Abdel Bari Atwan, rédacteur en chef du journal Raï al-Youm, évoquant les tensions créées par le président américain autour de l'Iran, a affirmé que cela pourrait le conduire à la défaite lors des prochaines élections présidentielles de 2020.
Atwan note en premier que Mike Pompeo, le secrétaire d’État américain n'a pas perdu de temps pour pointer du doigt l’Iran en l’accusant d’être derrière les attaques au drone contre les installations pétrolières de la société saoudienne Saudi Aramco dans la localité d’Abqaiq. Ces frappes ont suspendu l’exportation d’environ 6 millions de barils de pétrole par jour, de 2 trillions de mètres cubes de gaz et de milliers de tonnes de produits pétrochimiques. Elles ont également retardé l’introduction en bourse des actions de cette compagnie pétrolière, précise le rédacteur en chef de Raï al-Youm.
Pompeo s'acharne à dire qu'il n'existe aucune bonne raison de croire que les dix drones ayant attaqué le complexe pétrolier Aramco venaient du Yémen et estime que leur envol s'est fait depuis l'Iran. Et bien entendu, il ne présente aucune preuve pour ses présomptions.
Le colonel Turki al-Maliki, porte-parole de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite contre le Yémen, a prétendu le mardi 17 septembre que les résultats des enquêtes préliminaires ont prouvé que les armes et les explosifs utilisés lors de l'attaque « terroriste » contre les installations d’Abqaiq et de Khurais étaient de fabrication iranienne.
Les Houthis (combattants d’Ansarallah) qui ont revendiqué la responsabilité de l'attaque pourraient répondre aux déclarations d’al-Maliki. Ils sont les mieux placés pour expliquer que les armes et les munitions sophistiquées et coûteuses qu’utilisent les forces saoudiennes contre le Yémen sont de fabrication américaine.
Yahya Siri, un porte-parole militaire des Houthis, est rentré en contact avec Raï al-Youm pour expliquer que les dix drones qui avaient attaqué Abqaiq et Khurais étaient bien de fabrication yéménite et qu’ils avaient décollé depuis ce pays. Ces drones sont équipés de moteurs à réaction et sont fabriqués par des matériaux qui empêchent leur détection par les radars aussi perfectionnés qu'ils soient. Les drones étaient également contrôlés depuis le Yémen.
« Nous ne cherchons à induire en erreur personne et c'est sans peur que nous annonçons la vérité sans la falsifier. Nous avons d'ailleurs l'intention de faire part de nos futures opérations. Des opérations d'envergures pendant lesquelles nous allons prendre le contrôle de 500 kilomètres carrés du sol saoudien et captiverons des milliers de militaires » a averti le général Siri.
Le porte-parole des Houthis a également indiqué que les usines de son pays, équipées des dernières technologies de pointe fabriquaient quotidiennement six drones.
Dans une autre partie de son entretien, il a expliqué qu'en cas de tension, une réponse similaire à celle de l'Arabie saoudite pourrait être donnée aux Émirats arabes unis.
« Nous pouvons dire que l’administration Trump, qui s’est abstenue, par crainte des représailles, de réagir contre l’Iran pour avoir abattu le drone américain (le produit phare des armes d’espionnage des États-Unis) ne semble pas avoir l’intention de se livrer à des représailles pour défendre l'Arabie saoudite et son industrie pétrolière. Trump, à l'instar des États arabes hypocrites, a exprimé sa solidarité avec l'Arabie saoudite, mais là encore, rien n'est improbable », a poursuive le rédacteur en chef du quotidien Raï al-Yaoum.
« L’attaque contre Abqaiq, quelle qu’en soit l’auteur, est le signe de la transition de la guerre classique vers la cyberguerre ou une combinaison des deux, ce qui pourrait être un prélude à des attaques plus importantes contre les infrastructures urbaines, telles que les centrales électriques. Donald Trump qui a retiré son pays de l’accord nucléaire et qui a imposé des sanctions sévères à l'Iran est responsable des tensions. L’Iran qui a provoqué le renversement de Jimmy Carter, renversera également Donald Trump lors des prochaines présidentielles », a-t-il conclu.