau ministre israélien des Affaires étrangères Ashkenazi, dire qu'Israël serait sanctionné en cas d'annexion de la Cisjordanie. Quelle mouche a piqué l'Allemagne? Est-ce une révolte ou une révolution? Global Times estime qu'il n'y pas de fumée sans feu. La publication asiatique part du retrait (ou expulsion?) de troupes US d'Allemagne et écrit :
« En tant que partenaires proches de l'alliance transatlantique, les relations Washington-Berlin seront affectées négativement en raison du retrait proposé des troupes. Cela pourrait même remodeler l'architecture de sécurité en Europe. Pendant longtemps, l'Allemagne a considéré l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) comme un garant de sécurité pour toute l'Europe et estimait que la coopération avec les États-Unis et d'autres partenaires de l'OTAN est cruciale pour sa propre sécurité. Voilà que les choses seraient sur le point de changer. Depuis que Trump a pris ses fonctions, les relations américaines avec l'Allemagne se sont nettement détériorées bien qu'on ait depuis longtemps senti du gaz dans l'eau. Certains chercheurs soutiennent même que Trump est jaloux de la chancelière allemande Angela Merkel et la traite comme sa rivale systémique, parce que "Merkel représente tout ce que Trump déteste: le mondialisme, le multilatéralisme, le droit international. Mais les divergences semblent être plus profondes et refléter un état d'esprit bien propre aux Allemands : attendre son heure. Après s'être faite une puissance économique de premier ordre, l'Allemagne se croit désormais capable de tenir tête à Washington en se rapprochant de l'Est », affirme Global Times.
« Ces dernières années, le nombre de soldats américains stationnés en Allemagne a diminué de façon spectaculaire, passant de 72 400 en 2006 à 34 500 actuellement. Le paysage de plus en plus complexe de la sécurité mondiale invite Berlin à réviser ses stratégies. Après le retrait de 9 500 soldats américains d'Allemagne, il en restera encore 25 000 et c'est déjà une charge. De plus, le siège de l'US European Command reste à Stuttgart en Allemagne. En dépit des coups de bluff US, l'importance stratégique de Berlin pour Washington reste énorme et les Américains ne pourront pas permettre que Berlin bascule à l'Est. D'où cette antienne qui cherche constamment à dire que "l'Allemagne est dépendante en matière de sécurité aux États-Unis et à l'OTAN. Quoi qu’il en soit, l'intensification des divergences entre l'Allemagne et l'OTAN et l'unilatéralisme de l'administration Trump, ont amené l'Allemagne à considérer qu'il est temps de garder l'initiative de sécurité entre ses propres mains. C'est un tournant après la seconde Guerre mondiale qui s'est soldée par la capitulation de l'Allemagne ».
« Il y a de l’autre côté, l'intégration européenne de la défense qui progresse lentement. En fait, l'Europe est temporairement incapable de se débarrasser de sa dépendance à l'égard des États-Unis en matière de sécurité. Les États-Unis considèrent l'intégration européenne de la défense comme un obstacle stratégique plutôt qu'un avantage. Cependant, la décision de Trump obligera l'Allemagne à accélérer son rythme d'intégration des mécanismes de défense européens. Assurer l'équilibre des pouvoirs en Europe est l'un des objectifs géostratégiques des États-Unis. Si L'administration Trump retire des troupes d'Allemagne tout en établissant de manière proactive des systèmes de défense en Europe de l'Est, c'est pour créer plus de divisions en Europe. L'Allemagne saura-t-elle faire face à cette énième tentative divisionnistes US? »