TV

Coup d'Etat pétrolier US contre Riyad porte ses fruits, qui saura sauver MBS?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane. (Archives)

Dans une interview accordée à Energy Intelligence, le prince saoudien Abdulaziz bin Salmane a déclaré que l’Arabie saoudite n’avait pas l’intention de faire souffrir les producteurs américains de pétrole, avec sa décision d’augmenter sa production et en cassant les prix aux raffineurs. Pour ceux et celles des analystes qui continuent à croire l'Arabie des Salmane capable de se lancer dans une guerre "totale" contre les USA et leur pétrole de schiste, l'affirmation de Bin Salmane devront servir de boussole pour les détromper.

Jamais le mégalomane prince de Riyad n'aurait osé agir contre les Etats-Unis, lui qui depuis l'arrivée au pouvoir de Trump a extorqué le plus d'argent possible à chacune de ses folies lesquelles font une très longue liste : ( guerre contre le Yémen, guerre contre l'Iran, Neom...). Au fait, bien que l'accord signé le 13 avril entre le géant pétrolier saoudien Saudi Aramco et la Russie ait limité la production des principaux producteurs mondiaux de pétrole, les courts ne sont pas partis à la hausse, loin s'en faut. Le rebond enregistré peu de temps après l'annonce de l'accord qualifié de historique s'est heurté aussitôt en Asie à un plafond d'inquiétudes, les marchés asiatiques redoutant que cet arrangement difficilement trouvé entre grands pays producteurs ne suffise pas à réduire la surproduction tandis que la pandémie de coronavirus continue de laminer la demande.

Alors qu'en Asie et en Europe,  Aramco a réduit son prix de vente officiel pour les acheteurs de façon significative - 4,20 dollars le baril, quitte à réduire la part des compagnies pétrolières russes en Chine et en Inde dans le contexte de la baisse continue de la demande de pétrole, aux Etats-Unis, l'Arabie saoudite a augmenté ses prix  afin de faciliter la situation liée à la production de pétrole de schiste américain et rendre ainsi le plus grand service qui soit au "maître américain". En effet, à quelques lieux des Etats-Unis à l'Alberta canadien, le prix du baril de pétrole extrait des sables bitumineux oscille autour de 5 dollars. L’entente de l'OPEP plus pour réduire la production mondiale de 10 % paraissant bien insuffisante pour faire remonter les prix. A ce rythme pas question que Riyad tape du poigne sur la table US.

Surtout que la manœuvre pétrolière de Riyad s'accompagne d'un mouvement en coulisse tendant asseoir peu à peu l'entière ascendance US sur le pétrole du Royaume. Alors que Washington supervise la défaite saoudienne au Yémen, Victoria Coates, a été nommée il y a quelques semaines envoyée spéciale des États-Unis pour l’Énergie. Elle réside depuis un mois dans la capitale saoudienne avec pour mission de prendre directement en main l'Aramco qui a été privatisé juste avant la crise de Covid-19 soit en décembre à hauteur de 1.5 pourcent. Coates priverait ainsi les Salmane de leur unique source de revenus, prête à anticiper leur effondrement.

Air du temps, l'Aramco commence à frapper les portes du FMI pour faire des empruntes. Selon Reuters citant trois sources bancaires, Saudi Aramco est en pourparlers avec les banques pour un prêt d'environ 10 milliards de dollars afin de financer son acquisition d'une participation de 70% dans Saudi Basic Industries Corp (SABIC). En effet, l'Aramco a accepté l’année dernière d’acheter la participation majoritaire du groupe de pétrochimie saoudien SABIC au fonds patrimonial du royaume pour 69,1 milliards de dollars, concluant l’une des plus importantes transactions jamais conclues dans l’industrie chimique mondiale. Plutôt que de servir les intérêts des Saoudiens, une telle démarche vise à faire un maximum de bénéfices aux USA qui s'apprêtent à faire la leur Aramco. 

Ainsi après avoir été manipulé et méprisé par Jared Kushner et Donald Trump qui l'ont poussé à arrêter des centaines de membres de la cour, à mener des purges au sein de l'armée saoudienne, à couper tout pont avec la minorité chiite, à chercher constamment la guerre au voisin iranien, Ben Salmane se voit désormais menacé par 11 sénateurs républicains d’États pétroliers de deux projets de loi ordonnant le retrait des troupes US d’Arabie. Un retrait qui ouvrirait la voie à des changements radicaux, genre un possible coup d'Etat. Car on ne sait que trop bien que les militaires US et leurs équipements déployés sur l'ensemble du territoire saoudien ne visent pas à protéger l'Etat mais la famille royale. Une instabilité s'en suivrait à laquelle Ben Salmane ne pourrait survivre.

Mais MBS, un prince héritier fini? 

Certains observateurs tournent peu à peu les yeux vers la seule partie potentiellement à même de tendre une main secourable, honnête et fiable à Riyad: l'Iran. Embourbé sur tous les fronts, Riyad pourrait voler à son propre secours en envisageant une réelle trêve avec la Résistance à commencer par la Résistance yéménite pour arriver à l'Iran. Surtout que la guerre contre le Yémen est à l'origine d'une incessante saignée budgétaire en Arabie et d'infinies dissensions internes et un discrédit international grandissant.

Après tout, la paix avec Ansarallah et le dégel avec l'Iran ne sont pas les plus difficiles morceaux à avaler dans cet obscure tableau qui est brossé sous les yeux des responsables saoudiens quant à l'avenir de leur dynastie tout comme celui du pays. Un Riyad frappant à la porte de Téhéran ou mieux dire, répondant aux appels de trêve de l'Iran prendrait diablement de court la seule partie qui tire bénéfice d'infinies guerres fratricides au Moyen-Orient, l'Amérique... La Covid-19 est une perche que MBS devra saisir. Après quatre ans, un premier avion bahreini s'est posé il y a deux jours à l'aéroport de Téhéran pour rapatrier les Bahreïnis bloqués à Mashad.
 

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV