Sur fond de terribles informations qui viennent du sud des Émirats où le pétrolier Total aurait ouvert les portes de ses sites sur des bourreaux émiratis pour qu'ils y torturent, les prisonniers yéménites, Le Monde a publié le 8 novembre un semblant de rapport sur le nombre des Français qu'il convient de classer désormais sous le label "prisonniers politiques". S'il est vrai que le journal ne passe pas pour être un média suffisamment fiable en ce qui concerne la critique de l'action du gouvernement, mais le fait que ces chiffres apparaissent sous sa plume est bien révélateur d'un fait : la France d'en bas a réussi à faire entendre sa voix malgré la stricte censure médiatique.
Le 17 novembre, cette France-là qui en a assez d'être traitée en succursale des États-Unis, d'avoir cédé les fleurons de son industrie aux Américains ; cette France qui ne comprend pas pourquoi elle ne devra pas pouvoir défendre sa signature quand elle est apposée au bas d'un accord internationalement reconnu qu'est l'accord nucléaire, ou ses entreprises, quand soumises aux pressions US, elles sont contraintes à quitter au profit des Asiatiques le marché iranien, et bien cette France-là, fête son anniversaire de "rupture" avec le système. Or, cette France-là a payé le prix de ce courageux divorce : des morts, des mutilés et des prisonniers politiques ont fait les frais de cette prise de conscience anti-omnipotence US.
À en croire Le Monde, bien qu'on tente à surévaluer les chiffres officiels, quelque 10 000 gardes à vue, quelque 3 100 condamnations entachent l'action de l'État français un an après le début de la révolte. Sur ces condamnations, environ 400 ont donné lieu à des peines de prison ferme avec incarcération immédiate dans toute la France.
Le journal reconnaît que des manifestations en France sont en cours depuis le 17 novembre 2018 et qu'elles ont pour motif premier un plan visant à augmenter les taxes sur le carburant. Mais Le Monde pêche par excès de suivisme envers le pouvoir quand il affirme que le gouvernement de Macron "a tenté de mettre fin aux manifestations en mettant en œuvre certaines réformes" et "en satisfaisant certaines des revendications des manifestants". Au fait, la France d'Emmanuel Macron dont les médias ne cessent ces jours-ci d'agrandir le moindre fait et geste des manifestants irakiens ou libanais contre le gouvernement, n'a rien fait si ce n'est de mettre en place un "État quasi policier", quitte à remonter les Français les uns contre les autres, les civils contre les forces de sécurité, celles-ci contre les pompiers, etc. L'usage des armes de combats, des LBD, des traceurs chimiques ou encore le recours aux procès sommaires auront également été parmi les faits les plus spectaculaires fragilisant le discours de "droit de l'hommiste" des dirigeants français. Et bien malgré cette répression sanglante, ce mouvement se poursuit.
Quel peut être l'avenir politique du mouvement des Gilets jaunes en France ?
Le Monde dit : " mais le mouvement n'a pas cessé de se généraliser, et le mécontentement des autres politiques gouvernementales a été ajouté aux slogans des manifestants. Depuis le 17 novembre 2018, ces manifestations sont organisées tous les samedis sans interruption ".
Et d'ailleurs et à l'approche du premier anniversaire du mouvement des Gilets jaunes, plusieurs centaines de manifestants se sont réunis, vendredi 1er novembre, à Montpellier afin d'aborder la question de la suite du mouvement.
Est-ce le signe que la flamme ne s'est pas éteinte? Depuis un an, la France est un pays où existent des prisonniers politiques dont les médias ne parlent, ni de leur nombre ni des conditions de leur détention et encore moins des répercussions que leur détention aura sur leur vie. Tout ce que l'on sait, c'est que cette France a tenu bon malgré toutes les pressions.