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Cotisation : le japon dit "non" au pétrolier Aramco

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
L'image satellite des dommages infligés à la raffinerie de Buqayq le 15 septembre/Piccole Note

En 2016 quand Ben Salmane exposait son projet futuriste dit Neom à ses collaborateurs israéliens eux-mêmes largement impliqués dans sa conception, il ne croyait sans doute pas avoir quelques 3 ans plus tard à le défendre, face à ces mêmes Israéliens qui rechignent désormais à y investir. En 2016, MBS croyait avoir le Yémen et ses riches champs pétro-gaziers bien en main. Il a fallu trois ans et une frappe au drone spectaculaire contre Aramco pour que le prince finisse par comprendre que le monde ne tourne pas aussi rond qu'il le croit. La cotisation d'Aramco en bourse annoncée il y a quelque jours tourne effectivement en cauchemar : Le président de la plus grande raffinerie japonaise a déclaré que les sociétés japonaises diraient "non" au premier appel public des actions de l’Aramco.

« Il est peu probable que les sociétés japonaises investissent dans le premier appel public à l'épargne du géant pétrolier de l’Arabie saoudite, Saudi Aramco, puisqu’il est difficile d'évaluer la valeur de la plus grande société pétrolière du monde », a déclaré le président de la plus grande raffinerie japonaise, affirmant à mots à peine couverts que le jeu ne vaut pas la chandelle et qu'investir sur un terrain aussi miné qu'Aramco ne l'intéressait pas vraiment le Japon. C'est ce même Japon grand allié des USA qui a décidé de boycotter la coalition maritime anti-Iran des Américains, refusant de mettre en danger ses liens "privilégiés avec l'Iran". 

"Aramco pourrait offrir 1% à 2% de ses actions, permettant de récolter des capitaux entre 20 et 40 milliards de dollars, ce qui pourrait battre le record des 25 milliards de dollars levés par le géant chinois du commerce électronique, Alibaba en 2014, dit la presse économique saoudienne, spéculant sur une perspective qui pourrait ne jamais se réaliser, vu la méfiance qui animent les clients potentiels 

« Il est difficile de penser que de nombreux investisseurs japonais vont investir», a déclaré de son côté Tsutomu Sugimori, président de JXTG Holdings, lors d'un entretien : « Les entreprises japonaises ont de nombreuses parties prenantes et elles ont besoin de bonnes raisons pour expliquer aux actionnaires pourquoi elles feraient de tels investissements », a prétexté Sugimori sans aller jusqu'à expliquer à quel point les investisseurs nippons craignent de s'engager sur un sol saoudien grandement exposé aux drones et missiles de croisières d'Ansarallah. 

« Nous ne sommes pas au courant des réserves de pétrole brut d'Aramco et nous ne savons pas de quelle manière les contrats avec la famille royale saoudienne fonctionnent. Aramco devra divulguer ces informations, mais il n’est pas clair non plus dans quelle mesure ces informations seraient  transparentes », a déclaré Sugimori. JXTG et d'autres sociétés japonaises, gros acheteurs du brut saoudien depuis des décennies, entretiennent des relations de longue date avec Aramco.

Pourquoi cette méfiance donc?  

Un analyste du marché du pétrole et du gaz a fait part dans une note publiée sur le site, Web Oil Price, des tentatives de l’héritier du trône saoudien, Mohammad Ben Salmane de valoriser les actions de la compagnie en soulignant que les démarches de ce dernier s'inscrivaient dans le prolongement des tentatives décevantes du Lobby de Ritz Carlton à Riyad en 2017.  

Il poursuit en ce sens :

«Après avoir remarqué les cotisations variant entre 1.2 et 1.8  trillions de dollars, le prince Ben Salmane accepterait le chiffre de 1,7 trillion de dollars. Le statut unique d'Aramco et les risques géopolitiques qui menacent cette société à la suite de l'opération au drone appartenant à Ansarallah, en septembre dernier, ont montré qu'une part importante de la capacité de la société pouvait être sortie du marché mondial du jour au lendemain après une attaque inattendue.»

L’opération a également suscité de nouvelles inquiétudes chez les investisseurs comme le surcoût des réparations résultant de nouvelles opérations au drone.

Malgré les estimations optimistes de Ben Salmane de la valeur des actions du plus géant pétrolier saoudien, les experts du marché du pétrole et les décideurs des banques mondiales ont fait des examens réalistes de la valeur réelle des actions d’Aramco dont le chiffre semble bien plus bas de celui prévu par le prince héritier. La chute de la valeur des actions de la société pétrolière saoudienne renvoie à de nombreux facteurs :

-Baisse de la croissance économique, facteur pouvant aboutir à la baisse de la consommation du pétrole,

-Guerre commerciale États-Unis/Chine,

-Fluctuation du prix du pétrole : les prix du pétrole sur les marchés mondiaux dépendent de nombreux facteurs et connaissent toujours des fluctuations importantes. L'augmentation de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, comme en 2007 par exemple, la stagnation économique, les tensions politiques dans le golfe Persique, etc. Il s’agit des facteurs qui ont entraîné les fluctuations des prix et, dans de nombreux cas, la baisse des prix du pétrole.

- Ingérence du régime saoudien en tant que partie prenante majeure de la politique Aramco,

- Des remaniements consécutifs dans le cabinet et la structure politique de l'Arabie saoudite,

-Insécurité d’investissements en Arabie saoudite: les mystères de la purge de l’hôtel Ritz-Carlton en  2017 envoient des signaux aux investisseurs saoudiens et étrangers.

- Des expériences répétées de la défaite de Ben Salmane dans des politiques adoptées telles que la guerre au Yémen, la suspension du programme ambitieux de 2030, etc.,

-Absence d'informations transparentes sur le volume de production de l'entreprise Aramco,

-Calcul des chiffres fiscaux en fonction des hausses de prix de pétrole en Arabie saoudite,

-Existence de concurrents puissants tels que Gazprom, les sociétés qui sont en mesure de fournir aux investisseurs des bénéfices bien supérieurs. L'Arabie saoudite devra emprunter auprès des banques internationales pour concurrencer ces entreprises lorsque les prix du pétrole chuteront.

-Critiques internationales visant l'Arabie saoudite à cause des violations des droits de l'homme.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV