Pour la première fois depuis que la Turquie occupe une bande de 30 kilomètres au nord de la Syrie, un choc frontal a eu lieu samedi, les unités de l'armée syrienne en sont venus aux mains avec l'armée turque et ses mercenaires et ont réussi à reprendre assez rapidement la ville d’Om Chaayafa à la frontière avec la Turquie.
C'était une courte bataille qui s’est produite dans la matinée du samedi 9 novembre. Om Chaayafa se situe près de la région d'Abu Racine dans la banlieue de Ras al-Aïn. La fulgurante attaque a poussé des mercenaires de la Turquie à se retirer en direction de la ville. Plus tard dans la journée, les terroristes à la solde d’Ankara ont tenté une reprise avant de se heurter à une contre offensive bien violente.
Les forces de l’armée sont à présent à la chasse des derniers éléments terroristes qui ont pris la fuite vers le village d’al-Mahmoudiah à Ras al-Aïn. Ce gain militaire est bien significatif car il intervient dans contexte bien particulier. les 13 et 14 décembre, la Turquie s'apprête à rencontrer les dirigeants de trois pays européens la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne en marge du sommet d'une OTAN apparemment en crise pour parler de la Syrie et de son "partage".
Depuis deux semaines, l'Allemagne dit vouloir sa "zone tampon" au nord de la Syrie, idée assez séduisante pour la France à condition qu'elle soit créée non pas dans le cadre de l'OTAN mais bel et bien dans le cadre de l'UE. Les dernières sorties anti-otaniennes du président français, Emmanuel Macron ne devant pays y changer grande chose. Au cours de cette future rencontre, Erdogan dont l'offensive Source de paix a bénéficié largement du soutien de l'Alliance devrait en principe débattre des modalités de la mise sur pied des bases "permanentes" de l'OTAN. Car si les forces US parties provisoirement en Irak ont été au bout de dix jours de retour en Syrie pour réoccuper les bases qu'elles avaient abandonnées, les forces spéciales britanniques et françaises y maintenaient religieusement leur positions.
A cette conférence à venir, il devrait être également question du pétrole puisque le président turc en a vaguement parlé samedi 9 novembre. Ankara a ainsi dénoncé par la voix de son ministre des Affaires étrangères la "politique de mainmise des États-Unis" sur les installations pétrolières du Nord syrien, affirmant non sans craindre le ridicule le fait que "la richesse de la Syrie appartient au peuple syrien". Évidemment, ce peuple syrien se réduit aux yeux d'Ankara à cette petite composante takfiriste qui peuple Idlib et les régions du sud de la Syrie et ce dans le cadre d'un soutien total à al guerre conter l'État syrien depuis 2011.
« Les revendications américaines sur les gisements de pétrole en Syrie sont absolument illégitimes et contraires au droit international », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.
« Ils [les Américains] reconnaissent et déclarent ouvertement qu'ils sont présents là-bas [en Syrie] à cause des champs de pétrole. Personne n'a le droit d'accéder aux ressources syriennes. Ils sont venus ici, parcourant des milliers de kilomètres et ils ont déclaré: « Nous évaluerons les gisements de pétrole de ce pays ». Cela contredit les normes du droit international », a affirmé Cavusoglu, dont le gouvernement avait pour autant laissé entendre qu'il veut le "pétrole de Qamishli" qui pourrait subvenir au moins à al moitié des besoins énergétiques des Turcs. Ces propos viennent de précéder à une autre annonce inquiétante, cette fois à l'adresse des alliés de l'Otan de la Turquie : alors que les combats à l’arme lourde opposaient les militaires syriens et les mercenaires pro-Ankara à Om Chayafaa, Erdogan a promis de renvoyer les combattants étrangers de Daech « chez eux » en Europe occidentale le jour de commémoration de l’Armistice marquant la fin de la première guerre mondiale. « Nous vous disons que nous allons vous les renvoyer. Nous commencerons à partir de lundi [11 novembre]», a déclaré Ankara, relayé par l’agence de presse turque Anadolu.
Ankara tend un piège boomerang : les capitales occidentales qui ont eu recours à Ankara pour envoyer leurs agents déguisés en terroristes takfiristes en Syrie se retrouvent piégées par leurs propres rhétoriques de lutte symbolique contre le terrorisme alors qu’il a été créé par leur propres services spéciaux dans le cadre d’une stratégie plus globale visant à assurer l’hégémonie géopolitique US/Occident au Levant et à abattre les États jugés hostiles. Ankara a évidemment fondé sa prospérité économique sur des milliards de dollars tiré de ce marché et en échange de son silence, silence qui pourrait lui servir de moyen de chantage, maintenant que l'OTAN veut s'installer au nord de la Syrie.
Mais la Turquie vise-t-elle juste ? la reprise du village Om Chaayafa, sur les frontières turques permet en douter . Outra que la Surie et ses alliés ne permettront ni à la Tuqrie ni à l'Otan de prendre pied en Syrie, il y a un facteur que le président Assad a relevé lors de son entretien récent avec RT et Al Akhbariya : "Erdogan tente d'apparaître comme un" décideur ", mais il a prouvé qu'il était " un agent américain dans cette guerre. C'est un voleur qui a volé des usines, du blé et du pétrole ou encore de la terre....Au début, l'armée turque était en accord avec l'armée syrienne jusqu'à ce qu'Erdogan se retourne contre elle. Nous ne devrions pas transformer la Turquie en ennemi", a dit Assad laissant entendre que la victoire du samedi 9 novembre de l'armée syrienne à Raas al-Aïn ne sera pas la dernière.
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