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Guerre Arabie/Russie: la carte gagnante de Poutine?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les blocs pétro-gaziers au Yémen.(illustration)

Mercredi, les forces yéménites ont fait une nette percée à Maarib, ce bastion de Riyad et de ses acolytes qui importe plus que tout aux pétroliers américains et britanniques qui y pignon sur rue, sur le dos des millions de yéménites boycottés à la faveur de la guerre des Salmane. Le front de Sirwah à Maarib au nord-est de la province de Sanaa a donc été largement ouvert. Placé devant al-Jawf et Mahra, elles aussi des villes pétrolifères, Mahra se trouve au cœur de la bataille de l'énergie dans en mer Rouge là où l'Amérique et ses alliés arabes mènent une rivalité féroce contre la Chine mais aussi la Russie. D'où l'intérêt que la Russie aurait à apporter à Ansarallah.

Dans un article récent, Al-Arabi Al-Jadeed explique comment les USA par le biais des Emirats se dément pour créer un méga gazoduc en mer Rouge, propre à lui fournir de quoi rivaliser avec le géant du secteur, la Russie. "Les Émirats arabes unis ont désigné sept plateformes offshore pour l’extraction du pétrole et du gaz. Quatre de ces unités se trouvent en mer d’Oman et dans le golfe d’Aden et les autres se trouvent sur la côte ouest du Yémen en mer Rouge, y compris des bases à Ras Imran près de Bab al-Mandeb.

La guerre au Yémen a servi de prétexte aux Emirats pour en chasser toutes les autres compagnies à part celles cautionnées par les Etats-Unis. Les Émirats arabes unis ont en effet usé de leur présence au sein de la coalition militaire saoudienne pour accroître leur influence non seulement sur les ports et les îles stratégiques du Yémen par le biais des groupes armés qu’ils soutiennent mais aussi sur son pétrole et son gaz". 

"Le Yémen contient 105 champs pétroliers, dont 81 sont exploités. 45 plateformes d’extraction pétrolière offshore y ont été identifiés et les résultats d’au moins dix d’entre eux sont positifs. La plupart se trouvent dans les eaux yéménites. Le Yémen est donc merveilleusement placé pour devenir un pôle pétro-gazier idéal surtout qu'il a des dizaines d’îles et de ports. Or une guerre inscrite dans la durée permettra à l'axe Riyad-Abou Dhabi de piller cette richesse tout en se donnant de quoi contrecarrer les adversaires pétro-gazier."

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Le journal évoque ensuite le groupe français Total qui avait signé le 29 août 2005 un accord avec le gouvernement de l’époque, pour ce qui sera le plus important investissement jamais réalisé dans le pays :

"Total a été le leader, avec près de 40 % du capital de Yemen LNG, et l’opérateur industriel de l’ensemble. Un gazoduc de 320 kilomètres a été même construit, une usine de liquéfaction géante édifiée sur la côte à Balhaf, un port mis en place et quatre méthaniers commandés aux chantiers navals coréens et indonésiens. Total France, avait même convenu avec le gouvernement en 2006 de modifier le prix du gaz naturel liquéfié (GNL) négocié par son prédécesseur en échange du droit d’extraire du pétrole dans les eaux yéménites. Dans un rapport remis au gouvernement yéménite de l'époque, le président de Total avait même décrit le Yémen comme « bon et rentable », et estimé que si le gouvernement yéménite élargissait son partenariat avec Total pour mener des opérations en mer Rouge et en mer d’Arabie, il connaîtrait un succès économique incroyable. Or la guerre a éclaté, faisant tomber à l'eau ce vaste projet". 

Aussi bien l'Arabie saoudite que les EAU posent désormais un vrai obstacle au retour des entreprises étrangères qui ont signé des contrats avec le gouvernement yéménite. Seules la société autrichienne OMF et une société des Émirats arabes unis qui investit dans l’un des champs pétroliers de Shabwah, ont été autorisées à revenir. Les Émirats arabes unis ont annoncé leur retrait du Yémen le mois dernier, mais ils contrôlent toujours les ports et les bases économiques. D’un côté, la coalition Arabie-EAU-USA veulent dominer les ressources du Yémen, et de l’autre, elle cherche à contrecarrer les tentatives du gouvernement yéménite d’exporter le peu de sa production. Depuis la fin de l'OPEP plus et la guerre que Riyad vient de déclarer à la Russie, certains observateurs évoquent la question estimant qu'un soutien direct de la Russie à Ansarallah pourrait changer la donne en défaveur de l'Arabie des Salmane qui a mis son pétrole à la disposition de la machine de guerre US et au service des projets expansionnistes des USA dans la région, ajoute le journal.  

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV