Seulement quelques jours après la quasi déclaration de guerre anti-iranienne de la ministre française des Armées, Florence Parly, à Manama où l'intéressée a reproché à Washington de ne pas avoir "attaqué l'Iran" en été, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian dit que son pays est prêt à "activer" le mécanisme qui permet le retour des sanctions européennes contre l'Iran.
Ainsi après s'être posé en sauveur du PGAC (accord de Vienne), puis en médiateur de paix entre USA/Iran, la Macronie fait un virage à 360 degré pour tuer tour à tour le PGAC et les chances de paix entre l'Iran et l'Occident. Avouons que le virage est trop radical et qu'il ne tient visiblement pas compte d'un important facteur: la retenue iranienne a des limites.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a ainsi menacé mercredi que Paris "envisageait sérieusement de déclencher un mécanisme inclus dans le PGAC", et qui "pourrait engendrer le rétablissement de sanctions de l'ONU contre le pays".
Et Le Drian d'accuser gratuitement: « Tous les deux mois, il y a une encoche supplémentaire (de l'Iran) si bien qu'on s'interroge aujourd'hui, je le dis très clairement, sur la mise en œuvre du mécanisme de règlement des différends qui est prévu dans le traité ».
Le diplomate et ex-ministre de la Défense, n'a pas jugé nécessaire en revanche d'expliquer aux députés français pourquoi l'Iran, jusqu'à il y a une date très récente, respectueux de ses engagements nucléaires, se mettait à faire des soi-disant « encoches » à l'accord de Vienne.
Pendant des années, Paris a compté sur la puissance logistique américaine au Moyen-Orient et en Afrique et en dépit de l'annonce par Emmanuel Macron de la mort cérébrale de l'OTAN, il n'existe presque aucune chance pour que la France puisse militairement agir hors du pré carré américain. Même lors des batailles menées par les forces terrestres françaises au Mali pour réprimer les tribus Touaregs qui s’approchaient de la capitale, Bamako, c’étaient bien des aéronefs américains qui avaient appuyé des troupes françaises pendant la bataille.
Alors du coup de bluff à la macronienne ou une tentative de diversion visant à induire en erreur l'opinion française ?
Fabrice Beaur, expert pour l'ONG EODE, et Pierre Dortiguier, politologue, s'expriment sur le sujet.