À Pékin, la France a été humiliée. Non pas parce que, comme le disent certains médias, elle est considérée comme un petit pays européen bien loin derrière l’Allemagne, mais parce que son président a remis en cause la souveraineté même du pays qu’il représente et dont il est censé défendre les intérêts au prix de sa vie. En accusant l’Iran de s’être retiré du PGAC au même titre que les États-Unis, Emmanuel Macron a affirmé que l’accord internationalement reconnu de Vienne « ne comptait dans les faits que deux parties, USA et Iran » et que par conséquent, la France, sa parole et sa signature ne valaient et ne valent rien.
À croire donc M. Macron qui s’exprimait a l’ambassade de France à Pekin, la France a été tout long des douze années de négociations entre l’Iran et les 5+1 un simple figurant, une grotesque caisse de résonance des diktats américains, bref un quelconque supplétif qui n’a jamais parlé en son nom propre, mais au nom des intérêts des États-Unis. Et pourtant en se retirant du PGAC, les Américains ont infligé les plus grandes pertes à la France et aux Français en privant Total, Renault ou encore Airbus d’un marché iranien de 80 millions de consommateurs. Si l’Iran a attendu un an avant de riposter aux sanctions d’une Amérique qui croit pouvoir étouffer tout un peuple parce qu’il défie son omnipotence en déclin, c’était parce qu’il croyait en une Europe « souveraine et indépendante », capable de faire respecter ses droits et consciente de ses devoirs. L’Iran s’est-il trompé ? Visiblement, oui.
En réaction à la quatrième étape de la réduction des engagements nucléaires iraniens, le président français, Emmanuel Macron, accusant l’Iran de quitter le plan global d’action conjointe (PGAC) a menacé Téhéran de sanctions.
Mercredi, Emmanuel Macron a qualifié de « graves » les décisions prises la veille par l’Iran qui a annoncé la relance d’activités d’enrichissement d’uranium jusque-là gelées, en appelant à en « tirer collectivement les conséquences ».
Macron a dit qu’il faut exercer des pressions sur l’Iran pour le faire contraindre à retourner aux restrictions nucléaires.
« Pour la première fois, de manière explicite et non limitée, l’Iran décide de sortir du cadre du PGAC (accord sur le nucléaire de 2015), ce qui est un changement profond » par rapport à la position de l’Iran jusqu’à présent, a déclaré le chef de l’État français lors d’une conférence de presse à Pékin. « J’aurai des discussions dans les prochains jours, également avec les Iraniens, et nous devons collectivement en tirer les conséquences », a-t-il ajouté au dernier jour de sa visite en Chine.
« Nous sommes contre le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire, mais la décision de reprendre l’enrichissement d’uranium est une erreur. Après le retrait de Washington de PGAC, les Européens ont préservé cet accord pendant 15 mois », a-t-il poursuivi.
Lors d’une réunion de l’Assemblée générale des Nations Unies, Macron avait déclaré que les pressions exercées sur l’Iran entraîneraient une augmentation des tensions dans la région. Mais maintenant, il parle de la nécessité de telles pressions : « Les prochaines semaines seront pour nous consacrées à une pression accrue pour que l’Iran revienne » dans le cadre de l’accord, « ce qui doit s’accompagner aussi d’allègement de certaines sanctions », a déclaré Emmanuel Macron.
« Le retour à la normale ne peut se faire que si les États-Unis et l’Iran acceptent de rouvrir une forme d’agenda de confiance, d’élargir le dialogue et d’avancer avec des gestes », a-t-il ajouté
Sinon, « quel est le scénario alternatif ? Un crescendo permanent dont l’issue ne peut être qu’une crise », a-t-il prévenu.
Le président français s’est fortement impliqué diplomatiquement ces derniers mois pour tenter de rapprocher Washington et Téhéran, ayant tenté en vain de faciliter une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani en septembre.
À ce propos, le Leader de la Révolution islamique, l’honorable Ayatollah Khamenei a déclaré : « Le président français avait dit que si vous organisiez une réunion, tous les problèmes seraient résolus. C’est très étonnant. Il est soit naïf, soit complice des États-Unis. Aucun problème ne sera résolu avec des négociations. J’étais persuadé que ce ne serait pas le cas, mais par souci de clarté, nous avons dit : si les Américains revenaient sur l’erreur qu’ils avaient commise pour enlever toutes les sanctions et adhérer de nouveau au PGAC, nous l’aurions accepté. Je savais que cela ne pouvait pas être le cas. »