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Les USA ont-ils dépouillé Israël de ses cartes avant de l'envoyer dans l'arène face à l'Iran?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La frappe au missile du Corps des gardiens de la Révolution islamique, contre les positions des terroristes sur la rive est de l'Euphrate, 1er octobre 2018. ©Defapress

Israël est en état d’alerte puisqu'il s'attend à ce que les drones et les missiles de croisière iraniens viennent s'abattre sur les sites sensibles, à l’image de ce qui s’est passé le 14 septembre en Arabie saoudite où Aramco a été visée par 20 drones d’Ansarallah. Vendredi, le chef d’état-major israélien Aviv Koutchavi a reconnu un front nord particulièrement fragile et tendu qui pourrait s’enflammer à tout moment et dont les étincelles ne tarderaient pas à raviver le front sud. Et pourtant, Koutchavi n’est pas allé jusqu’à évoquer comme Netanyahu l’idée des frappes préventives contre la Résistance. Pourquoi? Le retrait US du Nord-Est et la fin du projet dit « Rojava » ont été, ni plus ni moins, une flèche fatale tirée en direction d’Israël. 

L’important allié kurde d’Israël a ainsi été « marginalisé » dans la foulée d’une reconfiguration de force qu’a décidée la Maison-Blanche sans visiblement trop penser aux intérêts à long terme de Tel-Aviv. Car, que les Kurdes soient démantelés dans le Nord-Est et qu’ils finissent par la force des choses à rallier l’armée syrienne et la Russie, c’est là, une importante perte stratégique pour un Israël qui se servait des villes du Nord-Est comme base-arrière pour frapper au drone les positions de la Résistance sur l’est de l’Euphrate. Sans « Rojava », Israël se voit privé aussi de sa capacité à fournir des armes et des fonds aux terroristes des YPG et au PKK, ce qui a un impact direct aussi bien en termes économique (pétrole de contrebande syrien, NDLR) que sur le plan géostratégique sur Israël. Le Nord-Est syrien, Israël comptait en faire un Kurdistan irakien bis là où « Aman », service secret intérieur d’Israël, possède des sites pour y espionner la Résistance.

Sans « Rojava » donc, l’idée des frappes préventives contre l’Iran et ses alliés se complique. Évidemment il reste la base US d’al-Tanf qui sert depuis son occupation par les forces US, de base de transit à des « conseillers militaires israéliens » en route vers le Kurdistan irakien mais aussi de siège où réorganiser les terroristes de Daech avant de les envoyer à l’assaut sur les frontières irakiennes. Mais là aussi les choses sont loin d’être faciles à se jouer. Vendredi, le Pentagone a déclaré vouloir « sécuriser le pétrole » de l’est de l’Euphrate et maintenir pour cette même raison quelque 200 soldats à « l’avant-poste d’al-Tanf près de la frontière jordanienne. La Syrie n’ayant jamais passé pour un pays pétrolier, les experts se sont étonnés de cette annonce surtout en Israël qui y voit plutôt une “mesure irréfléchie” que la Maison-Blanche aurait prise sans consulter les généraux du Pentagone pour uniquement la brandir sous le nez d’Israël et apaiser ses craintes géostratégiques nées sur les ruines du Rojava.

« C’est le dernier plan des États-Unis, dans un monde où l’administration américaine et ses propres militaires ne semblent pas coordonner ces plans ni élaborer de stratégie ensemble, constate Seith Franstzman dans un article récent publié dans les colonnes du Jerusalem Post. La mission américaine en Syrie était de vaincre Daech. Au fil du temps, des discussions ont eu lieu sur la transition vers la ‘stabilisation’ et même sur l’utilisation de l’est de la Syrie comme moyen de pression contre l’Iran. Or, les États-Unis ont abandonné à présent la plupart de ces idées au profit d’une ‘mission sur mesure’ qui envisage de conserver certains gisements de pétrole.

Était-ce là le projet initial des USA en Syrie ? s’interroge l’auteur visiblement en colère qui se met en suite à énumérer les risques du projet de substitution US: ‘Pour réduire l’empreinte américaine en Syrie sur les opérations à proximité des champs pétrolifères, il faudra protéger un couloir de 125 km, le long du côté est de l’Euphrate depuis les zones en face de Deir ez-Zor jusqu’à la frontière en face d’Abou-Kamal. C’est un domaine que contrôlent les forces de défense américaines et démocratiques kurdes syriennes, après la prise de Baghouz (à coup de phosphore blanc, NDLR) en mars 2019, poursuit l’auteur qui souligne la difficulté de l’entreprise dans la mesure où les forces US sont assiégées par l’armée syrienne et les forces de la Résistance, un état qui risque de s’empirer puisque les USA n’ont pour auxiliaire dans cette zone que des FDS, eux-mêmes largement perturbés depuis le lâchage américain.

Et le journal d’ajouter : ‘Maintenant, il semble que ce seront les dernières opérations des États-Unis en Syrie. Les États-Unis disposent certes du point de passage d’al-Tanf en Syrie situé à la frontière irakienne qui leur permet d’ailleurs de circuler librement en Irak, mais ils ont un problème : la présence des forces pro-iraniennes de l’autre côté de la l’Euphrate. Les alliés irakiens d’Assad dominent Abou-Kamal, parmi la puissante brigade de ‘Kataeb Hezbollah’. Les 200 soldats US ne sauront résister trop longtemps si les forces pro-iraniennes décidaient d’en découdre. Surtout depuis que le passage frontière Qaëm-Abou-Kamal est rouvert et qu’armes et munitions pourraient s’acheminer librement aux ‘proxies pro-Iran’.

Mais il y a pire : Si en 2017 les États-Unis ont repoussé dans le sang une offensive Syrie/Russie/Iran contre al-Tanf, il est désormais plus difficile de le faire puisque les frappes israéliennes de l’été 2019 contre les Hachd al–Chaabi à Abou-Kamal poussé la Syrie à déployer de manière opérationnelle des systèmes de missiles de défense S-300 et S-400 améliorés, non loin de la jonction stratégique Abou-Kamal-Qaëm où la Syrie, la Russie et l’Iran ont mené récemment leurs premiers exercices aériens grandeur nature avec la mobilisation des unités de drones, des jets iraniens et ce, sous protection des batteries de missiles antimissiles russes. ‘Le maintien de 200 GI’s à al-Tanf ne change rien à la donne, les USA ont abandonné Israël, constate Jerusalem Post. A ce rythme, Israël peut-il se permettre des frappes préventives contre l'Iran?  

 

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV