Début février, la ministre française des Armées a lancé la coalition maritime anti-Iran dont le siège se trouve aux Émirats. Lors d'un forum à Bahreïn, Mme Parly a été jusqu'à reprocher aux Américains "leur refus de riposter" aux "actes de sabotage de l'été 2019 contre les pétroliers" qu'elle a allègrement attribués à l'Iran. Quelques semaines plutôt, quand le régime israélien s'en est pris pour la énième fois consécutive à Damas, causant la mort des combattants de la Résistance, la France s'était déclarée solidaire avec Israël allant jusqu'à dire qu'elle 's'estimait liée" par sa sécurité. Tous ces actes militaires hostiles se greffaient évidement sur un absurde désengagement diplomatique à degré croissant envers l'accord nucléaire que l'Iran a signé avec l'Europe en 2015 par respect pour un ordre multilatéraliste qui devrait voir en Europe non pas une subalterne des USA, mais un partenaire. Mais le vendredi 20 mars, un petit couac est venu se produire dans ce concert hostile que Paris s'est mis à chanter depuis bientôt 3 ans à l'adresse de l'Iran.
La France a libéré un ingénieur iranien que la justice française avait décider d'extrader, au mépris du droit international, aux États-Unis. Ce samedi, l'Iran a libéré en réponse, Roland Marchal, ressortissant français, détenu en Iran pour atteinte à la sécurité de l'État iranien alors qu'il avait été condamné à cinq ans de prison et qu'il n'avait purgé qu'une très petite partie de sa peine. Le Français a été remis à l'ambassade française à Téhéran. Emmanuel Macron a confirmé dans la journée sa libération en ces termes: "« Emmanuel Macron est heureux d’annoncer la libération de M. Roland Marchal emprisonné en Iran depuis le mois de juin 2019. Il arrivera en France ce samedi 21 mars en milieu de journée ».
Les observateurs politiques voient à travers cet échange de "prisonniers" un échec, non pas celui de l'Iran ou de la France, mais celui des États-Unis d'Amérique. Que Paris fasse le premier pas pour briser le glace qui pèse sur les relations bilatérales, et ce, pour cause unique de suivisme français à l'égard de Washington, il y a là un geste qui mérite d'être salué. En annonçant la nouvelle de la libération de Marchal, Emmanuel Macron a également demandé aux responsables iraniens de libérer immédiatement Fariba Adelkhah, oubliant sans doute que l'Iran est en guerre ouverte contre l'Amérique, guerre à laquelle les "alliés européens" de Washington contribuent. Enfin les presque alliés.... La désillusion devrait être grande à Paris comme à Berlin ou encore à Londres de voir comment la "soi disant solidarité transatlantique" fonde comme de la neige au soleil sous les coups de Covid-19.
Alors que l'Iran tient bon face à un virus qui a l'air d'une bioarme et que ce samedi 21 mars, on annonce, à la quatrième semaine de lutte acharnée contre la Covid-19 un ralentissement de sa propagation dans la capitale et dans 11 autres des 31 provinces iraniennes , la France, tout comme l'Italie, l'Espagne et le reste de l'Europe s’enfonce dans la crise sanitaire sous les yeux indifférents de l'Amérique. On dit même que Washington aurait poussé Paris et Berlin à bloquer l'acheminement de l'aide chinoise à Rome, ne serait ce que pour se venger de al victoire chinoise sur le coronavirus.
A Téhéran, on aime croire que le geste français est un défi que Paris lance à l'adresse des États-Unis en signe de protestation à autant d'injustice à l'égard des alliés. Pour la petite histoire ; alors que la majorité des pays européens ont décidé de suspendre des vols à destination de l'Iran, la France a décidé, elle, de les préserver. Cet échange de prisonniers, amorcé par la France est-ce une main tendue vers l'Iran pour désamorcer les tensions? Après tout ce ne sera pas une mauvaise idée : la France a tout à gagner en se rapprochant de l'Iran, de la Syrie, de l'Irak et du Hezbollah... économiquement et militairement... Enfin si elle osait franchir le pas. On dit que le néolibéralisme ne survivra à la Covid-19 ni non plus l'athlantisme. C'est donc le moment ou jamais.