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Zoom Afrique du 17 juillet 2019

Côte d'Ivoire : l'offensive russe contre Ouattara

Dans ce numéro de Zoom Afrique :

L’actualité en Afrique :

Côte d’Ivoire : Décollage des premiers pèlerins ivoiriens

Zimbabwe : Power Ventures propose de construire une centrale solaire de 107 MW à Chidome

L’Université inter-État Cameroun-Congo va ouvrir ses portes en octobre 2019

Les analyses de la rédaction :

1.Djibouti : vers une dédollarisation ?

À Djibouti, l’influence de la Chine continue de prendre de l’ampleur. Suite à son adhésion à la ZLEC, le pays n’a certes pas adopté la monnaie unique ECO, mais il a décidé de se concentrer maintenant sur le Yuan en vue d’un détachement du dollar américain.

Après avoir utilisé le franc français puis le franc CFA en 1945, le pays s’est doté d’une monnaie propre par un décret du gouvernement français daté du 17 mars 1949, applicable à partir du 20 mars. La Banque de l’Indochine qui était jusque-là l’organisme émetteur en Côte française des Somalis devient alors une simple banque d’affaires. La nouvelle monnaie était convertible au taux de 214,392 DJF pour un dollar américain, soit 0,414 507 gramme d’or fin. Sa valeur est garantie par un dépôt de 2,5 millions de dollars auprès de la French American Banking Corporation de New York.

L’objectif est de stabiliser les échanges avec les pays environnants [en particulier l’Éthiopie] dont les monnaies sont indexées sur le dollar américain.

Au niveau du change, le franc Djibouti est indexé sur le dollar. Un dollar équivaut aujourd’hui à 177.49 francs Djibouti dans les marchés des devises du monde.

Le dimanche 14 juillet 2019, un haut fonctionnaire de la présidence de Djibouti a fait part du fait que président de la République de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh, avait ordonné au ministre de l’Économie et des Finances de Djibouti, Ilyas Moussa Dawaleh, de créer une commission chargée de travailler sur la manière la plus rapide et la plus simple de fixer le taux de change du franc de Djibouti contre le yuan chinois. 

Suite aux informations concernant l’amarrage de navires militaires iraniens au port de Djibouti, démenties par l’ambassadeur de Djibouti en Arabie saoudite qui a ajouté que les relations avec Téhéran étaient toujours rompues et qu’il n’était donc pas possible pour les navires iraniens de naviguer dans les eaux territoriales djiboutiennes, une vague de panique aurait envahi l’ambassadeur djiboutien, mais surtout les États-Unis qui ont absolument cherché à en savoir plus sur cette possible coopération.

Les forces occidentales basées à Djibouti ont l’impression que le président djiboutien Omar Guelleh, qui d’un côté travaille avec les Occidentaux, travaillerait aussi en catimini avec l’axe Iran-Chine, ce qui a donc fortement inquiété les États-Unis. Mais maintenant que le gouvernement de Guelleh se penche sur le Yuan chinois, cela risquerait d’avoir éventuellement un effet domino sur les pays voisins comme l’Érythrée, qui a rappelons-le refusé d’adhérer à la ZLEC. En effet, les États-Unis se sont particulièrement penchés sur le blocage de la montée en influence des Russes et des Chinois dans la région. Dans le cas de l’Érythrée, après le contrat portuaire signé entre Asmara et Moscou, Washington s’est empressé de retirer les sanctions à l’encontre de ce pays et de mettre la main dessus.

La décision du gouvernement de Guelleh est symbolique et montre la volonté de Djibouti de s’éloigner des États-Unis. Beaucoup de pays africains se détachent de l’emprise de l’occident et se tournent vers l’axe de l’Est. Ce qui déplaît d’ailleurs au camp Atlantiste qui continue de déstabiliser ces pays afin de justifier ses ingérences.  

Mais une chose est sûre, c’est que beaucoup de pays commencent à remettre largement en question la fiabilité des États-Unis concernant leurs politiques étrangères. Ce qui pousse de plus en plus de pays à s’allier contre cette politique unilatéraliste américaine qui empêche les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique de vivre en paix et d’une manière indépendante.

2.Golfe de Guinée : les prétextes sont là.

Dans le golfe de Guinée, les justifications arrivent aux mains du camp Atlantiste.

Un cargo turc aurait été attaqué par des pirates dans le golfe de Guinée au large de la côte nigériane, ce mardi dans la matinée où 10 marins, tous des ressortissants turcs, ont été pris en otage pour obtenir une rançon. Le navire nommé « Paksoy-1 » naviguait sans fret dans la ville portuaire de Douala au Cameroun en direction d’Abidjan en Côte d’Ivoire lorsque les pirates sont montés à bord.

La Turquie a déclaré qu’elle travaillait sur la libération des personnes prises en otage.

Selon certaines sources turques, ce navire qui fait 114 mètres de long et 17 mètres de large aurait été amarré dans les eaux territoriales du Ghana voisin.

Alors que la mission de la navigation turque, chargée de la lutte contre la piraterie maritime dans le golfe d’Aden et dans les eaux somaliennes a été prolongée, les forces navales turques ne semblent pas être déployées dans le golfe de Guinée pour assurer la protection de leurs navires.

Pour continuer à nourrir le prétexte de la lutte contre la piraterie maritime, certains médias reprennent les statistiques erronées du Bureau maritime international qui a qualifié le golfe de Guinée de zone de piratage la plus dangereuse au monde, où il y aurait 73 % et 92 % des prises d’otages en mer.

Ces données statistiques seraient bien évidemment faussées. Cette région a des ressemblances avec le golfe d’Aden, au large de la Somalie. L’Occident réglait en principe ses comptes dans la région, mais vu le renversement de la situation suite à la présence des puissances émergentes, la zone des règlements de compte s’est plutôt transférée vers le golfe de Guinée. Suite aux nombreux puits de pétrole offshore qu’offre la région, de nombreuses multinationales se sont implantées dans le golfe de Guinée. Mais une invasion de bateaux militaire occidentale est aussi arrivée dans la région.

D’ailleurs, en parallèle au G5 Sahel, un G7++ a aussi été créé regroupant les puissances occidentales dans la zone, à savoir l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, l’Italie, le Japon, le Royaume-Uni, la France, la Belgique, le Brésil (observateur et représentant des BRICS), la Corée du Sud, le Danemark, l’Espagne, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la Suisse, l’Union européenne. Ce qui donne un contrôle total sur les ressources, mais surtout sur les nombreux couloirs maritimes de la région. Pour rétablir la balance, le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, a signé en 2015 un accord avec Moscou, pour faciliter l’entrée des navires de guerre russes dans les ports guinéens. Ce qui ne laisse pas totalement le contrôle de la zone aux mains des Occidentaux. Le golfe de Guinée est un énorme eldorado au pétrole très convoité. Mais il donne surtout accès à des endroits stratégiques sur le continent. En contrôlant entièrement la côte de l’Afrique de l’Ouest, l’Occident est prêt à rallier les forces maritimes, aériennes et terrestres dans toute l’Afrique de l’Ouest. Ce qui leur laisserait une grande marge de manœuvre pour les opérations militaires, notamment contre la résistance grandissante qui vient entraver les plans néocoloniaux du camp atlantiste. La reconquête de l’Afrique de l’administration Trump se fait d’une manière militaire, mais aussi économique. Les États-Unis utilisent l’Europe comme supplétif et reprennent une à une toutes les parcelles du pré carré français.

3.Côte d’Ivoire : l’offensive russe contre Ouattara

La Russie a dernièrement commencé une croisade directement à l’encontre du gouvernement ivoirien.

Moscou n’a en effet pas été tendre dans un rapport publié sur la Côte d’Ivoire. Pour la Russie, les droits de l’homme sont totalement méconnus sous le gouvernement Ouattara.

D’ailleurs, l’homme du FMI s’est aussi fait critiquer par la Banque mondiale (BM) qui a aussi publié le 11 juillet un rapport affirmant que la redistribution inéquitable des richesses par les autorités ivoiriennes fait augmenter la pauvreté dans le pays.

Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement Ouattara vient par ailleurs d’être épinglé dans un nouveau rapport. Cette fois-ci, c’est le ministère des Affaires étrangères de la Russie qui a enfoncé le clou. Suite aux propos du département de la diplomatie du pays de Vladimir Poutine, « les droits de l’homme sont bafoués. La corruption persiste. La réconciliation n’est pas réglée ».

À ce tableau s’ajoutent les tensions politiques liées à l’atmosphère précédant l’élection présidentielle de 2020. La question de la réforme de la CEI qui divise pouvoir et opposition achève de convaincre que la Côte d’Ivoire va droit dans le mur si les dispositions nécessaires ne sont pas prises pour trouver un consensus aux questions d’intérêt national.

Mais l’offensive russe ne s’arrête pas là. C’était lors de la présentation de la lettre de créances de l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République ivoirienne près de Poutine que ce dernier avait indiqué que son pays entendait collaborer étroitement avec la Côte d’Ivoire dans le cadre du Conseil de sécurité. Notons que la Côte d’Ivoire et la Russie entretiennent déjà des rapports de coopération, notamment dans les domaines commercial et économique. Mais la Russie veut faire évoluer cette coopération pour devenir surtout militaire. Dernièrement, il y a eu une visite de deux grandes personnalités ivoiriennes en Russie. Mamadou Koulibaly, président de la Liberté et Démocratie pour la République ou LIDER et Jean Louis Billon, Secrétaire exécutif du PDCI-RDA chargé de la Communication et de l’information, sont allés à Moscou sur invitation du Président de la Douma, Viatcheslav Volodine.

Après cette visite, lors de sa tribune, ce jeudi 11 juillet, Mamadou Koulibaly est d’ailleurs revenu sur la future monnaie de la CEDEAO tout en critiquant le président ivoirien. Il a affirmé que « Les autorités françaises ont toujours fait savoir aux Africains que ce n’était pas à elles de prendre la décision, mais plutôt aux Africains. Qu’à la limite un changement de nom, si c’est ce qu’on veut, pourquoi pas ? Et nous avions pensé qu’avec la CEDEAO, à travers l’intégration monétaire sous régional, on pourrait se débarrasser du CFA et instaurer une monnaie commune, facteur d’intégration monétaire, d’intégration politique et commerciale de ces 15 pays d’Afrique de l’Ouest. Et puis, il y a eu un sommet qui devait nous rassurer sur la question, mais le sommet s’est terminé sans qu’on ne nous dise clairement quelles étaient les dernières décisions. Il a été dit simplement que c’est en 2020 que le calendrier sera tenu. Le président Ouattara arrive à Paris, nous explique qu’aucune monnaie ne sera sacrifiée. Le CFA va s’appeler ECO et que les pays qui sont prêts, vont y entrer tout de suite. Et ceux qui ne sont pas prêts vont venir. D’ailleurs ceux qui sont prêts sont les pays de l’UEMOA, les pays du CFA eux sont déjà prêts ; donc ils vont commencer. On va juste changer l’appellation du CFA, on va l’appeler ECO et plus tard, les autres vont intégrer. Aucune monnaie ne sera sacrifiée, mais les autres vont intégrer ». Sans oublier aussi qu’une photo entre le président russe Vladimir Poutine et l’opposant du président ivoirien, Guillaume Soro, a créé de nombreuses polémiques. Cette offensive russe viendrait contrer les influences occidentales en Côte d’Ivoire. Ce qui permettra de rétablir un certain équilibre compte tenu de l’invasion massive des navires militaires occidentaux dans le golfe de Guinée.

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV