Dans un discours prononcé le vendredi 6 septembre au Council on Foreign Relations (CFR), Joseph Dunford, chef d’état-major des forces armées américaines, a été interrogé sur la destruction dans le ciel du sud de l’Iran d’un RQ Global Hawk, l’un des drones les plus sophistiqués des États-Unis. Certes pour un général quatre étoiles US dont le pays est en pleine guerre contre l’Iran, il est difficile de passer aux aveux. Mais ce pas, Dunford l’a franchi, conscient qu’il est de ce dont le CGRI s’est montré capable le 20 juin dernier et des surprises que ce même CGRI pourraient réserver aux forces US, si l’occasion se présente à nouveau.
« Je m’intéresse à savoir ce que vous pensez des capacités militaires iraniennes. Cet été, les Iraniens ont abattu un drone sophistiqué au coût élevé en utilisant leur propre technologie. Cela ne vous a pas surpris ? Comment les évaluez-vous en tant qu’ennemi ? », a demandé un journaliste.
Que répondre à une si pressante interrogation ? Joseph Dunford a prétexté que le drone américain n’avait pas été conçu pour les combats sophistiqués : « Ce qu’ils ont abattu n’avait pas les moyens nécessaires pour se protéger. Il avait été conçu dans le seul objectif de collecter des informations dans une zone sûre. C’est ce que les gens doivent savoir », a-t-il ajouté sans pouvoir convaincre un auditoire sans doute aussi averti, qui sait fort bien que les Américains ne possèdent qu’un nombre limité d’exemplaires de l’appareil abattu par la DCA iranienne.
Mais plus loin, le général Dunford a été forcé de reconnaître que l’Iran « avait fourni beaucoup d’efforts pour développer ses capacités militaires » à la fois « sur les plans balistique et cybernétique ainsi que dans le domaine des missiles de croisière ». Mais le chef d’état-major US a omis de rappeler que les iraniens efforts ont porté leurs fruits, en pleines sanctions US.
« Je respecte les capacités militaires de l’Iran mais je ne peux pas les comparer, dans aucun des domaines précités, avec celles de la Russie ou de la Chine », a expliqué le général, avant d’ajouter : « Je n’ai pas été surpris de la destruction par l’Iran de cet appareil. Je n’ai pas été surpris non plus du progrès des Iraniens sur le plan militaire. »
Le 20 juin, un drone américain de type Global Hawk a été abattu par la DCA du Corps des gardiens de la Révolution islamique après avoir violé l’espace aérien iranien. Bien que Dunford ait cherché à amoindrir le net succès de la DCA iranienne, les faits sont loin de lui donner raison.
Le vendredi 6 septembre, le commandant adjoint de la DCA de l’armée iranienne, Amir Khoshghalb, a révélé de nouveaux détails de l’opération de la destruction du drone américain dans l’espace aérien iranien :
« Nous avons suivi de près tous les mouvements de l’appareil américain. Nous connaissions la manière dont le drone volait. Nous en connaissions la trajectoire. Le drone était sous la surveillance totale du réseau intégré de la DCA iranienne depuis le début de sa mission. La manière dont le drone s’approchait de notre espace aérien montrait qu’il ne respectait pas les lois et les règles internationales et qu’il constituait une menace et un acte hostile. Le système d’identification du drone avait été éteint.
Un système d’identification est un système qui permet à l’avion de se présenter aux radars des systèmes de défense antiaériens pour que ces derniers découvrent si l’appareil représente une menace ou non. La trajectoire du drone et son comportement en plein vol nous ont poussés à recourir à un acte tactique réalisé en deux étapes. La première étape consistait en un avertissement radio et la deuxième était une confrontation directe. Nous avons supervisé le drone durant ses trois heures de vol. Nous aurions pu passer à l’acte dès les premières minutes de sa mission mais nous lui avons permis de faire ce qu’il voulait. Il a parcouru sa trajectoire sans faire attention à aucun de nos avertissements et nous avons finalement été obligés de le surprendre », a expliqué Amir Khoshghalb.
Les États-Unis suivent de près et avec énergie la prolongation du boycott sur la vente et l’achat des armements iraniens depuis que l’Iran a visé le RQ-4 avec sa DCA faite maison. Il y a là à craindre de voir une puissance émergente influer sur les marchés d’armements US/occidentaux. Ce qui est une hypothèse bien plausible dans la mesure où la technologie iranienne de missiles et de drones a su défier les armements US qui constituent le gros des arsenaux saoudiens et israéliens.