TV

Les États-Unis reviennent sur leur stratégie en Syrie

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les troupes américaines toujours présentes en Syrie autour des puits de pétrole. (Illustration) ©AFP

Le président américain Donald Trump a promis à Mazlum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS), de consacrer une partie importante des revenus pétroliers de l’est de la Syrie aux groupes kurdes afin qu’ils puissent acheter des armes sophistiquées et transformer les gardes-frontières en une Force organisée.

Lorsque la Turquie a commencé le 9 octobre son opération militaire contre les groupes kurdes armés dans le nord-est de la Syrie, de nombreux milieux politiques et médiatiques américains ont reproché à Donald Trump d’avoir donné son feu vert à cette opération.

Sous la pression, il a changé d’avis et a renvoyé certaines de ses troupes en Syrie, mais cette fois-ci, non pour protéger les Kurdes, mais pour protéger les champs de pétrole syriens.

Des figures proches de l’administration Trump indiquent que le redéploiement de ces forces vise à endiguer l’influence de l’Iran.

Mardi dernier, la première réunion du Comité constitutionnel syrien s’est tenue à Genève avec la participation des ministres iranien, turc et russe des Affaires étrangères et l’envoyé spécial de l’ONU. Les ministres ont condamné la décision de Trump de maintenir les forces américaines dans les régions pétrolières syriennes.

« Eh bien, il semblerait que les États-Unis restent en vue de protéger le pétrole », a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. « Au moins, le président Trump est honnête en disant ce que les États-Unis ont l’intention de faire. »

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a pour sa part déclaré que l’exploitation illégale des ressources naturelles d’un pays souverain était illégale.

« Les ressources naturelles syriennes appartiennent aux Syriens », a affirmé de son côté le directeur des Communications de la Turquie, Fakhreddin Alton.

Trump avait déclaré que certaines forces américaines retourneraient en Syrie pour protéger ses régions pétrolières. Auparavant, le secrétaire américain à la Défense, Mark Esper, avait déclaré que les forces US protégeaient les champs de pétrole syriens contre Daech. D’autre part, Trump a appelé les compagnies pétrolières américaines, telles que ExxonMobil, à pénétrer dans les champs pétroliers syriens pour exploiter les ressources pétrolières.

« Ce que j’ai l’intention de faire, c’est peut-être de conclure un accord avec ExxonMobil ou l’une de nos grandes entreprises afin de le faire correctement… et de répartir la richesse », a dit le président américain dimanche lors d’un point de presse portant sur l’opération des forces spéciales américaines qui a abouti à la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi, chef du groupe terroriste Daech.

Les trois plans américains en Syrie

Les déclarations de Trump concernant des champs pétroliers syriens ont soulevé les critiques chez les experts et analystes juridiques et ceux du secteur de l’énergie.

Les observateurs disent que le contrôle américain des revenus pétroliers de la Syrie est un acte illégal. Trump n’a apparemment pas l’intention de transférer directement les recettes pétrolières syriennes au Trésor américain. Il cherche plutôt à affecter une partie des revenus pétroliers de la Syrie à des groupes armés kurdes pour les renforcer.

Walid Phares, un ancien conseiller de Trump en politique étrangère, a fait allusion dans un article paru dans un journal indépendant arabe, à la promesse de Trump au chef des FDS, Mazlum Abdi, d’endiguer l’influence de l’Iran en Syrie.

Trump a promis à Abdi de consacrer une partie importante des revenus pétroliers de l’est de la Syrie aux groupes kurdes afin qu’ils puissent acheter des armes sophistiquées et transformer les gardes-frontières en une force organisée. Du point de vue de Fars News, ce faisant, les Kurdes deviendront un allié stratégique des États-Unis dans le but de contrer les résidus de Daech et d’empêcher l’avancée des forces proches de l’Iran.

Walid Phares a affirmé que les États-Unis avaient initialement trois plans pour leurs troupes en Syrie : Plan A: les États-Unis poursuivent leur soutien et leur coopération avec les FDS, jusqu’aux régions frontalières ; Plan B: le retrait des forces américaines de toute la Syrie et leur déploiement en Irak.

Apparemment, avec l’invasion turque dans le nord-est de la Syrie, le plan A n’aurait pas été possible. Les États-Unis ont été forcés de retirer leurs alliés kurdes de la frontière syro-turque sous les tirs de l’armée turque. Le plan B s’est pour sa part heurté à une forte opposition aux États-Unis.

À la suite de ces objections, le plan B a été révisé et un troisième plan, le plan C, a été rédigé, en vertu duquel les forces kurdes doivent se retirer au-delà de 30 km de la frontière turco-syrienne en vue d’y créer sous la supervision de la Russie et la Syrie la zone de sécurité souhaitée par la Turquie.

Selon le troisième plan, les FDS seront transférées à la demande des États-Unis depuis la frontière turque vers les champs de pétrole situés à la frontière syro-irakienne.

Dans ce plan, on notera l’utilisation des FDS par les États-Unis contre l’Iran. Selon Phares, les États-Unis vont contenir l’influence de l’Iran par le biais des FDS. À cette fin, les États-Unis créeront deux bases aériennes, l’une à Erbil, en Irak, et l’autre dans l’est de la Syrie. Le commandement de la deuxième base sera conjointement assuré par les États-Unis et les Kurdes.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV