Dans un récent analyse, l'auteur américain Alastair Crooke commentant les troubles qui entachent les manifestations populaires en Irak et au Liban, écrivait : Il est bien probable que les protestations "manipulées" au Liban et en Irak soient liées à d’anciens plans (y compris le document de stratégie récemment divulgué pour contrer l’Iran, présenté par MBS à la Maison Blanche) et aux réunions stratégiques régulières tenues entre le Mossad et le conseil de sécurité nationale US, sous la supervision de John Bolton.
Mais quel que soit le lien de parenté spécifique, les « règles du jeu » sont bien connues : susciter une dissidence populaire « démocratique » (basée sur de véritables griefs), des messages artisanaux et une campagne de presse qui polarise la population, et qui détourne leur colère du mécontentement généralisé vers des ennemis spécifiques (dans ce cas, Hezbollah, le président libanais et le ministre des Affaires étrangères (dont les sympathies avec le Hezbollah et le président syrien font une cible principale, surtout comme l’héritier-apparent au leadership de la majorité chrétienne). L’objectif, comme toujours, est de créer un fossé entre le Hezbollah et l’armée, et entre le Hezbollah et le peuple libanais.
Et l'analyste d'ajouter : Ceci étant, il semble que ni au Liban ni en Irak les objectifs US ne seront finalement atteints (c’est-à-dire que le Hezbollah et les Hachd al-Chaabi soient neutralisé). Surtout en Irak où le succès US est encore moins certain. Car les risques potentiels que les États-Unis courent en fomentant le chaos seraient infiniment bien plus grands. Si l’Irak sombrait dans l’anarchie, les soldats US n'en échapperaient pas. Et puis la perte des 5 millions de barils/jour de brut de l’Irak créerait un cratère sur le marché du brut – et en ces temps de fébrilité économique, cela pourrait être suffisant pour plonger l’économie mondiale dans la récession. Cela dit, ce cratère pétrolier serait une « goutte d’eau dans l’océan » par rapport au risque que les États-Unis tentent le « destin » d’une guerre régionale qui atteindrait Israël.
Or le pronostic de l'auteur tend à se vérifier au contact des évolutions de ces dernières heures : Les médias irakiens ont rapporté le mardi 5 novembre que les Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) avaient lancé une opération "stratégique" sur les frontières irako-syriennes, alors même que les médias mainstream continuent à agrandir les troubles sécuritaires qui entachent les manifestations sociales.
Appuyés par les forces de garde-frontières, les combattants des Hachd al-Chaabi ont mené une opération de ratissage sur les frontières communes avec la Syrie voisine pour, dit leur communiqué, "colmater les brèches sécuritaires" et enrayer l'infiltration des terroristes sur le sol irakien. Or c'est la zone de combats qui attire les intentions :
L'opération qui a impliqué la 13e brigade des Hachd al-Chaabi s'est étendu de la ville d'al-Qaem en Irak jusqu'au poste-frontière d'al-Waleed, en Syrie, dans le but d'empêcher l'infiltration des terroristes par les brèches frontalières. Or c'est cette même zone par où transitent souvent des convois militaires US en provenance de la base américaine en Jordanie vers la province irakienne al-Anbar. Ainsi les forces de la Résistance irakienne que l'axe Washington-Tel-Aviv-Riyad croient pouvoir mettre au pas via une instabilité domestique, viennent de prendre positions non loin des positions US.
Les sources d'information ont fait aussi état du passage d'un premier convoi militaire via le point de passage Qaem-Abou-Kamal en Syrie. Des images satellite publiées par ImageSat International (ISI) lundi montraient un convoi de camions traversant le point de passage de la ville irakienne d’al-Qaem à destination d’Abou-Kamal, une première depuis à la fin de 2017.
Dans une interview exclusive accordée à l'ISNA, le président du Conseil politique du mouvement de résistance islamique irakien Al-Nujaba, l'une des principales composantes des Hachd affirme par ailleurs que rien ne pourrait faire reculer la Résistance face aux ennemis jurés de la région à savoir les Américains et Israël .
Commentant les manifestations en Irak, Ali al-Assadi a qualifié de légitimes les revendications populaires en sans oublier de pointer du doigt des éléments étrangers opportunistes qui cherchent à s'immiscer dans les affaires intérieures du pays, saper la structure politique et se venger de la Résistance.
« Les ennemis se sont concentrés sur l'Iran, le Hezbollah et les Hachd al-Chaabi car ce sont les seuls qui risquent de saper leurs plans et changer l'équation au Moyen-Orient », a-t-il réaffirmé. En allusion à la Marjaïa irakienne, ce haut cadre de la Résistance irakienne a déclaré qu'il était optimiste quant à l'avenir du pays grâce aux efforts de la jeunesse.