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" L'année 2020 marquera la fin de la présence US en Irak et la région"(Athlantic)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La grande guerre pour l'expulsion des forces US au Moyen-Orient a commencé.( Photo de Reuters: les soldats US évacuent l'in des leurs, blessés en Afghanistan)

Quelques heures avant le lâche assassinat du haut commandant iranien, Qassem Soleimani non loin de l’aéroport de Bagdad, assassinant aussitôt revendiqué par le Pentagone, un think tank américain mettait en garde contre toute folie de l’administration US qui la mettrait face à face avec l’Iran. « Atlantic Council » ralliait ces déclarations du démocrate Joe Biden qui en réagissant à l’assassinat ciblé du commandant iranien, a critiqué Trump ce vendredi pour avoir fait la pire des choses à savoir ce qui pourrait, au lieu de réduire les pertes US en Irak, en redoubler le nombre ». Atlantic va ainsi de son commentaire : la présence militaire des Américains en Irak touchera à sa fin en 2020 ».

Spécialisé dans les relations internationales, Atlantic Council affirme dans son article du mercredi 1er janvier, que la frappe américaine visant des positions des Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire) le 29 décembre suivie des manifestations en masse des Irakiens devant l’ambassade US à Bagdad n’augure rien de bon et donnent à penser à plus d’un titre que « les diplomates et les militaires américains comptent leurs derniers jours en Irak ». Citant Abbas Kadhim, directeur de l’Initiative d’Irak à Atlantic Council et chercheur du Moyen-Orient, l’auteur écrit : « Début 2019, j’avais déjà prédit que les forces américaines se retireraient d’Irak avant la fin d’année et ma prévision tenait surtout compte des appels au Parlement irakien pour adopter une loi exigeant le retrait US. Ma prédiction était juste. Puisque tout au long de l’année passée, les tensions n’ont cessé de s’amplifier au parlement, diverses formations politiques ayant appelé à la révision du pacte de sécurité signé avec Washington. Pour cette année 2020, ma prévision est qu’aucune force américaine ne restera en Irak d’ici la fin de l’année ».

Kadhim fait remarquer que « la frappe du 29 décembre contre les 5 bases des Hachd al-Chaabi à Qaëm et à Abou-Kamal avait faussé tous les calculs des stratèges américains, car “elles ont renversé la tendance et ligué tous les Irakiens, politiques comme hommes de rue, derrière les Hachd” : “Des blocs politiques irakiens toutes tendances confondues ont condamné les frappes américaines et cette erreur de calcule a poussé les dirigeants politiques irakiens à formuler très clairement l’exigence du retrait des troupes américaines d’Irak. C’est une erreur inouïe qui fait très rapidement perdre aux États-Unis le contrôle de la situation”.

Abbas Kadhim relève que “les manifestants, qui campent depuis des mois sur la place Tahrir pour la justice sociale, ajouteront désormais le retrait des forces américaines à la liste de leurs revendications à remettre au futur Premier ministre, si ce n’est au PM par intérim et avec du sang sur les mains, les États-Unis ne sont plus défendables. S’il est vrai qu’Abdel-Mahdi a réussi, l’année dernière, à empêcher un vote parlementaire pour demander le retrait des troupes américaines, il n’en reste pas moins que la situation en Irak est aujourd’hui tout à fait différente et le futur Premier ministre ne sera pas dans une position plus forte non plus pour pouvoir contrer une telle exigence. Et pour toutes ces raisons, je crois sincèrement que les jours des Américains en Irak sont comptés, que ce soit en termes diplomatiques, militaires voire commerciaux”, a-t-il conclu.

Abbas Kadhim prédit qu’au cas où les forces américaines ne quitteraient pas le sol irakien, il se peut qu’il y ait des victimes dans leurs rangs, tout comme ce qui s’est passé avant 2012.

Et de continuer : “Comme nous l’avons vu ces derniers jours, les principaux dirigeants irakiens ont rejoint la colère anti-US. Moqtada al-Sadr a aussi fait état de son entière disponibilité à travailler avec les Hachd al-Chaabi pour mettre fin à la présence militaire américaine en Irak. Il a dit que ce sera par voie politique et juridique, mais rien ne dit que l’option politique puisse reste définitivement de vigueur. Le bureau du grand ayatollah Sistani a publié quant à lui une déclaration condamnant l’attaque américaine, appelant au respect de la souveraineté de l’Irak. L’une des conséquences les plus importantes de cette crise est que tout candidat proaméricain au poste de Premier ministre n’aura pratiquement aucune chance d’être confirmé par le Parlement irakien dans les semaines à venir. Une autre conséquence critique, qui sera exploitée par beaucoup, est que l’attention, en Irak, se détournera de la place Tahrir pour se focaliser sur la présence américaine, son ambassade et ses troupes. C’est donc un combat perdu d’avance pour les États-Unis”.

L’auteur de l’article rappelle que les manifestants, qui avaient campé à l’extérieur de l’ambassade des États-Unis, ont accepté de démonter leurs tentes, mais non pas par crainte de la réaction US, mais à la demande des dirigeants des Hachd qui ont accepté l’appel du gouvernement en échange de la réactivation de la procédure légale pour un retrait des États-Unis de leur pays. Ils ont dit :  «Leur prochaine étape consiste à mener la lutte au Parlement pour expulser les troupes américaines”, a écrit Abbas Kadhim, ajoutant que cette étape était l’objectif de nombreux dirigeants irakiens depuis l’annonce de la victoire sur Daech.

Et de continuer : “En février 2019, lorsque le président Donald Trump a déclaré que des troupes américaines étaient stationnées en Irak pour surveiller l’Iran, de nombreux dirigeants irakiens ont appelé à leur expulsion, mais l’administration américaine a réussi à assurer aux Irakiens que l’accord signé entre Washington et Bagdad, ainsi que la Constitution irakienne seraient pleinement respectés. Quand Israël a bombardé des bases des Hachd al-Chaabi à l’intérieur de l’Irak en août 2019, les États-Unis ont évité une crise en niant toute coordination avec les Israéliens. Maintenant que les États-Unis ont frappé les Hachd en Irak, écrasante sera la pression sur le gouvernement et le Parlement irakiens pour l’adoption d’une loi permettant l’expulsion des troupes américaines. L’adoption d’une telle loi, ce n’est qu’une question de temps. La seule question est de savoir si ce sera un retrait complet, comme le demandent les partisans des faucons, ou s’il y aura un compromis pour réduire les troupes et laisser un très petit nombre de formateurs”.

Le chercheur d’Atlantic Council a ajouté : “Il en va de même pour les demandes de fermer l’ambassade des États-Unis à Bagdad. Les États-Unis seront très probablement en mesure de maintenir une présence diplomatique importante en Irak, mais celle-ci ne sera pas aussi importante que par le passé. Si les relations entre les États-Unis et les Hachd al-Chaabi restent aussi hostiles, il sera très difficile de maintenir une forte présence américaine à l’extérieur du complexe de l’ambassade dans la Zone verte”.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV