Cela fait deux semaines que "Grace 1" est pris en otage à Gibraltar, après avoir été pris pour cible d'une attaque commando de la Royal Navy. Tout en rendant hommage à l'acte de piraterie des agents de Gibraltar, la Première ministre démissionnaire Theresa May a estimé toutefois qu'il valait mieux clore l'affaire à l'amiable avant que cela ne donne lieu à des représailles iraniennes. Les premières marches arrières britanniques ont eu lieu la semaine dernière, quand le capitaine et les marins "Grace 1" ont été libérés par la justice de Gibraltar, acte qui a été payé de retour, Téhéran ayant visiblement retardé sa riposte tout en affirmant qu'il n'attendra pas éternellement. Personne n'a le droit de dicter à l'Iran où vendre son pétrole et encore moins les Britanniques. Mais voilà que la partie qui tire le plus grand profit d'une guerre totale dans le golfe Persique commence à s'impatienter.
Un groupe israélien lié au Mossad a annoncé avoir déposé une requête auprès de la Cour suprême de Gibraltar pour exiger la vente du pétrolier "Grace 1" et sa cargaison de 2 millions de barils de brute iranien et ce, sous prétexte d'indemniser les "parents d'un mineur israélien tué par le Hamas". Auparavant, "l'ONG israélienne" avait réussi à persuader un tribunal de Washington de condamner l’Iran à payer une indemnité de 178.5 millions de dollars aux parents de l'enfant en question.
Shurat Hadin qui mène des soi-disant batailles juridiques dans le monde entier contre ce qu'il appelle "les ennemis d'Israël", a demandé à la Cour suprême de Gibraltar d’accorder une "injonction de saisie" du navire et de sa cargaison pour "indemniser" les Israéliens. L'ONG israélienne prétend être une organisation de «défense des droits civils», mais ses liens viscéraux avec le Mossad ont été révélés pour la première fois en 2013, lorsqu'une câble de l'ambassade des États-Unis a été publié par WikiLeaks. Dans ce document classifié, la directrice du groupe, Nitsana Darshan-Leitner a déclaré au personnel de l’ambassade des États-Unis que le groupe "exécutait des instructions" des agences d’espionnage israéliennes dont le Mossad. La fondatrice de la pseudo ONG israélienne, Nitzana Darshan-Leitner, a déclaré à l'AFP que si la vente du navire était ordonnée par la Cour suprême de Gibraltar, la somme obtenue ne serait pas énorme mais que cela pourrait ouvrir la voie à la saisie d’autres avoirs iraniens.
Que fait au juste Israël?
Selon les observateurs politiques, si la Cour suprême de Gibraltar décrétait la confiscation et la vente du pétrolier et de sa cargaison, cela marquerait un point de non retour des tensions Grande-Bretagne/Iran, et c'est ce que cherche Israël dans le contexte actuel. « Il va sans dire que l'Iran maîtrise sa colère dans le strict but d'éviter une escalade incontrôlable des tensions. Si l’Iran avait voulu frapper des cibles ou des navires britanniques, il l'aurait fait sans aucune forme de procès. Jusqu'ici les Iraniens ont fait preuve de patience dans le strict intérêt des pays de la région. Mais la riposte iranienne est toujours possible si la Grande-Bretagne ne relâche pas le superpétrolier détenu à Gibraltar. Le superpétrolier a le droit légitime d’aller où bon lui semble. Et l’Europe n’est pas en position de dicter à l’Iran dans quels pays du monde il doit livrer sa production pétrolière. L'Iran a le pouvoir d’intercepter et de bloquer tout navire britannique qui navigue et de forcer une inspection. Et ce genre de procédure peut entraîner un affrontement militaire. Si Israël parvient par relais interposés à confisquer "Grace 1" et sa cargaison, cela reviendra à allumer la mèche d'un conflit que Londres et Téhéran ont tenté d'éviter. Israël fera tout pour que cette guerre ait lieu », estime un analyste.
Les autorités de Gibraltar ont annoncé le 4 juillet qu’un détachement de la Royal Navy avait saisi le Tanker "Grace1" en prétextant que ce dernier allait livrer du pétrole iranien à la Syrie et plus précisément à la raffinerie de Baniyas ; cette dernière étant sous la coupe des sanctions européennes d’après les autorités de Gibraltar, un territoire britannique. Cette semaine le Leader de la Révolution islamique, l'Ayatollah Khamenei a été très clair : « L'acte de piraterie britannique ne resterait pas sans réponse. »
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