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La Russie a-t-elle fait le choix d'une confrontation directe avec USA/Israël/OTAN?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un sukhoi russe intercepté par les forces de l'OTAN en Libye/TRT Haber

Jamais Poutine n'a cru que l'axe USA/Israël/OTAN, si appliqué à "mettre l'Iran à la porte de la Syrie", en resterait là, quitte à tolérer la désormais solide présence militaire russe au Moyen-Orient. Une présence qui rappelons-le s'étend d'une part en Méditerranée orientale sur fond de l’expansionnisme frénétique de la Turquie en Libye, et de l'autre, dans le golfe Persique, ne serait ce que par cet important exercice militaire naval tripartite Iran-Russie-Chine de décembre 2019 qui a prouvé aux Américains qu'au bout de quatre décennies de guerre, de violence et de terrorisme et de complot en Asie de l'ouest, ils y avaient beaucoup perdu au lieu d'y avancer.

Depuis la trêve du début mars qui a sauvé la Turquie des eaux houleuses d'Idlib, on assiste en effet à une reconfiguration accélérée des forces US/Turquie/Israël au nord et à l'est syrien et ce, dans l'objectif de renverser la donne militaire. Les États-Unis d'Amérique qui auraient déployé des batteries MIM-23 Hawk à Idlib, juste après la trêve par Ankara et OTAN interposée, seraient même sur le point de planter leurs batteries de missiles Patriot -qu'ils ont retirés d'Arabie- à Deir ez-Zor, leur objectif étant de créer une zone d'exclusion aérienne au dessus de la Syrie orientale tout en interférant avec la bulle de DCA syro-russe qui plombe le ciel de la Syrie orientale.

Il était donc grand temps de réagir: le 27 mai, deux chasseurs russes Sukhoï Su-35 ont intercepté un P-8A au large du littoral syrien en Méditerranée orientale. L’appareil américain est déployé à la station aéronavale (NAS) de Sigonella (Sicile, Italie) et fait partie d’un programme de reconnaissance ultra-secret visant la base militaire russe de Hmeimim en Syrie occidentale. Cet appareil est doté du Nec plus ultra en matière de brouillage électromagnétique et est destiné à la collecte du signal en Méditerranée méridionale et orientale et le P-8 n'en était pas à sa première mission. Ce fut un premier avertissement.

Quelques heures plus tard, à savoir le vendredi 29, les médias ont fait part d'un décret de Vladimir Poutine appelant ses ministres russes de la Défense et des Affaires étrangères à mener immédiatement des négociations avec la Syrie concernant le transfert de biens immobiliers et de plans d'eau supplémentaires pour élargir les bases russes en Syrie.

Ainsi des tentatives d'Israël, des États-Unis et de la Turquie pour "chasser" la Russie de la Syrie ont conduit à un résultat totalement inverse. Le décret de Poutine propose ainsi la signature d’un protocole dans le cadre d’un accord, signé le 26 août 2015, entre la Russie et la Syrie portant sur le déploiement d'une unité aérienne des Forces armées russes dans ce pays. Selon TASS, le nouveau protocole prévoira le transfert de biens immobiliers et de plans d'eau supplémentaires en Syrie. Depuis le 30 septembre 2015, les forces russes mènent en effet de larges opérations antiterroristes en soutien à la Syrie et à ses alliés de la Résistance, opération dont le caractère aérien marqué par le déploiement de DCA, a particulièrement restreint le champ d'action américano-israélien. En 2017, le commandement russe a annoncé la fin de la phase active de l'opération militaire. Qu'il juge à nouveau nécessaire, un redéploiement militaire en Syrie, c'est sans doute qu'il y a une volonté russe à en finir avec la présence américaine en Syrie et ce, en coordination avec l'armée syrienne et la Résistance. Pour de nombreux analystes, le fait que la Russie ait ouvert les portes de Hmeimim aux "vols militaires iraniens" s'inscrirait dans ce sens.

La Russie possède deux bases aériennes en Syrie et une base navale : la base aérienne de Hmeimim, située au sud-est de la ville de Lattaquié, chef-lieu du gouvernorat homonyme, dans le cadre d’un accord signé en 2017, et une autre base à Qamichli, juste sur les frontières avec la Turquie et l'Irak, laquelle abrite les S-400 et leurs puissants radars qui surveillent 24 heures sur 24 les agissements des troupes US à la fois au Kurdistan irakien mais aussi au sud de la Turquie. Il y a également une base navale russe à Tartous.

Mais est-ce suffisant? Visiblement non au regard de la nouvelle expansion US/Alliés. 

Des sources anonymes proches de l'armée syrienne ont annoncé que la Russie prévoyait de déployer une nouvelle installation militaire dans l'est de la Syrie. La multiplication des patrouille de l'armée russe dans l'est de la Syrie pourrait s’expliquer par cette nouvelle base qui selon des sources concordantes, viserait très probablement à empêcher la contrebande de pétrole syrien et à bloquer le déplacement des troupes américaines vers l'Ouest du pays. À raison de deux convois militaires par semaine, les Américains ont commencé à armer depuis début mars Deir ez-Zor et Hassaké tout en réactivant des cellules daechistes plus au centre à Homs et il est grand temps que cela s'arrête.

Aussi, après être passées tout près de la base militaire américaine de Tel-Kochek, les troupes russes sont arrivées, le 27 mai, à la frontière syro-irakienne afin d’examiner l’endroit où sera construite la nouvelle installation militaire russe.

« Puisque les Américains justifient l'extension de leurs bases illégales à Deir ez-Zor par leur intention de "préserver" le pétrole syrien volé, pourquoi la Russie n'en ferait pas autant justement pour empêcher cette contrebande? Au fait, Moscou ne peut rester les bras croisés à suivre le déploiement des Patriot à Deir ez-Zor, à quelques kilomètres de l'aéroport de T4 et de ses batteries de missiles S-400 », estime un expert interrogé par Presstv.  

« Aussi bien pour la Syrie que pour ses alliés, la confrontation paraît inévitable : maintenant que le président russe a décidé de demander à la Syrie son feu vert à une extension de la présence militaire russe, il se pourrait qu'il y ait surtout les yeux tournés vers l'est de l'Euphrate avec en toile de fond un possible déploiement des S-400 sur les frontières avec l'Irak. Mais Damas aurait sans doute ses conditions : la fin de l'impunité d’Israël dans le ciel syrien et celle de la Turquie à Idlib et à Alep. Vu l'état actuel des choses, Poutine peut ne plus avoir de réticences face à la demande de Damas », conclut expert. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV