Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gibran Bassil, a fait exploser une bombe : il a annoncé vouloir se rendre en Syrie : "Je veux aller en Syrie pour que le peuple syrien puisse rentrer en Syrie et parce que je veux que le Liban vive sa souveraineté et promeuve son économie", a déclaré le chef du Mouvement patriotique libre et ministre des Affaires étrangères, dans un clair défi lancé au camp pro-américain et pro-occidental. Et le ministre de poursuivre : "Avant la Nakba de Palestine, le Liban avait deux poumons, et maintenant, il en a un seul : la Syrie est le poumon économique du Liban. Nous avons perdu le premier poumon à cause d'Israël, perdons-nous le deuxième poumon à cause de la haine folle ou des paris fous absurdes?"
"Je tiens à dire à notre peuple que la plupart de ses dirigeants ne sont pas prêts au changement. Ils ont une mentalité qui facilite la subordination et la reddition dans la guerre économique menée contre nous et l'illusion qui laisse entendre que les Libanais seraient effondrés, alors que nous sommes riches, mais nos richesses sont pillées." Pour de nombreux observateurs, ces propos inouïs tenus par le ministre à peine quelques heures après sa rencontre avec le secrétaire du Hezbollah renvoient d'une part au pillage par Israël des ressources gazières du Liban et de l'autre, à ce corridor stratégique reliant Iran-Irak-Syrie-Méditerranée et qui se reliera tôt ou tard au Liban. Sans des liens officiels avec la Syrie, aucune de ces deux perspectives ne sera ouverte.
Le PM libanais ne devrait pas être le dernier voyageur pour Damas, a estimé Raï al-Youm.
A Damas, en tout cas l'appel de Bassil a été largement entendu. L'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, s'est félicité de cette décision, affirmant que les intérêts du Liban résident fondamentalement dans les coordinations sans lesquelles les hauteurs d'Ersal, à la frontière libano-syrienne, n'auraient pas été libérées, a rapporté le journal Al-Joumhouria.
« Nous apprécions la position libanaise qui rejette les diktats et les pressions étrangers, qui semblent dissuader certains pays arabes de normaliser leurs relations avec la Syrie », a-t-il ajouté.
Abdel Karim a ensuite remercié le président libanais Michel Aoun qui depuis le premier jour de la crise syrienne avait foi en la victoire de la Syrie.
En ce qui concerne les réfugiés syriens, a-t-il déclaré, les dirigeants syriens ont toujours tendance à consacrer le maximum de facilités possibles au retour des déplacées dans leur pays. Citant des sources dignes de foi, Raï al-Yaoum a rapporté que Gibran Bassil a exprimé sa prise de position après ce qu'il a entendu des parties au Caire.
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah a salué la position du ministre des Affaires étrangères sur le soutien à la Syrie lors du récent sommet de la Ligue arabe, au Caire.
Le secrétaire général adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, a salué l'attitude courageuse du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, en faveur de la Syrie et ses propos sur le retour de la Syrie dans la Ligue arabe, propos exprimés lors de la dernière réunion des ministres des affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe, au Caire.
« Le moment est venu pour la Syrie de retourner avec fierté à la Ligue arabe, car ce pays a résisté avec ses dirigeants, son armée et son pays contre les complots les plus dangereux, ne visant qu’à détruire le pays », a déclaré Cheikh Naïm Qassem. « Il est également le temps d'arrêter le bain de sang, le terrorisme et la vague d'immigration qui étaient les conséquences des politiques des Américains et alliés, les résultats de leur invasion de la Syrie », a-t-il précisé.
« Vos propos ont été formulés au bon moment et ils pourraient réveiller ceux qui sont habitués à de faux promesses et soutiens », a déclaré le secrétaire général adjoint du Hezbollah à l’adresse du chef de la diplomatie libanaise.