Les États-Unis ont annoncé, vendredi 16 août, avoir émis un mandat pour saisir le pétrolier Adrian Sea (Grace1), au lendemain d’une décision de la Cour suprême de Gibraltar de laisser repartir ce navire, pris en otage depuis début juillet. Émanant de la justice nationale américaine, les États-Unis ne seront appliqué cette décision à moins de prendre militairement d'assaut le pétrolier. Or une telle mesure sera militairement ripostée par l'Iran.
Dans ce contexte, le journaliste de Sputnik à Téhéran a interviewé Heshmatollah Falahat-Pisheh, le président de la Commission des affaires étrangères et de la sécurité nationale du Parlement iranien. Que fera l'Iran, si les USA envoient leurs commandos saisir le pétrolier? "Si ce navire est à nouveau saisi, ce sera un rebondissement dans la crise ou en d'autres termes, le début d'une nouvelle crise, impliquant cette fois les Etats-Unis. Naturellement, la démarche américaine fera l’objet de représailles et l’Iran aura le droit de prendre des mesures de rétorsion dans le cadre de la Charte des Nations unies. Pour nous, la politique de Washington et celle de Londres sont dans la même lignée. Nous estimons que le conflit avec la Grande-Bretagne ne prendra fin tant que le pétrolier n’aura pas atteint sa destination en toute sécurité. Le comportement de Londres nous rappelle les événements liés au coup d’État du 19 août 1953. Les Britanniques veulent se débarrasser d’une crise, mais en génère une nouvelle, en renvoyant la balle dans le camp des Américains. C'est suivant ce même modus operandi que les Britanniques ont agi lors du coup d’État du 19 août 1953 contre le gouvernement légal iranien de l'époque.
Le pétrolier iranien a été libéré avec un verdict légal, mais les Américains ont ordonné son interception, décision qui est inacceptable vu le verdict de la Cour suprême de Gibraltar, a précisé le parlementaire iranien. Sputnik interroge aussi le député Alaeddin Boroujerdi, membre de la Commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du Parlement iranien, sur ce sujet.
« Le pétrolier Adrian Seau (Grace 1) étant entièrement soumis au droit international, la Grande-Bretagne et la Cour suprême de Gibraltar n'avaient pas d'autre choix que de le relâcher. Sur cette base, les tentatives des États-Unis ont donc échoué, un échec qui n'est pas sans rapport avec les événements de ces trois dernières semaines dans le golfe Persique. Le suivisme de Londres envers les Etats-Unis commençait à lui coûter trop cher. Les Britanniques n'avaient d'autres choix que de changer de tactique », a affirmé Boroujerdi.
Mais les Etats-Unis reproduiront-ils le scénario d'une attaque commando contre "Adian Sea" alors qu'il appareille vers la cote méditerranéenne?
« Probable mais il n’est pas dans l’intérêt des États-Unis de s'engager dans une face-à-face armé avec l'Iran ou de s'impliquer dans la guerre des pétroliers, pour la simple et bonne raison qu'ils seront perdants. La saisie du pétrolier Grace 1 a été contraire au droit international et relevait de la piraterie maritime. Jouer aux pirates n'est pas bon quand on prétend vouloir créer une "coalition internationale" pour assurer "la sécurité de la navigation maritime dans le golfe Persique" . La RII a toujours été le garant de la sécurité des pétroliers et elle ne permettra pas que ses propres pétroliers soient agressées. Nous ne laisserons pas les Américains attaquer nos intérêts nationaux. »
La coalition de guerre US dans le golfe Persique a quant à elle toujours du mal à se former. Après le non allemand et français puis le retrait du Danemark, les Américains intensifient leurs manoeuvres de propagande autour de la Pologne.
Les officiels polonais ont estimé que la création éventuelle d'une mission de sécurité maritime dirigée par les États-Unis dans le golfe Persique est certes justifiée, mais qu"elle en examine toujours les différents aspects pour prendre une décision définitive", a déclaré la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Ewa Suwara à Sputnik.
« De notre point de vue, ces actions [sur la création de la mission] sont justifiées. Nous sommes en faveur du renforcement des relations euro-atlantiques. Mais la Pologne n'a pas encore exprimé son désir de soutenir ces actions possibles ».
Elle a souligné la nécessité d'attendre une décision finale sur la question, ajoutant que « des consultations avec les États-Unis et les alliés européens sont en cours ».