L’armée jordanienne compte-t-elle entrer en conflit avec Israël ? À partir de juillet prochain, Israël dit planifier de mettre en œuvre le soi-disant plan de paix au Moyen-Orient, « Deal du siècle », qui comprend, entre autres, « l’annexion des colonies en Cisjordanie ». Le secrétaire d’État US était d’ailleurs à Tel-Aviv jeudi pour en aborder le contour. Seulement cette parfaitement hypothétique perspective divise jusqu’au camp des alliés et amis arabes d’Israël qui y voient une menace pour leur propre existence.
La Jordanie qui fait partie des premiers pays arabes à avoir normalisé avec Israël en fait partie. Dans un entretien accordé au journal allemand Der Speigel, le roi de Jordanie, Abdallah II a mis en garde le président américain Donald Trump contre toute « tentative de mettre en œuvre » son prétendu plan de paix pour le Moyen-Orient et a averti que le plan du régime israélien d’annexer des parties de la Cisjordanie occupée pourrait conduire à un « conflit massif » et souligné sans façon que son royaume « envisageait toutes les options », y compris le gel ou l’annulation de son traité de paix de 1994 avec Israël.
« Si Israël annexait des pans de Cisjordanie en juillet, cela conduirait à un conflit de grande envergure avec la Jordanie », a-t-il martelé lé lors d’une interview accordée vendredi au magazine allemand, Der Spiegel.
Et le roi d’ajouter : « Je ne veux pas faire de menaces et créer une atmosphère de discorde, mais nous envisageons toutes les options. Nous sommes d’accord avec de nombreux pays d’Europe et la communauté internationale que la loi de la force ne doit pas s’appliquer au Moyen-Orient », prévient-il au magazine allemand, interrogé sur la possibilité d’annuler le traité de Wadi Araba, (compromis israélo-jordanien).
Mais le royaume jordanien attaquera-t-il militairement Israël, si l’annexion a lieu ?
En novembre 2019, la Jordanie a organisé sous la supervision directe du roi Abdellah des exercices dans l’ouest du pays afin de repousser toute « attaque des forces hostiles ». L’armée jordanienne a simulé en effet une bataille avec Israël. L’exercice portait le nom de « Swords of Karama » (Sabres de Karam), en référence à une opération israélienne contre le Fatah en 1968, qui s’était déroulée près du village de Karama. À l’époque, la Jordanie avait combattu aux côtés du mouvement palestinien Fatah. Les unités de l’armée jordanienne, l’une des meilleures classées du monde arabe, ont mené des exercices défensifs selon un scénario dans lequel le pays serait « envahi ».
Le roi Abdallah, le Premier ministre Omar Razzaz et d’autres hauts responsables jordaniens ont assisté à ces manœuvres.
À l’époque, le chef d’état-major des forces armées jordaniennes, le major général, Yousef Huneiti a déclaré que le but de l’exercice était de se préparer à pouvoir « frapper d’une main de fer quiconque appartenant aux gangs extrémistes et terroristes qui oseraient porter atteinte à la sécurité de la patrie ». Le roi Abdallah II a déclaré aussi que leurs relations avec Tel-Aviv s’étaient empirées plus que jamais. Et les exercices se poursuivent.
La Jordanie se prépare-t-elle à une confrontation militaire avec Israël ? « Vu l’antécédent des relations avec Tel-Aviv et les accords qui relient depuis des décennies les deux parties, mais aussi Amman aux États-Unis, c’est peu probablement. Le roi jordanien tenterait sans doute et avant tout un forcing du côté de l’Europe en exigeant aux Européens de faire pression sur Israël, ce qui ne mènerait à rien. Si l’annexion est faite, c’est toute la Jordanie qui s’embrasera. Le terme “grand conflit” pourrait signifier aussi qu’en cas d’échec de la diplomatie jordanienne à obtenir ce qu’elle cherche via l’Europe, une assistance “militaire” aux Palestiniens pourrait être envisagée. Après tout, rien n’effraie plus le régime israélien qu’une seconde intifada en Cisjordanie où un officier israélien vient d’être tué il y a trois jours. Depuis début 2020, 10 opérations anti-israéliennes sont recensées en Cisjordanie, impliquant fusil ou arme blanche ou voiture bélier. Un appui jordanien pourrait consister surtout à renforcer le côté armé de l’intifada en Cisjordanie. Déjà mêmes les forces élites de l’armée israélienne sont incapable d’enrayer la révolte. Imaginez qu’une armés, comment les Palestiniens pourraient représenter une réelle force contre l’occupation », a estimé un analyste joint par Presstv.
« Vendredi, lors d’une conférence téléphonique avec un groupe de journalistes israéliens, la porte-parole du département d’État, Morgan Ortagus, a déclaré que l’annexion “devrait avoir lieu dans le cadre de pourparlers directs entre Israël et les Palestiniens sur le plan de paix Trump”. Ortagus a ajouté que le roi Abdallah de Jordanie se méfiait de l’annexion et que le traité de paix israélo-jordanien était également important pour les États-Unis - signe que Washington n’est pas trop sûr de son allié jordanien », a-t-il ajouté.