Les déclarations du président américain Donald Trump au sujet des champs pétroliers syriens portent un message clair à la région voire au monde entier : les États-Unis veulent voler le pétrole de la Syrie.
La proposition du président syrien au sujet de la gestion des champs pétroliers syriens par la compagnie ExxonMobil ou une autre compagnie pétrolière a suscité les critiques chez les experts et analystes juridiques et ceux du secteur de l’énergie. « Ce que j’ai l’intention de faire, c’est peut-être de conclure un accord avec une ExxonMobil ou l’une de nos grandes entreprises afin de le faire correctement… et de répartir la richesse », a dit Donald Trump, dimanche lors d’un point de presse portant sur l’opération des forces spéciales américaines qui a, dit-on, abouti à la mort d’Aboubakr al-Baghdadi, chef du groupe terroriste Daech.
Exxon Mobil et Chevron, les deux plus grandes compagnies pétrolières américaines opérant au Moyen-Orient, ont refusé de commenter ces propos.
« Le droit international cherche à protéger précisément contre ce type d’exploitations », a déclaré Laurie Blank, professeure à la faculté de Droit d’Emory et directrice de son centre pour le droit international comparé.
« Ce n’est pas seulement un geste juridique douteux, cela envoie un message à toute la région et au monde que l’Amérique veut voler le pétrole », a déclaré Bruce Riedel, ancien conseiller à la Sécurité nationale américaine et membre principal de l’Institut Brookings.
L’idée que les États-Unis « garderaient le pétrole » entre les mains d’ExxonMobil ou d’une autre société américaine est immorale et peut-être illégale », a déclaré Jeff Colgan, professeur agrégé des sciences politiques et des études internationales à l’université Brown. Colgan a également déclaré que les entreprises américaines seraient confrontées à « de nombreux défis pratiques » pour opérer en Syrie. En effet, l’État syrien et ses alliés sauront comment nous chercher la noise et il est fort imprudent de vouloir travailler en plein cœur du territoire ennemi à proximité des Russes et des Iraniens, ajoute l’expert.
Jusqu’à l’année dernière, c’était le groupe terroriste Daech (et par extrapolation les USA eux-mêmes, NDLR) qui exploitait les champs de pétrole de la vallée de l’Euphrate, en particulier celui d’al-Omar, dans la province de Deir ez-Zor. La défaite de Daech dans le dernier bastion de Baghouz a offert aux Forces démocratiques syriennes (FDS), des milices à majorité kurde, alliées à l’armée américaine, le forage pétrolier dans cette région et dans l’Euphrate côté ouest, mais maintenant, selon une affirmation d’un haut responsable russe, ce sont les États-Unis qui en l’absence de Daech procèdent à la contrebande.