L’éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan a déclaré qu’il ne reste que trois jours jusqu’à la date limite fixée par le président turc Recep Tayyip Erdogan pour que l’armée syrienne retire des villes, des villages et des localités récemment libérés dans la province d’Idlib. Mais il n’y a aucun signal montrant le fait que Damas ait pris les menaces de la Turquie au sérieux. Bien qu’Ankara ait déployé 15 000 militaires supplémentaires aux frontières avec la Syrie, l’armée syrienne continue d’avancer dans la province du nord du pays, a indiqué Atwan.
« Jusqu’à présent, cinq réunions ont eu lieu entre les autorités russes et turques à Ankara et Moscou, mais n’ont pas permis de parvenir à un accord qui évite une éventuelle confrontation militaire entre les deux parties. Même le sommet quadripartite entre les dirigeants russe, français, allemand et turc prévu la semaine prochaine (5 mars) à Istanbul n’a pas reçu une réponse positive de la part du président russe Vladimir Poutine dont son porte-parole Dmitri Peskov vient d’insister sur la détermination de Moscou d’éliminer tous les groupes terroristes ».
Le général de brigade Ahmad al-Rahal, un ancien commandant militaire de l’armée syrienne a affirmé cette réalité lorsqu’il a qualifié lundi les pourparlers de Moscou d’insultes pour la partie turque et a insisté sur le fait que la partie turque était en colère sans présenter plus de détails. Selon le rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm cela montre que la partie russe avait critiqué les agissements turcs et la non-application des articles de l’accord de Sotchi (conclu en septembre 2018), qui appelle la Turquie à séparer l’opposition armée des groupes terroristes.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré dans un discours lors de la réunion du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève que son pays rejetterait les appels à mettre fin à l’attaque de la Syrie soutenue par Moscou à Idlib. « Certains de nos collègues justifient volontairement ou non les exactions de groupes radicaux et terroristes, a-t-il déclaré. Il est difficile d’expliquer leurs propos sur la possibilité de conclure une trêve avec des bandits, comme c’est le cas à Idlib. Ce n’est pas préserver les droits de l’homme : c’est capituler face aux terroristes, voire même encourager leurs actions. »
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« Alors que la Russie refuse de donner des concessions à la Turquie en ce qui concerne la bataille d’Idlib, le président Erdogan n’a que deux options : premièrement, ordonner à ses forces d’attaquer Idlib et d’effacer les groupes terroristes y compris Hayat Tahrir al-Cham (HTC) dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de Sotchi, et deuxièmement, mettre à exécution ses menaces d’attaquer l’armée syrienne qui entraînerait le massacre de plus de mille soldats turcs déployés dans les postes d’observation turques dans la province d’Idlib, qui sont complètement assiégés par les forces syriennes ».
L’invasion de la Syrie par Erdogan qui a entraîné des pertes massives parmi les militaires turcs, la destruction des véhicules blindés et l’abattement par la DCA syrienne d’un drone Anka, coûtant plusieurs millions de dollars, a provoqué des protestations au sein de l’armée turque, ce qui menace Erdogan d’un nouveau coup d’État si ce dernier n’est pas en mesure d’assurer la sécurité des troupes turques en Syrie.