Désormais il faudrait payer le client pour qu'il achète du pétrole de schiste US et canadien! Le prix du baril de pétrole canadien, le Western Canadian Select (WCS), est brièvement passé lundi sous la barre des 0 $. Cette situation hors du commun signifie que des producteurs paient des acheteurs pour qu’ils prennent leurs produits afin de désengorger le système. Elle signifie aussi que la Russie avec cet ensemble assez important d'États pétroliers cibles des sanctions pétrolières US, Iran, Venezuela... ont remporté une nouvelle manche, bien décisive, alors que la semaine dernière juste après l'accord de l'OPEP plus, certaines sources criaient à l'échec de la stratégie russe dans sa bataille pétrolière contre les USA. Quant à Riyad, et malgré les apparences, il ne pèse pas trop, vu que sa politique pétrolière a toujours ménagé le pétrole de schiste US.
Le président de la Commission des Forces armées du Sénat n'a pas pu se garder d'accuser ce matin Moscou et Riyad d'avoir tenté de détruire les producteurs américains de pétrole et de gaz "en fournissant trop de pétrole aux marchés". Le sénateur républicain James Inhofe, président de la Commission des Forces armées du Sénat a averti dans une lettre à l’adresse du département américain du Commerce que Moscou et Riyad ont l’intention de détruire les producteurs américains de pétrole et de gaz.
« Il est bien évident que la Russie et l’Arabie saoudite continueront de saturer le marché du pétrole, ce qui posera des difficultés à notre sécurité nationale et à notre économie », a dit Inhofe qui croit que les Russes et les Saoudiens "ont trompé Trump tout comme les Chinois" et que " la saignée sur le marché de travail serait impossible à arrêter".
Le prix du baril de brut texan, le WTI, référence du marché américain, a chuté lundi à 1 cent le baril. Donald Trump, en incitant les pays membres de l’OPRP+ à réduire leur production, a tenté d’augmenter le prix du pétrole en vue d’éviter la faillite des compagnies pétrolières américaines. Difficile défi à relever! En raison de la propagation du coronavirus qui ont touché de plein fouet les marchés économiques, le prix du pétrole a fait une chute libre, ce qui a conduit à l’arrêt d’une partie de Shell.
Auparavant, Trump avait tenté, lors d’un entretien téléphonique, de contraindre Poutine de réduire en coopération avec l'Arabie saoudite leur production de 10 millions de barils par jour pour sauver l’économie américaine. Et ce coup de force avait débouché sur un accord, peine perdue, le pétrole de schiste n'a pas pu remonter la pente.
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Aux États-Unis, on cherche évidemment le coupable. De nombreux alliés républicains de Trump ont appelé à l'arrêt des achats de pétrole en provenance d'Arabie saoudite. À cet égard, Trump a affirmé que les États-Unis avaient d'énormes réserves de pétrole et qu'il envisagerait de suspendre les achats en provenance d'Arabie saoudite. Les jours sont désormais comptés pour la famille régnante saoudienne : La Maison-Blanche tentant de prendre directement en main l’Aramco (Saudi Arabian Oil Company) privatisée à hauteur de 1,5 % en décembre dernier. Elle priverait ainsi les Salmane de leur unique source de revenus en échange de leur maintien au pouvoir. Quant à la Russie, elle saura encaisser le coup puisque le jeu vaut la chandelle: Moscou vient de se débarrasser de deux adversaires de taille", estime un expert.