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Détroit d'Hormuz bouché: pourquoi l'Iran ne se fera pas piéger?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des réservoirs déjà instaurés à Jask. ©Mizan

Et si les USA poussaient l'Iran à fermer le détroit d'Hormuz? La possibilité existe toujours. Mais comme l'Iran est un pays exportateur, il semble peu probable qu’il se laisse piéger !

Environ 35% de l’approvisionnement pétrolier mondial dépend du transit du brut à travers le détroit d’Hormuz entre le golfe Persique et la mer d’Oman. Selon des experts, c’est cette importance stratégique du détroit d’Hormuz qui explique une toute récente décision du gouvernement iranien pour accélérer le projet du développement des installations portuaires de Jask, à l’est du détroit d’Hormuz et pas loin du golfe Persique.

Simon Watkins, journaliste économique du site d’informations et d’analyses « Oil Price » souligne dans un article publié le 2 mars que le port iranien de Jask ne se situe pas dans le golfe Persique mais au sud-est du détroit d’Hormuz et qu’il donne sur la mer d’Oman (océan Indien). Cela offre la possibilité à l’Iran d’avoir de nouvelles installations portuaires éloignées des tensions rôdant autour du golfe Persique.

« C’est un itinéraire de transit maritime sans risque vers les principaux clients de l’Iran en Asie, comme la Chine et l’Inde. Il en va de même pour des marchés plus loin situés au sud, en Afrique », écrit Simon Watkins.  

Selon les récents commentaires de Touraj Dehqani, directeur général de la société iranienne Petroleum Engineering and Development Company (PEDEC), en charge de la réalisation du projet de Jask, la construction des oléoducs s’accélère et la première phase de l’exportation du brut iranien à partir du port commencera au cours des douze prochains mois.

Quand les installations et les oléoducs de Jask seront pleinement opérationnels, ce projet permettra d’exporter un million de barils de brut iranien par jour, extraits essentiellement des champs de la région « Karoun Ouest » (province du Khouzestan). En outre, Jask sera également un point de départ d’exportation en Asie de matières premières venant des raffineries et des usines pétrochimiques.

Pour insister sur l’importance du projet de Jask, M. Touraj Dehqani a déclaré: « Le modèle logistique actuel n’est pas durable, étant donné qu’environ 90% de l’ensemble du pétrole exporté par l’Iran est actuellement chargé au terminal qui se trouve sur l’île de Kharg [golfe Persique]. Le reste est chargé aux terminaux des îles de « Lavan » et de « Syrie » qui se trouvent également dans le golfe Persique. »

La construction d’un oléoduc reliant le site pétrolier de Shoeybiyeh situé dans la province iranienne de Khouzestan au port de Jask (province de Hormozgan) coûtera 1.8 milliard de dollars. Le brut transféré à Jask par cet oléoduc sera stocké dans les 20 grands réservoirs qui y seront mis en place, chacun pouvant contenir 500 000 barils (10 millions de barils au total) pour un chargement ultérieur sur les supertankers.        

Les supertankers seront hébergés dans des installations portuaires dont la construction coûtera environ 200 millions de dollars dans la première phase. À la phase suivante, la capacité du terminal de Jask sera augmentée pour permettre l’exportation régulière de divers produits pétroliers et pétrochimiques vers les marchés asiatiques. Selon des sources proches du projet de Jask, il s’agira notamment de l’exportation des produits tels essence, le gazole, le JP5 (carburant pour avions à réaction), le soufre, le butadiène, l’éthylène, lepropylène et le monoéthylène glycol.

Le directeur des projets de la société National Petrochemical Company, Ali-Mohammad Bossaqzadeh, a récemment déclaré que cette partie du projet de Jask serait réalisée par Bakhtar Petrochemicals Holding, bien que les sociétés étrangères puissent également y participer. Selon des sources informées, la Chine a proposé d’envoyer en Iran des équipes d’ingénieurs et d’experts techniques pour aider à la réalisation du projet.

« Notre objectif dans les douze prochains mois est que Jask puisse augmenter sa capacité de stockage jusqu’à 30 millions de barils, avec une possibilité d’exportation de 2 à 2,5 millions de barils de pétrole par jour », a-t-il déclaré.

Bien que l’initiateur du projet, à savoir Hassan Rohani, est interdit selon la constitution iranienne à se présenter à la prochaine présidentielle de 2021, tous les indices montrent que son projet est soutenu par l’ensemble de la classe politique iranienne. C'est normal, il y a là un projet ultra-stratégique qui resserre davantage l'étau sur l'adversaire en cas de crise.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV