C'est de loin le faux-pas le plus risqué qu'a pu commettre le régime de Manama alors que la région connaît une période de tensions inouïes. Interrogé par Tasnim, l'ex-député bahreïni, Mohammed Jalal Firouz, dénonce le pari risqué d'un régime des Khalifa qui emboîte le pas à Ben Salmane pour exécuter deux jeunes dissidents à l'aube de la journée de 27 juillet, à la grande surprise générale. "Ben Salmane a exécuté 30 dissidents chiites et non chiites au seuil du mois béni de Ramadan pour provoquer un choc et faire croire qu'il contrôle la situation interne. Il en va de même pour les Al-e Khalifa qui cherchent à asseoir leur autorité en lambeaux au prix du sang des innocents.
L'exécution de ces deux chiites ne va pas non plus sans être en rapport avec les efforts désespérés des Américains et des Britanniques pour créer une coalition de guerre contre l'Iran. Manama qui accuse systématiquement les chiites bahreïnis de collusion avec l'Iran lance à vrai dire un casus belli à l'encontre de Téhéran, casus belli qui n'ose pas dire son nom, a ajouté l'ex député.
Ce crime pousse néanmoins la dissidence bahreïnie à revoir ses méthodes et sa ligne de conduite et à s'adapter à la nouvelle donne car qui dit que tout silence risque de rendre l'ennemi plus audacieux plus effronté, a-t-il poursuivi.
L'exécution de deux jeunes dissidents chiites a provoqué un tollé au sein de la Résistance. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a dans les termes les plus vifs condamné ces exécutions et affirmé qu'« une ultra sécurisation du climat à Bahreïn ne mènera le régime de Manama à nulle part ».
« Les actes à caractère sectaire du régime bahreïni prouvent que Manama s'entête dans ses politiques erronées et fait de la répression une arme. Au lieu d’opter pour une voie raisonnable et de trouver une solution en se réconciliant avec le peuple, il recourt à la manière forte », a affirmé le porte-parole avant de dénoncer les aveux extorqués sous torture et les procès inéquitables qu'inflige Manama à ses opposants. Le haut diplomate iranien a évoqué le recours systématique du régime de Manama aux éléments d'al-Qaïda pour éliminer ses opposants, ce qui ne contribue qu'à radicaliser le climat.
Ahmed Issa al-Malali, 24 ans, et Ali Mohammed al-Arab, 25 ans, ont été exécutés sous prétexte d’avoir tué un officier du ministère de l’Intérieur en 2017, accusation jamais prouvée par une partie indépendante.
Les autorités bahreïnies affirment avoir décidé de leur exécution après qu'ils eurent avoué le meurtre. Le mouvement Al-Wifaq a dénoncé ces aveux sous torture de même que l'exécution de ces deux jeunes dissidents.
Le Hezbollah d'Irak ainsi que le mouvement d'Al-Nujaba ont réagi ce dimanche à cette double exécution : « C'est un acte décidé de concert avec l'axe USA/Israël/Arabie et qui répond à une volonté de radicalisation dans la région. » Le secrétaire général des Asaïb Ahl al-Haq, une composante des Hachd al-Chaabi, a dénoncé de son côté un crime potentiellement apte à accélérer le renversement du régime de Bahreïn.
En effet l'annonce de l'exécution de deux jeunes chiites a mis le feu aux poudres. Des affrontements ont opposé à l’est de Manama les forces de l'ordre du régime aux protestataires qui manifestaient contre l’exécution de ces deux Bahreïnis. (La vidéo ci-jointe montre une scène de ces manifestations.)
Paniqués, les forces de l'ordre ont dispersé les manifestants à coup de gaz lacrymogène blessant plusieurs d’entre eux, a rapporté la chaîne Al-Manar. Selon des témoins oculaires, ces manifestations se sont déroulées le 27 juillet dans l’après-midi avant que les forces de sécurité ne donnent l'assaut. On ignore encore le bilan des victimes. Les dernières exécutions commises par Manama remontent au 14 janvier 2017, celle d'Abbas al-Sami’a, de Sami Machima et Ali al-Snkis.
Bahreïn abrite la 5e flotte de l'US Navy et il accueille un vaste contingent de l'armée saoudienne depuis 2011. La présence militaire US ne pourrait échapper à la radicalisation du climat en cours.
Depuis le 11 février, Bahreïn est le théâtre de protestations populaires contre le régime d’Al-Khalifa, mais Manama les arrête ou leur retire leur nationalité au lieu de donner suite à leurs revendications légitimes.