En Irak, des millions de personnes, celles-là mêmes que Mike Pompeo, aux premières heures après l'assassinat ciblé du commandant en chef de la Force Qods donnait pour être "exubérants de joie", participent en ce moment même à ses funérailles. Pour les analystes qui connaissent les US et les coutumes de la région, c'est un signe qui ne trompe pas: deux tiers des Irakiens, soit les habitants de Bagdad, de Kazemeyn, de Najaf et de Karbala, villes par où passera ce samedi le cortège funèbre du général iranien et de ses frères d'armes irakiens, sont prêts à s'armer et se battre contre les troupes US jusqu'à ce qu'elles se retirent de la région.
Vendredi soir, la première fatwa anti-US est tombée, celle de l'Ayatollah Haeri qui a décrété illicite la présence des forces d'occupation en Irak, puisque cela "nuit aux intérêts des Irakiens" et qui cause "la mort de ces derniers". Les composantes de l'axe de la Résistance ont vu leurs rangs étrangement grossir ces dernières heures surtout celles qui ont une large présence en Syrie, non loin des frontières de l'entité sioniste. Certains experts spéculent déjà, prévoyant une réactivation imminente des fronts de combats au sud de la Syrie et au Liban.
Vendredi, le régime israélien a placé des appareils destinés à perturber les communications au Golan occupé, et empêcher ainsi toute opération de renseignement, peine perdue: les cibles sont bien choisies. Ce samedi, le porte-parole des comités de la Résistance palestinienne, Abou Mujahed al-Barim, tout en condamnant l'assassinat du général de corps d'armée Soleimani et ses frères d'armes irakiens a lancé cette phrase qui devra donner bien à réfléchir aux sionistes : "Nous sommes les combattants fidèles de Soleimani qui a fait don de sa vie pour libérer la Palestine et nous nous tenons prêts pour toute éventualité".
Mais ce n'est pas tout : dans une déclaration ferme, Akram al-Kaabi, le secrétaire général du Harakat Hezbollah al-Nujaba, dont l'organisation détient des milliers de soldats en Syrie, non seulement à l'Est mais aussi au Sud, organisation qui a créé en 2017 une armée de libération du Golan occupé qui reste à l'écoute de Damas pour passer à tout moment à l'acte, a promis de venger la mort en martyr du général Qassem Soleimani et d’Abou Mahdi al-Mohandes, chef adjoint des Hachd al-Chaabi. "Le départ de ces deux grands martyrs ne signifie pas la fin du combat qu’ils dirigeaient dans le but d’éliminer la maudite présence des Américains et celle de leur marionnette israélienne", a-t-il prévenu avant de souligner que la colère ne s'apaisera qu'une fois la revanche prise.
« Nous choisirons la manière et le moment de la riposte aux États-Unis. Vous n’échapperez pas à l’enfer que nous avons prévu pour vous. Nos forces bien armées sont en état d’alerte maximal et n'attendent que l'ordre de la hiérarchie pour passer à l'acte. Les troupes d'occupation vont toutes être éliminées avec ou sans l'aval du Parlement », a-t-il mis en garde avant de rappeler aux Américains et aux Israéliens qu'ils venaient de « commencer une guerre dont ils sont incapables non seulement de finir mais tout simplement de mener.
Al-Nujaba a-t-il déjà activé ses réseaux au Golan occupé?
Mais Al-Nujaba n'est pas le seul : pour avoir été pris pour cible de la frappe du 24 décembre, Kataeb Hezbollah vient de lancer un appel fort significatif : Abu Ali al-Askari, responsable de sécurité de Kataeb Hezbollah (Hezbollah irakien) a appelé à volontaires pour lancer des "opérations martyres" contre les agresseurs américains et israéliens. C'est un cauchemar que les forces US et israéliennes craignent le plus : « J’appelle les combattants et tous ceux qui ne supportent plus l'occupation américaine à s'inscrire et je serai honoré d’être le premier pour tomber en martyr si Dieu le veut et mettre fin à la présence des Américains en Irak », a-t-il écrit dans un tweet publié, vendredi 3 janvier.
« La mort pour nous n’a rien d’exceptionnel. C'est un honneur quand il s'agit de libérer notre terre, de retrouver notre souveraineté bafouée, notre honneur souillé. Le glorieux général Qassem Soleimani, Abou Mahdi al-Mohandes et les combattants qui les accompagnaient se sont hissés au rang des martyrs par les pires créatures qui soient. Mais les Américains et les Israéliens ne savent pas qu'en les tuant, ils ont fait de chacun de nous, un Soleimani et un Abou Mahdi », a déclaré le communiqué de Kataeb Hezbollah.
À l'heure qu'il est, Israël multiplie les médiations auprès de la Résistance palestinienne via Le Caire pour qu'elle "évite de venger le sang de Soleimani" et de "s'en prendre à coup de missiles et drone au sol israélien". Les patrouilles aériennes sur les frontières avec le Liban sont multipliées mais les analystes militaires israéliens sont bien unanimes : "l'Iran et ses alliés se vengeront de la manière la plus imprévisible qui soit", dit Haaretz, citant l'un d'enter eux.