Une analyste libanaise, Randa Haïdar, s’est penchée sur le plan israélien pour faire face à l’Iran dans un article intitulé « Israël et une confrontation avec l’Iran ».
Le conflit irano-israélien est entré dans une nouvelle phase importante. Vu les récentes évolutions régionales, les conséquences qu’aurait un tel conflit ont soulevé beaucoup de questions dans les milieux israéliens.
L’intensification de ce conflit remonte à 2009, année où le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a lancé une vaste campagne contre le programme nucléaire iranien en le qualifiant de grand danger pour l’existence d’Israël.
Depuis lors, Israël est allé quérir l’aide des États-Unis contre l’Iran et a intensifié ses pressions sur l’administration Obama pour une action militaire contre les installations nucléaires iraniennes. Ces pressions n’ont toutefois pas obtenu les résultats escomptés, ce qui a forcé les États-Unis à entrer en négociation avec l’Iran et à signer un accord nucléaire avec le pays, un accord auquel s’est opposé depuis le début Tel-Aviv.
Après l’intervention militaire de l’Iran dans la guerre en Syrie, où Israël perpétrait des actions contre les conseillers militaires iraniens présents sur place, ce conflit est entré dans une nouvelle phase. Tel-Aviv a exploité l’atmosphère d’iranophobie dans la région pour tisser des liens avec les pays arabes du golfe Persique et les inciter par la suite à une confrontation avec l’Iran qui constituerait désormais une menace commune.
Le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire et l’imposition par Trump de sanctions économiques sévères contre l’Iran étaient considérés par Tel-Aviv comme autant de succès dans sa stratégie anti-iranienne, mais les récentes évolutions, telles que la préférence de plusieurs pays pour le dialogue avec l’Iran plutôt que l’intervention militaire, l’annonce du retrait des forces émiraties du Yémen, la signature d’un accord de coopération entre l’Iran et les Émirats arabes unis, ainsi que le message de l’Arabie saoudite sur sa volonté de nouer des relations avec l’Iran, ont profondément inquiété les cercles israéliens quant à l’avenir d’une confrontation avec l’Iran et à la possibilité de se retrouver tout seul dans cette confrontation.
Ces évolutions ont mis Israël dans une situation où les États-Unis ont opté pour une prise de position plus flexible vis-à-vis de l’Iran et où les pays arabes riverains du golfe Persique ont commencé à revoir leur approche à l’égard de Téhéran, voire à établir des relations politiques, ce qui ne plaît pas du tout à Israël qui cherche à entraver le programme nucléaire iranien et qui a été amené à revoir ses plans visant à contrer ce qu’il appelle « le danger de l’Iran ».
Israël comptait beaucoup sur l’administration Trump pour qu’elle fasse plier l’Iran en lui imposant des sanctions. Tel-Aviv espérait que l’aggravation des différends entre les pays arabes riverains du golfe persique et l’Iran conduirait à la normalisation de ses relations avec ces pays, mais tout est en train de changer.
Tout cela intervient alors qu’Israël se prépare pour le deuxième tour des élections à la Knesset qui se tiendra dans moins de six mois, et que le parti Likoud est de plus en plus inquiet que Netanyahu y essuie un échec.
En outre, on peut dire qu’un éventuel conflit avec l’Iran dépend des résultats des élections et de la capacité de Netanyahu à revenir au pouvoir pour poursuivre sa politique anti-iranienne.