Adhérer ou ne pas adhérer à la soi-disant coalition européenne pour sécuriser la navigation dans le golfe Persique. C’est la question qui est aujourd’hui sujette à controverse au sein du gouvernement fédéral allemand.
Bien que la France, l’Italie et le Danemark se soient déclarés prêts à y participer, l’Allemagne n’a effectivement pas encore donné de réponse claire.
Alors que des membres du parti Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) ont donné leur feu vert au plan britannique, d’autres partis dont et surtout le Parti social-démocrate (SPD) l’ont sérieusement rejeté.
« La question d’une mission militaire allemande dans le détroit d’Hormuz ne tient même pas », a affirmé Nils Schmid, haut membre du SPD, lors d’une interview avec le journal Die Tageszeitung.
Pour sa part, Roderich Kiesewetter de l’Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) a déclaré à ce même journal que « la coalition maritime européenne pourrait s’avérer efficace ». « Berlin pourrait y participer en envoyant des navires et des avions de reconnaissance », a-t-il aussi prétendu.
De même, l’ancien chef des Verts allemands, Jürgen Trittin, estime qu’une contribution allemande à la coalition européenne ne doit avoir d’autres objectifs que d’apaiser les tensions [dans le golfe Persique]. Dans une interview avec Rhein-Neckar-Zeitung, il a pourtant affirmé que les différends dans le golfe Persique devraient être réglés par la voie diplomatique et dialogués. « Sans l’aval des Nations unies, la coalition maritime européenne ne sera pas justifiable », a-t-il souligné.
Après que le pétrolier britannique Stena Impero eut été arraisonné par l’Iran à cause de la violation du Code maritime international, Londres a proposé aux pays européens de former une coalition militaire pour assurer la sécurité de leurs pétroliers dans les eaux du golfe Persique. Le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a affirmé que Berlin prendrait sa décision à ce sujet, une fois que les détails de l’initiative britannique auront été connus. Il a cependant affirmé que l’Allemagne n’adhérerait pas à la campagne de pressions maximales américaine contre l’Iran.
D’après le journal Die Tageszeitung, la situation dans le détroit d’Hormuz et le golfe Persique reste très délicate. Le journal cite la nouvelle ministre allemande de la Défense, la chrétienne-démocrate Annegret Kramp-Karrenbauer, là où elle plaide pour la diplomatie et déconseille les règlements de compte militaires.
« Lancer une coalition maritime européenne n’aidera en rien à l’apaisement des tensions », écrit le journal. Reconnaissant les manquements européens à leur promesse de faciliter le commerce avec l’Iran malgré les sanctions US, Die Tageszeitung ajoute qu’une fermeture, par l’Iran, du détroit d’Hormuz aura d’énormes impacts négatifs sur l’économie mondiale. « Un tiers du transit du pétrole dans le monde se fait par ce détroit », précise le journal qui ajoute :
« La confirmation de la proposition britannique serait une mauvaise réponse de la part de l’Europe. En se laissant emporter par les projets aventuristes de Boris Johnson, la République fédérale d’Allemagne entrera en tensions en Iran dans de pires conditions : ni l’Allemagne ni l’Europe n’aura d'intérêt dans une telle situation. »