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G. Persique : le "nine" allemand qui a provoqué un séisme transatlantique

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
USS Boxer filmé par un drone du CGRI. (Capture d'écran)

Les États-Unis n'en reviennent pas : le "non" de l'Allemagne à la coalition de guerre que les États-Unis tentent de titrer du néant dans le stricte objectif de militariser la stratégique voie de transit énergétique qu'est le détroit d'Hormuz est loin de constituer le dernier revers US dans la grande guerre que Washington mène face à l'Iran. L'ambassadeur américain à Berlin a laissé éclater mercredi sa colère contre l'Allemagne en accusant cette dernière "d'irresponsabilité". Interrogé par Augsburger Allgemeine, Richard Grenell en veut à l'Allemagne d'être une grande puissance économique qui ne sait pas honorer comme il faut , ses engagements : "l'Allemagne est la plus grande économie européenne. Et un tel succès crée une responsabilité internationale". Mais les lâchages anti-US ne se limite pas à l'Europe. Mardi une première délégation militaire émiratie s'est rendue en Iran pour la première fois après six ans. Le bateau de guerre US prend l'eau de toute part.

Dans un article signé Leonid Bershidsky, Bloomberg revient sur les revers successifs des États-Unis à liguer leurs propres alliés contre l'Iran, signe que la "grande époque est désormais derrière les USA" .  

« L’affaire d’une mission navale internationale dans le golfe Persique permet de déterminer si les États-Unis - ou du moins Donald Trump - ont des alliés sérieux en Europe autres que, peut-être, le Premier ministre britannique, Boris Johnson. L’Allemagne, du moins, n’est pas à bord. L’administration américaine a officiellement demandé à l’Allemagne, à la France et au Royaume-Uni de se joindre à une mission navale chargée de "sécuriser" le détroit d’Hormuz et de lutter contre ce qu’elle appelle "l’agression iranienne". À Berlin, la porte-parole de l'ambassade américaine, Tamara Sternberg-Greller, a ajouté une provocation: « Les membres du gouvernement allemand ont clairement déclaré que la liberté de navigation devait être protégée. Notre question est de savoir protégé par qui ? ». À vrai dire, l’Allemagne ne mord pas à l’appât. Le pays a carrément rejeté la demande américaine. Donc, la réponse est "non". En effet, contrairement à la France ou encore à la Grande-Bretagne, les déploiements de troupes allemandes doivent être approuvés par Bundestag, et presque toutes les forces politiques présentes dans le pays s'opposent à toute participation allemande à une mission américaine contre l'Iran », ajoute l'article avant de poursuivre: 

« Plus important encore, aucun des partis de la coalition au pouvoir en Allemagne n'est en sa faveur d'une telle participation. L’argument des sociaux-démocrates, généralement pacifistes, avancé par le porte-parole du groupe parlementaire des affaires étrangères, Nils Schmid, est que toute force européenne dans le golfe Persique serait l'otage d'une situation sur laquelle elle n'a aucun contrôle. Cela signifierait essentiellement de s’engager dans un conflit aux côtés des États-Unis. "Nous ne serions pas en mesure de nous retirer si les États-Unis décidaient de guerroyer", a déclaré Schmid.

En effet, l'Allemagne prêche la baisse des tensions dans la région, et elle n'a aucun intérêt à ce qu'une confrontation militaire éclate dans le détroit d'Hormuz. Le pays tire la majeure partie de son pétrole de la Russie et d’autres pays qui n’acheminent pas de cargaisons dans cette région, de sorte que sa sécurité énergétique n’est pas affectée par les turbulences qui y règnent. »

Et l'article d'ajouter : « La France, par contre, tire une grande partie de son pétrole brut du golfe Persique: l’Arabie saoudite est son principal fournisseur. Ainsi, contrairement à l’Allemagne, il a un intérêt direct dans la région. Ceci dit, Paris ne semble pas non plus être partante pour une guerre contre l'Iran d'où sans doute les hésitations du président français qui pour sa part, n’a pas encore annoncé sa décision et s'est entretenu mardi avec son homologue iranien Hassan Rohani dans le but de réduire les tensions avec les États-Unis. La vérité est que la France tout comme l’Allemagne n'a aucun intérêt à faire confiance à Washington. Compte tenu du tempérament instable de Trump et de ses conseillers faucons, l’envoi de navires de guerre dans le golfe Persique comporte le risque de se laisser entraîner dans une nouvelle guerre américaine au Moyen-Orient qui ne ressemble à aucune autre.

La France, comme l’Allemagne, a eu la chance d’être en mesure d’éviter l’imbroglio irakien en 2003, mais pas l’intervention de l’OTAN en 2011 en Libye. Et elle en paie toujours le prix. L’avantage de l’engagement de l’Europe dans cette opération reste discutable: la Libye anarchique a constitué un point d’embarquement essentiel pour les demandeurs d’asile se dirigeant vers l’Europe en 2015."

Et le texte de souligner : « Au fait, c'est le Royaume-Uni qui est plus exposé à se laisser entraîner dans la guerre. Mais voyons où il en est : l’Iran continue de détenir un pétrolier britannique, le Stena Impero sans que Londres puisse faire quoi que ce soit. Compte tenu de l’insuffisance des forces britanniques dans le golfe Persique et l'état réduit de la Royal Navy, son désir de travailler avec les États-Unis est compréhensible. Surtout qu'à la différence de l’Allemagne et de la France, la Grande-Bretagne n’a jamais revendiqué une quelconque autonomie stratégique de Washington. Mais même dans ce cas, il a fallu que le brexiter Boris Johnson prenne les rênes du pouvoir pour que le pays se présente comme une partie volontaire, prête à suivre Washington dans ses aventures guerrières. 

En effet, la difficulté des États-Unis à obtenir une telle aide de la part de ses alliés européens pour soi-disant "sécuriser" la navigation dans le golfe Persique, montre le creux au sein de l’alliance transatlantique. Des années de mésaventures de la politique étrangère des États-Unis ont rendu les principaux alliés de l'OTAN trop prudents pour intervenir, même lorsque les États-Unis ne proposent pas une guerre totale contre un pays lointain. » 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV