La guerre pétrolière que Riyad a déclenchée contre la Russie, et ce, à l’instigation évidente des États-Unis, qui, quels que soient les cours du pétrole, sont dans l’obligation de faire leurs adieux tôt ou tard à leur pétrole du schiste, faute d’un prix d’exploitation exorbitante, et se concentrer exclusivement sur le pillage des richesses pétrolières des autres, ressemble de plus en plus à un piège dans lequel est tombée l’Arabie saoudite.
Après avoir déclenché une quasi-faillite économique du royaume dont les actions ont chuté de 6,8 % cette semaine, un jour après que le ministre des Finances du royaume a annoncé des mesures « drastiques » pour lutter contre les « impacts économiques de la pandémie de coronavirus », l’Amérique a décidé de retirer ses Patriot. Depuis la spectaculaire attaque au drone simultanée d’Ansarallah contre Aramco, le monde entier avait compris que ces batteries n’étaient qu’une parodie de DCA. Ceci étant, le simple fait d’annoncer leur retrait est un défi à l’adresse d’un pouvoir saoudien qui n’a pas de forces armées fidèles à sa cause ni non plus un ancrage populaire propre à lui sauver la tête en cas de bourrasques. En retirant leurs Patriot et surtout leurs conseillers militaires, les USA cherchent-ils à provoquer la chute du pouvoir en prélude, pour quoi pas à démembrement du royaume et à une emprise totale sur Aramco en lieu et place de leur pétrole de schiste agonisant ?
Le ministre des Finances Mohammed al-Jadaan a déclaré dans la soirée du samedi 2 mai, que son pays, premier exportateur mondial de brut emprunterait près de 60 milliards de dollars cette année pour combler un énorme déficit budgétaire. Saudi Jadwa Investment, un groupe de réflexion indépendant, a prévu jeudi 7 mai, que le royaume afficherait un déficit budgétaire record de 112 milliards de dollars cette année tout comme le Fonds monétaire international qui a prévu en avril que l’économie saoudienne se contracterait de 2,3 % cette année. Des ingrédients pour jeter dans les rues, une population saoudienne poussée à bout par plus de six de direction catastrophique du royaume par Ben Salmane ?
Al-Monitor est prémonitoire : Selon son rapport publié 6 mai,"le royaume wahhabite sera témoigne des changements radicaux. Face aux déficits annuels insoutenables, l’Arabie saoudite et les autres membres du Conseil de coopération du golfe Persique devraient considérablement réduire leurs dépenses voire renoncer à leurs mégaprojets.
Al Monitor cite le ministre saoudien des Finances qui affirme :
« La dépendance aux recettes pétrolières et les dépenses publiques massives destinées aux salaires et avantages sociaux ont des limites. Le système est surchargé. L’économie saoudienne dépend encore largement des dépenses publiques et nous devons donc maintenir les finances publiques afin que nous puissions continuer à soutenir l’économie pour les années à venir. Les finances publiques doivent être davantage réglementées. Nous allons réduire les dépenses, même si certaines des mesures prises seront douloureuses ; elles sont dans l’intérêt de tous, dans l’intérêt du pays et dans l’intérêt des citoyens ».
Et le site de se demander : « À quoi ressemble alors une réduction drastique des dépenses publiques en Arabie Saoudite ? Il existe des moyens faciles de réduire les dépenses, en commençant par les grands projets tels que la mégapole connue sous le nom de Neom et en passant par les ministères pour devenir plus efficace. Mais MBS pourra-t-il y mettre aussi facilement une croix de dessus quand on sait qu’il a fait de ce projet, l’essence même de l’Arabie nouvelle ? Il y a aussi la possibilité de mettre fin à la guerre au Yémen, mais là non plus Ben Salmane n’est pas trop libres de choisir puisqu’il s’agit d’un dossier qui relève des rivalités régionales et est devenu une question d’honneur. Reste la masse salariale qui serait beaucoup plus difficile à réduire.
Ce sera un retour en arrière dans les efforts visant à appliquer les frais de visa et à réduire les subventions pour l’électricité et l’eau, le gouvernement accordant 30 % de réduction des tarifs des services publics aux industries et suspendant certains frais de visa, payés par les petites et moyennes entreprises (avec moins de neuf employés) pendant trois ans, et en réduisant les frais de visa d’expatrié pour les entreprises industrielles de 25 %. Or toucher à chacun de ces secteurs reviendrait à susciter des mécontentements. La valeur de la monnaie nationale s’est déjà effondrée ne six ans de règne de MBS et la moindre étincelle pourrait se traduire en une implosion. Et si MBS était tombé dans un grand piège ? Le concours de circonstances est trop beau pour être un simple fruit du hasard.