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"Batterie de missile Khordad 3 a réalisé un exploit que ni les S-300 ni les Patriot n'ont pu réaliser"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les batteries de missiles Khordad 3. (Illustration)

Le dernier tweet du président US est sans doute le meilleur d'une série particulièrement prolifique publiée depuis la destruction du drone espion US au dessus de l'Iran le jeudi 19 juin. Il y est dit : " J'ai jamais annulé l'option militaire contre l'Iran! Je n'ai fait que la suspendre pour le moment".

Mais les États-Unis sont-ils réellement capables de mener, comme l'y poussent Tel-Aviv et Riyad, des frappes chirurgicales contre les sites balistiques iraniens? Une pléthore de commentaires a suivi la destruction du drone Global Hawk US jeudi le 20 juin au-dessus du Hormozgan . Peu d'analystes en revanche ont évoqué le choc que fut pour l'état-major américain le dévoilement des batteries de missiles iraniens Khordad 3, un armement bien plus performant que ses paires américains et russes dont l'usage tend désormais à changer la donne au Moyen-Orient. Car ce drone de reconnaissance furtif US Northrop Grumann RQ-4A Global Hawk qui a été abattu au-dessus du sud iranien, comportait des options de furtivité supplémentaires et totalement inédites.

 Le Northrop Grumann RQ-4A  est l’un des drones les plus chers dans l’arsenal US dont le coût unitaire dépasse les 230 millions de dollars US. Celui qui a été perdu dans le golfe Persique était en mode furtif complet lorsqu’il a été détecté, verrouillé, et abattu par le missile sol-air iranien. Le tir a, donc, précédé un important assaut cybernétique propre à rendre complètement aveugle l'appareil. Et pourtant, et à en croire les experts de la défense US qui en vantent sans cesse ses vertus auprès de leur client, la "pérennité" du RQ-4A est presque légendaire. Des RQ-4A ont déjà survolé des pays dotés de très puissants systèmes de défense aérienne et d’un réseau ultra-dense de radars sans qu’ils soient repérés.

Face aux dénis des premières heures des Américains, l'Iran a fini par exposer sous les yeux ahuris du monde entier les débris de ce joyau de la technologie aérospatiale US. Preuve à l'appui, l'Iran a aussi démontré que les Américains avaient effectivement  violé son espace. Le commandement militaire iranien pouvait abattre le P-8 Poséidon US qui accompagnait le drone RQ-4A et il l'aurait fait, si ce n'était pas en jeu d'abord et avant tout ses convictions humanitaires. Après tout le P-8 est un avion de lutte antisubmersible et antinavire basé sur une version militarisée du Boeing 737 et le choc aurait été bien plus percutant pour le camp d'en face de montrer sur le dos d'un P-8, de quoi sont capables les batteries de défense antimissile Khordad 3. 

Donc, s'agissant de l'intention humanitaire, Trump n'a rien à apprendre aux Iraniens. Au Pentagone, tout comme au QG de l'armée israélienne, on convient néanmoins depuis jeudi d'une chose : "On ne connaît pas les capacités réelles de la défense iranienne". Le système iranien Khordad 3 est l’un des rares systèmes à avoir été effectivement activé sur le champ de bataille peu de temps après sa présentation au public. Ce qui prouve que l'industrie militaire iranienne ne fonctionne pas uniquement pour fournir de belles photos de parade militaire.  Au bout d’une courte salve de deux missiles tirés le jeudi 19 juin, le deuxième abat le RQ-4A en mode invisible complet. C’est plus qu'un exploit que ni le système russe S-300 et encore moins le Patriot US n’ont réussi à réaliser dans des conditions de combat réel.

Le Khordad 3 est une version issue du système de défense Sol-Air de moyenne portée RAAD, opérationnel depuis  2006-2007. La batterie pourrait engager six à huit cibles en simultané à plus de 200 kilomètres. Et il peut engager des cibles furtives à une distance de 85 kilomètres. Les généraux américains et israéliens se demandent aussi d’où viennent les radars en réseaux à commande de phase équipant le système iranien? Il faudrait des mois voire des années d'analyses pour en trouver la réponse. Une chose est sûre : l’efficacité des batteries de missiles iraniennes est propre à changer la donne.

L'Iran ne plaisantait pas en présentant ses armements lors de ses exercices militaires. Un de ces mêmes armements a réussi l’exploit d’abattre un drone furtif sophistiqué du premier coup, quitte à influer lourdement sur l’équilibre stratégique du Moyen-Orient. Il va falloir donc revoir bien des copies, refaire bien des calcules : l’absence d’information sur les capacités défensives réelles d'un pays qu'ils ont naïvement sanctionné pendant 40 ans paralyse toute prise de décision en faveur d’une option militaire. Une option fort risquée et quasiment impossible à mettre en œuvre dans les circonstances actuelles. Du coup, Trump parait moins animé d'intentions humanitaires qu'il tente de le faire croire :  Il a retiré certes provisoirement le choix de guerre contre l'Iran, mais ce retrait risque de s'inscrire dans la durée à moins qu'il aime réellement des surprises.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV