L'acte de piraterie commis par les commandos de la marine britannique et sur l'ordre de la CIA est un acte de guerre : le superpétrolier qui appareillait vers Baniyas sous pavillon panaméen avec à son bord 300 000 tonnes du pétrole iranien destiné aux millions de Syriens en manque d'essence a été attaqué dans les eaux internationales. Son membre d'équipage ont été soumis par ces mêmes commandos aux interrogatoires avant que le bâtiment ne soit conduit de force et par la garde côtière de Gibraltar dans ce bout du territoire disputé entre la Grande Bretagne et l'Espagne.
Si l'Espagne, premier pays à avoir lâché le groupe aéronaval US dans le golfe Persique et ce, au plus fort des tensions USA/Iran du mois de mai, s'est très vite désolidarisé de ce tournant dangereux, dénonçant un plan de la CIA exécuté par Londres, ceci n'a pas été le cas du reste de l'Europe, surtout de la France et de l'Allemagne, tous deux signataires de l'accord de Vienne. Quant à Londres, s'il est vrai qu'il a prétexté les sanctions européennes en vigueur contre la Syrie depuis 2011 pour justifier son acte de piraterie, il n'a pas osé pour l'heure de revendiquer son acte comme étant dirigé contre le transit libre du pétrole iranien. Or cet acte en a bien l'air.
A en croire les sources israélienne qui elles, refusent de reconnaître toute implication dans cette attaque anti-iranienne, depuis jeudi les forces navales américaines et britanniques sont en état d'alerte maximale par crainte d'une réponse "militaire" iranienne.
Mohsen Rezaï, l'ancien commandant en chef du Corps des gardiens de la Révolution islamique a averti, vendredi 5 juillet, sur son compte Twitter, que l’Iran pourrait saisir un pétrolier britannique dans des "conditions bien similaires" si le pétrolier Grace 1, battant pavillon panaméen et transportant du pétrole iranien, confisqué par les forces de la Royal Marines à Gibraltar, n'était pas immédiatement libéré.
« Si l'Angleterre ne libère pas le pétrolier iranien, le devoir (de l'Iran) est de réagir et de saisir un pétrolier anglais ».
انقلاب اسلامی در طول تاریخ چهل ساله خود، در هیچ معرکهای آغازگر تنش نبوده، اما در پاسخ به زورگویان و گردنکشان، تعلل نکرده و تردید به دل راه نداده است. انگلیس اگر #نفتکش_ایرانی را رفع توقیف نکند، وظیفه دستگاههای مسئول، اقدام متقابل و توقیف یک نفتکش انگلیسی است.
— محسن رضایی (@ir_rezaee) July 5, 2019
La réponse de Londres n'a pas tardé : un cours de Gibraltar a prorogé de 18 jours la "détention" du pétrolier et son équipage. Ce samedi 6 juin, une autre personnalité politique iranienne a lancé une sévère mise en garde. Il s'agit d'un membre de l'Assemblée des experts, (Assemblée chargée de désigner, selon la Constitution le Leadership iranien, NDLR), l'Ayatollah Jazaeri. Evoquant la saisie illégale du pétrolier Grace 1, il vient de dire : « Je le dit très clairement : le Royaume-Uni devra avoir peur de la riposte iranienne. L'Iran a prouvé qu'il ne resterait jamais les bars croisés face aux atteintes à ses droits légitimes. Tout comme notre fulgurante riposte à la violation de notre ciel par le drone MQ-4, le 20 juin. En ce qui concerne le pétrolier Grace 1, l'Iran ripostera de façon adéquate. »
Londres veut-il la guerre?
Au Royaume-uni, la presse commence à s'inquiéter de cette dérive dangereuse revient en effet au retrait dans la pire des formes de Londres de l'accord de Vienne. Le quotidien britannique The Independant dit que "Londres ne veut pas revenir à l’époque où les Iraniens appelaient l'Iran "Petit Satan" (en référence aux liens de vassalités entre Londres et Washington, NDLR) et qu’il veut calmer la situation au contraire des Américains, qui eux, veulent la rendre plus incendiaire". C'est Kim Sengupt, analyste de défense et de sécurité pour le journal The Independent, qui l'affirme en précisant que les Américains exercent de très fortes pressions sur Londres.
Londres s'est gardé soigneusement d'établir un lien entre la saisie illégale du pétrolier aux sanctions US contre Iran et souligné que la saisie du supertanker entre dans le cadre des sanctions de l’Union européenne contre la Syrie. Ce faisant, il s'est mis aussi sur le dos l'Espagne. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, chargée de l'Union européenne et de la Coopération, Joseph Borrell, a déclaré que les États-Unis avaient demandé au Royaume-Uni de saisir le pétrolier Grace 1. « Nous étudions les circonstances et examinons comment cela affecte notre souveraineté », a-t-il déclaré.
Jeudi 4 juillet, le ministère iranien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l’ambassadeur britannique à Téhéran suite à « l’arraisonnement illégal » du pétrolier dans le détroit de Gibraltar. Mais la réponse de l'Iran risque de dépasser le simple cadre de la diplomatie, si l'axe US/GB s'obstine dans ses actes de guerre.