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Incident du 10 mai dans le golfe Persique: Tir ami ou ...?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le missile de croisière iranien Nasr 1. ©Tasnimnews

Quatre équipes d'investigation, mandatées par le ministère de la Défense, l'état-major interarmes, l'armée ainsi que la marine iranienne travaillent depuis 48 heures sur les circonstances du tragique "tir ami" qui a coûté la vie à 19 membres de l'équipage de la corvette Konarak, alors qu'il appareillait en mer d'Oman non loin de Khark, lors d'un exercice militaire le 10 mai. Un missile de croisière antinavire Nasr d'une portée de 35 kilomètres a été tiré depuis la frégate Jamaran et a percuté le Konarak de classe Hendijan. Le ministre iranien de la Défense a affirmé mardi à la presse que le travail d'investigation, bien complexe, n'écartait plus aucune hypothèse : erreur humaine qui aurait dévier le Konarak à hauteur de seize miles de son trajectoire l'exposant ainsi au tir du puissant missile de croisière Nasr ou alors une erreur de ciblage automatique de la part du missile ou de l'opérateur. 

Quoi qu'i en soit, une troisième hypothèse n'est pas à écarter: une action ennemie. Dans son récent édition, The National Interest s'accapare du sujet, faisant un étrange commentaire qui suscite toutes les suspicions : "Cette mésaventure de la marine iranienne remet en cause les capacités navales de l’Iran et elle est particulièrement embarrassante pour un pays qui, il y a quelques mois à peine, a abattu par erreur un avion de ligne ukrainien".

Voilà un enchaînement de faits qui éveille des doutes : "Les Américains seraient-ils pour quelque chose dans cet "incident" alors qu'il y a peu, leur président affirmait avoir donné l'ordre à sa marine de tirer sur les embarcations rapides iraniennes?

Après tout, la destruction en plein air d'un avion de ligne ukrainien le 8 janvier, juste quelques heures après la frappe au missile balistique de l'Iran contre les terroristes américains retranchés à Aïn al-Asad a été donnée par certains observateurs comme l'émanation d'une attaque électronique. Cette supposée attaque électronique qu'aucune source officielle n'a confirmée pourtant, aurait été ripostée, sans que les médias mainstream en parlent, quand le 20 mars le système de DCA iranienne a failli abattre un F-18 américain.

Pour compter dans ses colonnes, l'une des chroniques militaires les plus actives de la presse outre-Atlantique, The National Interest devrait pourtant bien avoir à l'esprit de très graves bavures qui marquent l'histoire de l'armée américaine et Cie : en Irak par exemple entre 2003-2011 où quelque 14 "tirs amis" sont recensés dont quelques-uns particulièrement spectaculaires et impliquant les missiles Patriot, les avions F-18, des navires de guerre tirant les uns sur les autres (https://en.wikipedia.org/wiki/List_of_friendly_fire_incidents). Reste que l'expertise iranienne devrait tirer au clair si oui ou non l'hypothèse d'une attaque électronique contre le système de tir de missile de croisière iranien aurait eu lieu. Une réponse affirmative à cette question coûterait particulièrement chère à l'US Navy. Le 10 mai, à peine quelques heures après le tragique incident de "Konarak", des médias occidentaux ont fait état d'un exercice naval USA/GB/France dans les eaux du golfe Persique : la Ve flotte US à Bahreïn a été l'initiateur de cette manœuvre multinationale de lutte contre les mines (MCM) Artemis Trident, laquelle s'est déroulée non loin des eaux territoriales iraniennes, au large des côtes de Bahreïn avec la participation de la Royale Navy et chose étrange, celle de la Marine nationale française qui pourtant devrait agir indépendamment de l'axe anglo-saxonne soit dans le cadre de cette "coalition maritime anti-Iran" dont le siège se trouve aux Emirats arabes unis.

Quoi qu'il soit, les participants ont choisi le terme "exercice défensif" pour cette manœuvre guerrière dans une région stratégique à laquelle ils n’appartiennent pas et où ils sont présents uniquement dans l'objectif de créer des tensions, voire un conflit ouvert, si l'occasion s'en présente. Aussi, plus de 700 marins US, british et français se sont exercés à "un scénario conçu pour fournir un passage sûr aux navires de secours humanitaires à travers une zone minée". Quelque dix navires et cinq hélicoptères ont été de la partie et le commandant de l'opération, l'Américain Jeffrey Morganthaler, a laissé échapper ce commentaire : « Les mines menacent le trafic maritime. La formation ensemble nous permet de protéger collectivement les opérations sans entrave des navires de guerre et de soutien, ainsi que les mouvements de navigation commerciale, dans tout le domaine maritime. » 

Le mot "collectivement" a tout sen sens : l'US Navy, la Royal Navy et la marine française devront se mettre à trois pour faire face à la seule capacité de minage de la marine iranienne qui dispose de quelque 3 000 mines susceptibles d'être plantées par des corvettes de classe Achoura, des sous-marins, des hélicoptères, ou encore des bateaux à canon. Aussi, le "tir ami" du 10 mai de la marine iranienne ne devrait guère réjouir le camp d'en face. Le missile Nasr et autres composantes de l'arsenal balistique iranien n'attendent que le prouver. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV