Le plan de sauvetage que le PM libanais a présenté au cinquième jour de la manifestation de la colère des ventres-creux libanais et auquel les quatre composantes du gouvernement, dont le Hezbollah ont donné leur aval a quelque chose d'innovent : Il comprend la réduction de moitié des salaires mirobolants des anciens ministres et des anciens députés, la levée du secret de leurs comptes bancaires et la lancée de poursuites judiciaires contre ceux qui se sont enrichis sur le dos des Libanais.
Si on peut douter que ce programme soit appliqué par Saad Hariri, dont la famille a longtemps régné sur le destin des établissements bancaires du pays du Cèdre, on peut espérer que ces mesures qui touchent tous les secteurs de la société des prêts au logement à la suppression du ministère de l’Information finirait par renforcer "l'État-nation libanais". Car depuis l'accord de Taëf, signé ex-puissance colonialiste, c'est ce même État-nation que l'ex-puissance colonialiste a voulu "divisé" et "confessionnalisé", qui a fait les frais des ingérences étrangères. Or les manifs de ces derniers jours ont faussé bien des calcules: tous les Libanais, toutes confessions confondues, y ont pris part, exigeant ce qui leur revient de droit à savoir leur part en termes de richesses nationales.
En réclamant la démission de Hariri, et la tenue des élections anticipées et surtout en retirant leurs ministres du gouvernement, les parties connues pour leurs liens avec les officines israéliennes, saoudiennes et américaines, ne cherchent certes pas à servir les Libanais et la cause de la justice sociale. Alors que les États-Unis retirent leurs troupes de Syrie, et ce, dans le sillage de leur défaite militaire et celle d'Israël au Levant et que l'axe de la Résistance plus la Russie apparaît comme le faiseur de paix, il est bien normal de voir les "lobbeiste pro Washington" refuser d'accepter cette évolution et, au travers de ces manifestations contre la corruption générale, menacer puisque l'Amérique n'a pas l'habitude de couler seul.
Seulement cette fois, la donne est bien différente : le changement du régime politique que les Américains ont tenté d'imposer début octobre en Irak et qui s'est pleinement heurté à la vigilance de l'État et de la nation irakiens, risque au Liban aussi de tomber à l'eau, car pour défectueux que soit le gouvernement Hariri, il est pour l'heure la seule alternative au chaos et à la non-gouvernance dans un pays qui a plus 80 milliards de dollars de dette étrangère, soit 150% de son PIB.
Lundi soir et pour le grand malheur des Israéliens qui suivent pas à pas le mouvement des manifestants libanais , les drapeaux israéliens ont été brûlés en plein centre de Beyrouth, l'histoire de faire rappeler à Israël que même en pleine mutation sociale, il est hors de question que les Libanais bradent leur sécurité étatique. Qu'il n'agite surtout pas leurs accointances pour qu'elles ressortent des tiroirs encore " le désarmement du Hezbollah" comme motif du mécontentement du peuple. Le mouvement populaire libanais qui se déroule sous l’œil protecteur de l'armée libanaise, a prouvé aussi la maturité politique de la Résistance que les Occidentaux, absorbés par leur esprit colonialiste, ont trop tendance à traiter de "simple milice" ou de "proxie de l'Iran". Loin de toute considération politicienne, Nasrallah a refusé de rallier ceux qui exigent la démission de Hariri. Il s’est immédiatement opposé à des élections générales sans changement de la loi électorale. Signe que la Résistance n'agit pas par la mentalité claniste mais par l'esprit patriotique et que la Résistance est avant tout l'émanation des courants souvainistes et nationalistes. C'est ce même esprit qui lui assure d'ailleurs de plus en plus de succès au sein des peuples du Moyen Orient, une région en pleine mue anti-impérialiste.