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Liban, Irak... et maintenant l'Iran? Washington se met à rêver

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Hausse du prix de l'essence en Iran: le Leader de la Révolution s'exprime. (Illustration)

Que se passe-t-il depuis deux jours en Iran? A entendre le secrétaire d'Etat US qui se félicitait de la colère de la rue laquelle a éclaté dès vendredi et à l'annonce par le gouvernement Rohani du rationnement de l'essence mais aussi de la hausse du prix à la pompe, c'est le début d'un "régime change".. un mouvement identique à celui auquel travaillent les Etats-Unis en Irak et au Liban, depuis un mois sans pour autant y parvenir, le PM Adel Mahdi étant toujours là tout comme le Hezbollah qui sorti largement renforcé des manifestations de rue, continue désormais même à défier les USA sur le plan économique.

Passé l'absurdité qu'il y a à voir Pompeo et son gouvernement, architecte des sanctions économiques sans précédent contre le pétrole iranien, verser les larmes de crocodile sur les Iraniens et s'inquiéter du contenu de leur porte-feuille, une remarque s'impose : en Iran, les gens ont parfaitement le droit de manifester leur opposition aux mesures entreprises par le gouvernement.  Il n'y a ni flashball, ni LBD ni gaz à arsenic pour les disperser. Reste que la grogne des iraniens est tout sauf un écho aux rodomontade du ministre Pompeo.

Cela fait un an, et depuis le retrait US du PGAC, que Pompeo et Cie appariassent à l'écran pour tantôt annoncer une rallonge de la liste des sanctions tantôt les menacer de la guerre, de la famine bref du pire destin. Alors croire que la colère de la rue iranienne fait écho à la politique de guerre entreprise par les USA face à l'Iran est une pure illusion. Reste que les manifs de ces deux derniers jours ont été marqués  et là par des agissements suspects : la station de pompe, la banque incendiée, les vitres brisés, les biens publics bousillés. Les images en sont d'ailleurs été tournés sur les portables pour être diffusés par la suite et en boucle sur les chaines américaines, britanniques et saoudiennes où les appels à la "radicalisation" se multiplient. 

Aboutiront-ils à un scénario à l'irakienne ou à la libanaise? Rien n'est moins sûr. Ce qui met en colère les Iraniens est moins le principe d'un rationnement de l'essence que la manière par laquelle elle a été annoncée. Le leader de la Révolution islamique, l'Ayatollah Seyyed Ali Khamenei, a d'ailleurs appuyé ce dimanche une mesure fondée sur un travail d'expertise et qui irait in fine contrecarrer les sanctions des Américains. Dans un discours prononcé ce dimanche, l'Ayatollah Khamenei a évoqué la suppression des subventions à l'essence en soulignant qu'il est impératif que le gouvernement veille à ce que cette mesure ne nuise pas aux plus défavorisés. 

Le gouvernement a décidé vendredi de supprimer les subventions à l'essence pour financer l'aide aux démunis. L’essence en Iran reste d'ailleurs  l’une des moins chères du monde, ce qui fait qu'en dépit d'une hausse de 50% qui vient d'être décidée, le prix en est encore largement abordable à 3 000 tomans (0.7 cents) le litre. Le Leader de la Révolution islamique l’Ayatollah Khamenei a déclaré dimanche qu’il n’était pas un expert du domaine, et qu’il appuyait toujours une décision prise par les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire car il est là à titre de garant de l'unité de l'Etat. 

Samedi, le président Hassan Rohani, le président du Parlement, Ali Larijani, et le président du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raïssi, ont convoqué une session du Conseil suprême de la coordination économique et ont convenu que toutes les instances étatiques coopèrent pleinement à la mise en œuvre de la décision et faire surtout en sorte que l'inflation liée au prix de l'essence soit contrôlée. 

Mais en Iran on est parfaitement conscient de la gravité de la situation : S'il est vrai que les factions politiques voire certaine partie du clergé sont pour la plupart d’accord sur la nécessité de la mesure entreprise par le gouvernement Rohani, certains critiquent le moment choisi pour l'appliquer et surtout les modalités de son annonce, propre à enflammer les esprits et à donner de la matière aux "stratèges du chaos" de retenter pour la énième fois leur chance sur la scène iranienne. Ceci étant dit, la protestation en Iran a toujours cette particularité d'être empreinte de sagesse : pas de paralysie du fonctionnement de l'Etat, pas de suivis envers les fauteurs de troubles. Pour avoir vécu plus de 40 ans divers scénarios de déstabilisation et surtout pour avoir su les neutraliser un à un, les Iraniens savent séparer le bon grain de l'ivraie. Bref, cette grogne est une affaire de famille et si Riyad ou Washington attendent à ce qu'elle tourne en un scénario à la bolivienne, ils ont éminemment tort : la cohésion d'un peuple vieux de plus de 3000 ans ne se brise pas dans des stations de service. Ni sa formidable puissance militaire qui en a fait baver plus d'un ces derniers temps. Alors une énième révolution colorée en Iran? N'y pensez pas ...   

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV