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Yémen : Riyad entend se retirer du bourbier

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une batterie de missiles sol-air Patriot sur la base aérienne de Siauliai, le 20 juillet 2017. ©AP

L’Arabie saoudite songe à se retirer du conflit au Yémen sans perdre la face.

« La guerre au Yémen touchera bientôt à sa fin ? », voici le titre d’un article publié le lundi 8 juillet par le quotidien Al-Quds Al-Arabi.

« Ce ne sera pas seulement le conflit au Yémen qui touchera à sa fin, mais en plus voleront en éclats les rêves de certains pays qui souhaitaient une victoire prompte de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite, les États-Unis et, en partie, les Émirats arabes unis. L’Arabie saoudite, les États-Unis et Israël ont décidé de déclencher une guerre contre le Yémen afin d’y restreindre l’influence iranienne. Mais il y avait aussi un autre objectif : le triangle américano-israélo-saoudien souhaitait qu’une guerre au Yémen pousse l’Iran à redéployer les miliciens chiites dans ce pays au lieu de les amasser près des frontières que partage la Syrie avec les territoires palestiniens, occupés par Israël », indique Al-Quds al-Arabi.

Le quotidien a ajouté que « quatre ans après le début de la guerre au Yémen, aucun des objectifs de leurs parrains n’a été réalisé et les agresseurs songent à s’en retirer sans perdre la face ».

« La guerre au Yémen s’est transformée en un conflit d’usure sur les plans politique, financier et militaire pour le régime saoudien », indique l’article.

L’auteur de l’article s’est ensuite attardé sur les leçons à tirer de la guerre au Yémen : « En novembre 2017, les Houthis ont tiré le premier missile balistique en direction de l’Arabie saoudite, et le système de défense antiaérien de fabrication américaine Patriot, déployé sur le sol saoudien, n’a pas réussi à l’intercepter. Le rapport, qui a été rendu public en décembre de la même année par le New York Times a tiré la sonnette d’alarme. Voici une partie du rapport du New York Times : la guerre du Yémen a des impacts négatifs sur la sécurité nationale des États-Unis, car le Patriot, une importante arme américaine, a échoué dans l’interception des missiles balistiques pourtant pas très sophistiqués des Yéménites. »

Selon Al-Quds Al-Arabi, « après cet événement, une équipe d’experts américains et saoudiens ont décidé que six missiles du système Patriot seraient chargés d’intercepter un missile balistique. Or, il arrivait parfois que certains missiles yéménites échappent au système Patriot et qu’ils atteignent leur cible ».

Et d’ajouter : « Il y a un mois, les Houthis ont attaqué l’aéroport d’Abha en Arabie saoudite, conduisant ainsi les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et Israël à tirer la sonnette d’alarme. Cette fois-ci, il s’agissait de missiles de haute précision et non pas de missiles balistiques ordinaires. Suite à cet événement, les membres de la coalition et leurs sponsors se sont demandé à quoi ressemblaient les vrais missiles iraniens si un missile yéménite, fabriqué partiellement avec la technologie iranienne, fonctionne si bien. Cette découverte est l’une des raisons pour laquelle les États-Unis et Israël refusent d’attaquer l’Iran, bien qu’ils ne cessent de parler d’une agression militaire. »

Al-Quds Al-Arabi évoque ensuite l’échec qu’ont subi les États-Unis sur le plan militaire suite à l’incapacité de leur Patriot à intercepter des missiles balistiques yéménites pourtant pas très sophistiqués.

« Que fera donc Patriot face aux missiles de pointe russes et chinois ? », a interrogé l’article avant de continuer : « C’est cela qui a encouragé la Turquie, un membre de l’OTAN, à signer un contrat avec la Russie pour acheter ses S-400, une décision qui a suscité une vraie crise au sein de l’OTAN. »

« L’Arabie saoudite compte parmi les cinq principaux clients d’armes de l’Occident. Cependant, cet arsenal militaire géant n’a enregistré aucun succès face à un mouvement armé tel que celui des Houthis. Cela pourrait constituer une leçon à tirer pour les parties qui croient que la signature de méga-contrats militaires pourrait leur assurer une puissance militaire infaillible et une victoire absolue. La guerre du Yémen a prouvé le contraire. Ces jours-ci, les Houthis envoient quasi quotidiennement un drone vers les aéroports d’Abha et de Jizan et ces attaques pourraient s’étendre même jusqu’à Riyad, à Abou Dhabi et à Dubaï. Les systèmes de défense aériens de l’Arabie saoudite sont incapables d’intercepter et de détruire les drones yéménites. La situation risque donc de se détériorer pour les Saoudiens, car ce sont les Yéménites qui tiennent actuellement le haut du pavé.

Mais l’histoire n’en reste pas là. Non seulement l’Arabie saoudite a subi un échec militaire, mais en plus cette guerre d’usure que lui imposent les Houthis, avec l’aide et l’assistance des Iraniens, affaiblira à long terme la famille des Saoud, dont et surtout Mohammed ben Salmane, auprès de l’opinion publique saoudienne, d’autant plus que les crimes commis par l’Arabie saoudite pendant le conflit au Yémen mettent ce pays au ban des nations.

Par ailleurs, les pays occidentaux ont commencé à reconsidérer leurs relations avec Riyad. L’Arabie saoudite n’a accepté aucune des médiations qu’on lui a proposées pendant les dernières années, car elle croyait pouvoir facilement vaincre les Houthis pour restreindre l’influence chiite sur les plans politique et militaire dans la péninsule arabe. Mais tous les plans du régime saoudien ont volé en éclats et tout ce que Mohammed ben Salmane veut à présent, notamment après avoir vu son pays être impliqué dans une guerre d’usure et constaté le laxisme des États-Unis envers l’Iran, c’est se retirer petit à petit du conflit au Yémen sans perdre la face, même s’il est obligé de payer des dédommagements de plusieurs milliards de dollars pour reconstruire le Yémen. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV